Criminels ordinaires, de Larry Fondation

 Une chronique de Christine.

Vingt-cinq textes. Parfois six lignes, ou quelques pages.

Vingt-cinq fragments de vie. Comme une image saisie dans un miroir, ou une anecdote. Comme un polaroïd ou un fait divers laconique.

Ciselés, concis, lapidaires, presque des haïkus. Mais sans les rêves qu’ils peuvent faire naître.

Presque tous écrits à la première personne, et le lecteur est d’emblée au cœur de situations que seule la misère tant intellectuelle que matérielle, ou la marginalisation, peuvent faire naître.

Bienvenue à Los Angeles ! La cité des anges !

Mais ici les anges sont en carton-pâte, et l’enfer n’est jamais loin.

Récits de la délinquance ordinaire, qui apparaît au détour d’une rue et vous braque pour quelques dollars, qui se nourrit de bière et de films pornographiques, ou d’un instant d’inattention. Qui vous prend par le bras lorsque vous croisez une pseudo femme fatale aux ongles démesurément longs et rouges, ou un simple chien.

Et selon la loi qui veut qu’entre deux possibilités c’est toujours le pire qui se produit, cela tourne quasiment toujours mal, que vous soyez témoin ou acteur.

Rarement, très rarement, cela peut tourner à votre avantage. N’y voyez là que l’exception qui confirme la règle.

Ou l’ironie du sort.

 Larry Fondation nous raconte le quotidien de personnages qui subissent, qui observent ce qui leur arrive, qui se résignent aux aléas de leur destin. Chaque jour suffit à sa peine, et il fera jour demain. Mais sans aucune certitude.

On peut être amené à sourire, parfois, mais c’est alors un sourire en biais, en demi-teinte, face à l’absurdité d’une situation.

 Bienvenue dans l’envers du décor de carton-pâte, bienvenue dans la réalité !

 Un petit livre qui a tout d’un grand, et un exercice de style percutant.

 Christine

 

Criminels ordinaires
Larry FONDATION
Fayard ; (6 février 2013)
156 pages ; 15 euros

  Présentation de l’éditeur.

Après Sur les nerfs (Fayard, 2012), Larry Fondation ouvre un nouveau chapitre d’une vaste biographie de Los Angeles, qui se veut aussi l’histoire de la pauvreté au cœur de la plus grande démocratie du monde.
Ses criminels sont les citoyens ordinaires de la jungle urbaine. Par un passage à l’acte, ils libèrent le mal tapi en eux. Délit de fuite, racket, mensonge, cavale éternelle… En quelques mots, simples et flagrants comme un délit, Larry Fondation fait surgir un concentré de réalité. Et nous embarque avec lui.