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17/01/2016

Sans pitié ni remords, de Nicolas Lebel

sans_pitie.jpegUne chronique de Cassiopée.

 Sous les mots, la vie ou la mort ?

Si vous lisez bien la quatrième de couverture, vous verrez que Jacques, c’est le mort. Celui qui s’est battu contre la maladie et qui l’a finalement laissé gagner. Mais pas sans une dernière pirouette : une chasse au trésor, un jeu de piste pour son meilleur ami.

 Jacques, c’est celui qui n’est plus là et pourtant c’est le personnage le plus présent dans le livre. Déjà cette idée m’a bien plu. Un mort qui est le héros ! Et qui tire les ficelles, ni vu, ni connu, dans l’ombre, de loin… peut-être n’avait-il pas mesuré le risque de dommages collatéraux… On ne maîtrise jamais totalement les événements même si on prépare bien mais quoi qu’il en soit, il a dû bien s’amuser à organiser tout cela.

 Le capitaine Mehrlicht et quelques autres compagnons sont au cimetière et assistent aux obsèques de Jacques Morel. Ils vont mettre un peu de temps à réaliser que leur ami « a mis en scène » ses funérailles, choisissant le curé etc… pour un dernier fou-rire avec ses potes. Ce passage est teinté d’humour et c’est un régal ! On imagine alors un polar où l’auteur maniera le verbe avec dérision. Que nenni, il n’y aura pas que ça ! Nicolas Lebel est un linguiste, de ce fait un amoureux des mots. Il glissera donc en exergue de chaque chapitre des citations ciblées, choisies, puis dans le texte, des références diverses tant dans les noms de ceux qui interviennent dans l’intrigue que dans les lieux ; ou plus subtils par l’intermédiaire d’anagrammes de ci de là,  l’air de rien (et je ne les ai sans doute pas tous découverts). Il y aura ainsi pour le lecteur comblé, plusieurs niveaux d’approche des recherches du capitaine Mehrlicht.

 D’ailleurs, parlons un peu de lui, il est laid, il boit trop ….alors pourquoi lorsqu’on lit, on s’attache à des gens pareils ? Est-ce que dans la « vraie vie » on les regarderait ces « cabossés de la vie et du cœur » ? Et pourtant, c’est bien lui qui nous donne l’envie de tourner les pages, de savoir comment il va s’y prendre pour comprendre tous ces secrets, pour avancer et se débarrasser de tous ceux qui lui posent des questions,  qui ne le lâchent pas, « ternissant » en quelque sorte la mémoire de Jacques, lui faisant porter « le chapeau ».  Sans doute que l’amitié indéfectible qu’il portait à son acolyte est pour beaucoup dans sa détermination.

 Nous allons suivre ceux qui mènent l’enquête mais également ceux qui sont recherchés. Les tourments des uns et des autres sont évoqués avec finesse, les personnalités sont fouillées (j’ai particulièrement apprécié celles de Vlad et de Dossantos)  , les situations sont décrites comme si l’œil de l’auteur était une caméra, cela donne du rythme et ne laisse place à aucun temps mort.

 L’écriture est accrocheuse, pointue, l’atmosphère parfois tendue maintenant le lecteur en alerte maximale, le suspense très présent. Si besoin est, Nicolas Lebel nous rappelle que l’on ne vit pas dans un monde de bisounours et ses « méchants »  à « l’âme noire » sont sans pitié ni remords….

 J’ai beaucoup apprécié cette histoire, sa construction, le rapport avec les Arts Premiers. L’enchaînement des actions et les rapports entre les individus sont bien amenés et je pense que cet opus ferait un bon film.

 C’est le premier roman que je lis de cet auteur et une chose est certaine : je vais suivre ses écrits et même s’il n’est vraiment pas beau, c’est avec grand plaisir que je retrouverai le capitaine Mehrlicht !!!!

 

Sans pitié ni remords
Auteur : Nicolas Lebel
Éditions : Marabout (26 août 2015)
Collection : Marabooks
384 pages
ISBN : 978-2501103794

 

Quatrième de couverture

 9 novembre, cimetière du Montparnasse. Le capitaine Mehrlicht assiste, en compagnie de son équipe, aux obsèques de son meilleur ami, Jacques Morel. Quelques heures plus tard, il se retrouve dans le bureau d'un notaire qui lui remet, comme « héritage », une enveloppe contenant un diamant brut. Il s'agit de l'un des yeux d'une statue africaine, le Gardien des Esprits, dérobée dix ans auparavant lors du déménagement du Musée des arts africains et océaniens, que Jacques avait supervisé, et recherchée depuis par la « Police de l'Art ». C’est  le début de 48 heures de folie qui vont entraîner Mehrlicht et son équipe dans une course contre la montre, sur la piste de meurtriers dont la cruauté et la détermination trouvent leur origine dans leur passé de légionnaires. Une enquête sous haute tension, dans laquelle débordent la fureur et les échos des conflits qui bouleversent le monde en ce début de XXIe siècle.