21/02/2016
Je sais où tu es, de Claire Kendal
Une chronique de Cassiopée.
Pas de temps mort et l'angoisse qui monte...
Il est là, attentionné, attentif, à l’écoute…. trop…. Avec le prétexte de l’aimer, il la colle….Il envahit l’espace personnel de Clarissa mais, habilement, il justifie toutes ses interventions face à un œil extérieur. Tout est bon pour maintenir le lien. Les lectures de contes qu’ils affectionnent tous les deux, les spectacles qu’elle rêve de voir, les amies qu’elle a perdues de vue et qu’il lui offre sur « un plateau »…. Comment agir ? Que dire ? Que faire pour se protéger ? La jeune femme est démunie, elle a honte de la situation et se sent bien mal à l’aise, traumatisée face à tout cela.
Si elle était restée linéaire et centrée sur Clarissa, l’intrigue aurait pus sombrer dans la facilité. Des livres sur des femmes harcelées, il en existe et le propos n’est pas nouveau.
C’est donc par sa construction, assez riche et originale, que va se démarquer cette lecture.
Les différentes parties ont des titres en lien avec des contes qui seront évoqués dans les pages qui suivront. D’autre part, on pourra lire un « journal intime » où Clarissa retranscrit ce qui se passe avec Rafe ; pour garder une trace, des preuves, nécessaires au cas où….. Comme de plus, elle a été convoquée pour être juré, on la verra dans le cadre de cette mission. Elle la pense salutaire, dans un premier temps, se disant que c’est un échappatoire. Ce ne sera pas si simple car le procès est douloureux pour elle, remuant encore plus ce qu’elle vit. Elle relie sans cesse sa situation quotidienne avec les « trop plein » de Rafe aux événements qu’elle doit écouter, analyser au tribunal ….. Et enfin, on lira les autres faits, avec un regard externe. Donc trois entrées, trois styles d’écriture, trois approches d’une même « horreur », le harcèlement maladif.
Les hommes comme Rafe sont-ils conscients qu’ils en font trop, qu’ils vont trop loin ? Je pense que la plupart du temps, oui, ils agissent ainsi car ils veulent que l’être aimé (enfin, ce qu’ils confondent avec de l’amour) soit « leur chose », leur appartiennent corps et âme. C’est une main mise sur tout, jusqu’à l’intimité de l’autre, rien ne les arrête. Dans cet opus, on découvre l’énergie que met Rafe à obtenir ce qu’il veut, même lorsque Clarissa le lui cache. Rien ne lui échappe, pas plus le numéro de téléphone qu’elle essaie de cacher que les lieux où elle se rend et les personnes qu’elle rencontre…..
L’angoisse monte au fil des pages. Malgré sa détermination, on sent que parfois, elle perd pied, qu’elle n’en peut plus, qu’elle est à bout. On découvre combien ce qu’elle vit est pesant, dérangeant, dangereux car cela lui envahit le cerveau et elle n’est plus elle-même. A qui faire confiance, à qui demander une protection ?
Avec une écriture précise, quasiment chirurgicale lorsqu’elle parle des abus de Rafe, Claire Kendal maîtrise parfaitement son sujet et c’est tout à son honneur car il s’agit d’un premier roman. Le rythme ne faiblit pas et les différentes façons d’aborder le sujet apportent un aspect diversifié qui évite toute lassitude. Un thriller qui tient le lecteur en haleine, tant le suspense et l’anxiété augmentent au fil des pages….
Je sais où tu es
Auteur : Claire Kendal
Traduit de l’anglais par Nathalie Cunnington
Éditions : Albin Michel (Février 2016)
Collection : Spécial Suspense
Nombre de pages : 384
ISBN : 978-2226322838
Quatrième de couverture
Où que Clarissa aille, Rafe est là. Ses messages saturent son répondeur ; ses cadeaux qu'elle refuse s'entassent devant sa porte. Rafe a été clair : rien ne peut le faire renoncer. Pour échapper à son emprise, Clarissa décide de le piéger.
10:42 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : je sais où tu es, claire kendal, thriller | Facebook | |
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