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L’heure des fous, de Nicolas Lebel (chronique 3)

heure_des_fous.jpgUne chronique de Bruno (BMR).

New polar in France

Excellente découverte que ce premier polar (2013) d'un auteur français : Nicolas Lebel, qui semble avoir une belle plume.
À L'heure des fous, on plonge très vite dans une ambiance à la Fred Vargas (il y a des références moins flatteuses).
Tout d'abord avec une équipe de flics haute en couleurs : une rousse qui héberge un clandestin tchétchène dont elle est tombé amoureuse quand elle l'a interpelé lors d'une manif, un bodybuildé(1) qui récite le code pénal par cœur et qui imagine que son travail de flic l’autorise à rendre justice lui-même, un jeune stagiaire (lyonnais !) blanc-bec qui n'a jamais vu les films d'Audiard et bien sûr le commissaire Mehrlicht qui est l'âme de toute l'équipe et du bouquin.
Un vieux flic bougon, ronchon qui jure comme une troupe de charretiers et fume comme une brigade de pompiers.

« [...] — Machiste ? Mais je suis pas machiste pour un rond, vous rigolez ? Vous avez voulu conduire, il y a pas de problème. Elle le regarda.
— Vous transpirez, là, non ?
— Regardez la route, putain ! On va mourir ! »

Ah oui ! et le portable du commissaire sonne avec des répliques des films d'Audiard déclamées par les voix de B. Blier ou F. Blanche !

« [...] C’est une application qui te passe des répliques de films d’Audiard à la place de la sonnerie. Ça change à chaque fois, putain ! Je me marre comme une baleine ! »

Voilà pour l'ambiance. Autant dire qu'on aura hâte de retrouver cette belle équipe dans un autre épisode !
Pour l'heure (des fous), tout commence avec la découverte du cadavre d'un SDF sur les voies de la Gare de Lyon.

« [...] Mehrlicht se prit à penser qu’il n’aimait pas les cadavres de septembre. Ils annonçaient un hiver rigoureux. »

Côté intrigue, là encore la comparaison avec Vargas (et notamment les tout récents Temps glaciaires) s'impose puisqu'il est question d'un personnage historique (Napoléon III) et d'une étrange secte de SDF qui ont entrepris de reformer dans le Bois de Vincennes(2) , la Cour des Miracles chère à Victor Hugo.
Pour la petite et la grande histoire, ces ‘fous’ ont découvert une cargaison de fusils Chassepot, sacré clin d'œil d'autodérision de la part Mr. Lebel à son propre patronyme !
Autant dire que Nicolas Lebel/Chassepot ne manque pas d'humour et c'est bien sa plume vive et acérée qui nous accroche à son bouquin (plus que son intrigue, intéressante, mais quand même un peu tarabiscotée).
Les dialogues font mouche à chaque coup ... de fusil.

« [...] Dossantos enfila des gants de latex et se pencha à son tour sur le corps.
— Qu’est-ce que tu fous avec des gants en latex, toi ? lui demanda Mehrlicht, éberlué.
— Je regarde Les Experts sur la Une. Tu devrais.
— Il a raison, reprit Carrel. C’est là que j’ai tout appris. Mehrlicht grogna et aspira une bouffée de sa gitane.
— Je regarde pas la télé. Ça rend con. Et puis, si c’est pour finir habillé en latex…
[...] — Cinq coups de couteau, deux au thorax, trois à l’abdomen. À mon avis, mais je peux me tromper…
Mehrlicht, Dossantos et Ménard se tournèrent vers lui.
— Quoi ? demanda Mehrlicht.
— C’est criminel !
— T’es con ! J’ai cru que t’avais le nom du coupable, moi, rétorqua Mehrlicht, feignant la déception. »

Et puis cette histoire très ancrée dans la réalité sociale de notre pays en général et de Paris en particulier(3) nousl'heure des fous,nicolas lebel force, nous qui enjambons pratiquement les SDF sur les trottoirs de la capitale, à ouvrir les yeux sur le sous-monde en train de se créer comme l'imaginaient les romans de SF de notre jeunesse (de SF à SDF ?).
Le deuxième épisode est déjà sorti : Le jour des morts. Il y est question de morts bleutées en série (décidément, les références à Dame Vargas sont bien là). On en reparle évidemment bientôt, on espère pour un coup de cœur.
Une fois n'est pas coutume : saluons les éditions Marabout qui ont actualisé le prix du eBook en-dessous de celui de la sortie en poche de ce bouquin. Il y a au moins un éditeur intelligent en France.

(1) - Nicolas Lebel est amateur de sports de combat
(2) - et oui, nos bois sont désormais très habités, véridique
(3) - Nicolas Lebel est parisien

Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR

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01/06/2015 | Lien permanent

Sur la mauvaise pente, de Graham Hurley

sur_la_mauvaise pente.jpgUne chronique de Bruno

 Pour celles et ceux qui aiment les banlieues anglaises.

[...] On aurait pu se croire chez le boucher.


Le britannique Graham Hurley nous entraîne Sur la mauvaise pente en compagnie de son flic récurrent, l'inspecteur Faraday.
Pour une fois on a décidé de prendre la série en route : cet épisode qui date de 2009 n'est que le septième de la série et il y en a déjà presque autant à venir.
D'entrée de jeu, Graham Hurley nous accroche avec une scène de crime qui aura sa place dans les annales : au petit matin le conducteur d'un train de la grande banlieue londonienne écrabouille un type attaché sur les rails dans un tunnel.
Haché menu chair à pâtée ...

« [...] Un type enchaîné à une voie ferrée ? Pour que ce soit le train qui ne le rate pas ? Était-ce prometteur ?
[...] Pour l’heure, le sergent était heureux que presque toute la victime ait été ensachée et étiquetée.
[...] On aurait pu se croire chez le boucher. »

Mais le côté gore s'arrêtera là (et c'est déjà pas mal !) car Graham Hurley préfère nous détailler par le menu non pas d'autres victimes, mais plutôt l'enquête policière qui suivra.
Nous voici donc au cœur de l'équipe rassemblée pour mener les investigations.
Les procédures, les scènes de crime, les pièces à conviction, les enquêtes de voisinage, c'est tout ce travail rigoureux, minutieux, fastidieux que l'on va partager avec Faraday, son acolyte Winter et tous leurs collègues.
On apprendra beaucoup de choses sur l'Angleterre, la ville de Portsmouth (surnommée Pompey), la Special Branch (l'équivalent de nos anciens RG).

« [...] Les dernières gouttes de pluie s’étaient dissipées, et la promesse d’un somptueux coucher de soleil pointait par-delà l’ombre des tours qui dominaient le bord de mer. Savourant la fraîcheur de l’air, Faraday s’engagea dans Millenium Walk, la promenade qui contournait le port. En ce début de soirée, sur l’autre rive, Pompey se montrait sous son meilleur jour, les douces circonvolutions blanches comme de l’os de la récente tour Spinnaker tranchant sur la grisaille du chantier naval en contrebas, l’amas de pubs et de maisons dans le vieux Portsmouth, à deux pas, luisant sous les dorures de la fin du jour. »

Beaucoup de choses aussi sur les agissements mafieux de certains parvenus de Pompey, qui nous rappellent le film-reportage de Donal McIntyre : A very british gangster. Un portrait décalé de cette Angleterre quehurley.jpg certains idéalisent.
Mais on apprendra cependant peu de choses sur l'inspecteur Faraday : visiblement cet épisode laisse beaucoup de places aux 'seconds rôles' dont celui de l'acolyte Winter. Il faudra donc revenir visiter Portsmouth pour mieux lier connaissance avec l'inspecteur Faraday.

« [...] Faraday, entre sa barbe et ses bouquins d’ornithologie, était un peu décalé. On voyait l’étiquette, on ouvrait la boîte, mais ce qu’elle contenait n’était pas un enquêteur, pas stricto sensu. Non, c’était plutôt un vrai solitaire. »

Bientôt une autre disparition viendra corser le tableau. Et on aura droit à deux enquêtes pour le prix d'une.

« [...] – Et où est le corps ?
– Bonne question. On n’en a pas la moindre idée.
– Donc, on laisse tomber ?
– Oh, que non ! Bien sûr que non. On continue de chercher. On finira bien par y arriver, je le sais. Il y a plus intelligent que l’ADN en ce monde.
[...] Pas d’ADN. Pas de témoin. Ni vu ni connu. Tu sais comment ça s’appelle, ça ? Le crime parfait.
– Mais on ne sait même pas si ce type est mort, Paul.
– Exactement, répondit Winter, hilare. C’est ce que je viens de dire.
[...] Winter n’avait jamais perdu de temps à élaborer des théories sur le crime parfait, mais, pour une fois, il était prêt à faire une exception. »

Finalement les intrigues policières resteront en arrière-plan : ce qui intéresse Hurley et ses lecteurs c'est bien le minutieux travail d'enquête et la peinture décalée d'une Angleterre que l'on croyait connaître mieux que cela mais que l'on découvre sous un jour inhabituel.
Une série qui s'annonce instructive.

Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR

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05/02/2016 | Lien permanent

Les oubliés de Londres, de Eva Dolan (This Is How It Ends)

41JRx4X4WlL._SX195_.jpgUne chronique de Cassiopée

Dans son dernier roman, Eva Dolan nous offre un excellent portrait de femmes dans un contexte londonien difficile. Elles sont deux. La première, Molly, la soixantaine, pourrait être la mère de la deuxième, Hella, jeune militante qui se bat pour « les oubliés de Londres ». Un livre est sorti d’ailleurs de la conjugaison de leurs deux talents, photographies pour Molly, textes pour Hella. Ce recueil est là pour marquer d’une pierre blanche leur combat pour ceux qui ne comptent plus, les oubliés. Qui sont-ils ? Ce sont, entre autres, les derniers habitants de l’immeuble où Molly réside, dans un quartier qui vit une transition. Certains sont déjà partis en échange d’un peu d’argent, d’autres résistent. Ils ne veulent pas que le bâtiment disparaisse pour être remplacé par une construction neuve grand luxe. Comment tenir face à des bulldozers ? Combien de temps encore avant de céder et de craquer ?

Ce soir-là, c’est la fête au dernier étage. L’alcool coule à flots, l’ambiance est bonne. Hella reçoit des journalistes, des amis, pour célébrer la parution de son bouquin grâce à un financement participatif. Soudain, elle appelle Molly au secours car elle se retrouve avec le cadavre d’un homme à ses pieds. Que faire ? Ne pas ameuter ceux qui sont en haut et agir. Téléphoner à la police ? Se taire ? Cacher le corps ? En tant qu’activiste, Hella est déjà connue des services de police et ne peut pas se laisser accuser …. Elle dit ne pas connaître le mort. Alors, elles vont cacher le corps malgré les risques qu’entraînent une telle décision. Même dans une maison en partie désaffectée, tout finit par se savoir et à ce moment-là, que dire ?

Hella est une femme atypique. Son père était policier. Elle a commencé des études pour suivre la voie familiale avant de tout laisser tomber au bout de six mois et de se lancer dans diverses batailles menant de front sa thèse et des actions de révolte. Défense des sans-abris, protection de l’environnement, rien n’échappe à sa fougue mais c’est surtout dans toutes les manifestations contre la gentrification qu’elle apparaît le plus souvent, quitte à payer de sa personne.
Molly, quant à elle, a toujours agi, depuis longtemps. Elle vit seule et n’a pas tissé beaucoup de liens. L’amitié presque maternelle qu’elle éprouve pour Hella fait que cette dernière devient son combat personnel. Elle veut la protéger à tout prix.

Ce roman alterne les chapitres présentant Molly ou Hella « avant » et « maintenant ». Ce va et vient passé / présent va petit à petit éclairer le lecteur sur la personnalité des protagonistes. On va apprendre à les connaître, découvrir leur part d’ombre, leurs travers. Le suspense monte car plus on avance, plus on se rend compte qu’on ne sait pas tout, que certains évènements sont troubles et que des personnes mentent. Qui était l’homme décédé ? Connaissait-il Hella ?

Au-delà des rapports humains parfaitement retranscrits par Eva Dolan, le contexte évoqué avec un climat tendu entre les londoniens, est très intéressant. L’auteur a su montrer les différentes émotions ressenties face à la politique menée par la capitale pour ce qui est de l’habitat. Détresse, colère, indifférence, peur, les citadins existent, s’expriment et cela n’est pas sans rappeler des situations connues.

J’ai trouvé cette lecture très proche de la réalité. C’est sombre et très bien écrit (merci à la traductrice). La fin est emplie de désespérance et laisse le lecteur pantois. Eva Dolan nous montre l’envers du décor de cette métropole et cela ne laisse pas indifférent.

 

Traduit de l’anglais par Lise Garond
Éditions : Liana Levi (6 Février 2020)
400 pages

Quatrième de couverture

Un immeuble à moitié vide au milieu d’un vaste chantier de construction. Quelques occupants, oubliés de tous, qui résistent à l’expropriation. Un soir, ils célèbrent la sortie d’un livre consacré à leur combat. Mais tandis que la fête bat son plein, Hella, auteure du texte, et Molly, auteure des photos, se retrouvent face à l’encombrant cadavre d’un homme. La décision qu’elles prennent alors va lier leurs destins, inextricablement.

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05/02/2020 | Lien permanent

Temps noirs, de Thomas Mullen (Ligthning Men)

Temps noirs.jpgUne chronique de Cassiopée

« Si on ne peut pas débarrasser le monde des serpents venimeux, on peut faire en sorte de rendre leur milieu naturel inhospitalier. » *

Ce roman, qui vient de sortir en France, est le deuxième d’une série de cinq mettant en scène une saga policière dans les années 1950, aux Etats-Unis, pendant la Ségrégation. Il peut être lu indépendamment du premier, même si on retrouve la plupart des personnages.

Il faut savoir qu’à l’époque, une loi avait imposé un certain ratio de policiers noirs dans les brigades. Sauf qu’ils étaient très mal accueillis par leurs « collègues » blancs, traités comme des moins que rien (locaux, horaires, conditions de travail, relations etc) et que beaucoup s’ingéniaient à les dégoûter du métier, voire à les accuser d’erreurs fictives (ou créées de toute pièce) afin qu’ils démissionnent…. Il était plus que nécessaire d’avoir de la force de caractère, de la volonté, de l’abnégation, et sans doute une certaine forme de fougue furieuse pour tenir le coup malgré tout sans se laisser décourager.

Dans ce livre, Lucius Boggs et Tommy Smith travaillent toujours à Atlanta, on est maintenant en 1950. Leur chef est McInnis, un blanc moins corrompu que les autres, qui croit en ce qu’il fait. Il sait que ses hommes sont mal considérés et sous des dehors bourrus, il fait tout pour les protéger. Il connaît leurs capacités, leurs valeurs et les freine si besoin afin qu’ils ne se mettent pas en danger. Chez les blancs, il y a Denny Rakestraw, un des rares à ne pas appartenir au Ku Klux Klan et à collaborer (discrètement et en dehors des horaires officiels) avec les officiers de couleur. Il habite dans un quartier à dominance blanche mais où quelques familles noires commencent à s’installer. Cela ne plaît pas du tout à sa femme, ses voisins, son beau-frère…. En tant que policier, tous ces gens attendent beaucoup de lui pour faire fuir ou renvoyer ceux qui dérangent. Parallèlement Boggs et Smith essaient d’éradiquer un trafic de drogue. Ce n’est pas simple car les trafiquants sont protégés (je vous laisse deviner par qui…)  En outre, la vie privée de Lucius, notamment par le biais de son amoureuse, le rattrape et le met en galère. Il est perdu, s’interroge, et partagé entre sa raison, ses sentiments et le poids de sa famille (son père est pasteur). Cet aspect du récit est très intéressant et complète bien la réflexion instaurée sur la puissance du Klan, le racisme, la corruption des uns et le désir des autres d’aller vers plus de tolérance, de respect. Mais que c’est difficile ! Lorsqu’on lit ce texte, on se dit que, de nos jours, certaines situations sont semblables … le monde aurait-il oublié d’évoluer ?

C’est avec un plaisir intact que j’ai retrouvé le style vif et l’écriture fluide (merci pour l’excellente traduction à Anne-Marie Carrière) de Thomas Mullen. Je vais devenir une inconditionnelle de cet auteur. Il allie parfaitement le fond et la forme. Son histoire est riche, totalement crédible, elle apporte une étude de qualité sur les événements de l’époque et sur toutes les difficultés dues à la ségrégation. Comment peut-on être humain et considérer l’autre comme une quantité négligeable, inférieure ? L’auteur a l’intelligence, par ses intrigues, de dénoncer des faits, mais jamais il ne se pose en censeur, en juge. Il démontre la bêtise humaine qui parfois peut presque s’expliquer. Je pense notamment à une forme de « formatage familial » où les parents conditionnent leurs enfants en leur expliquant que les noirs sont sales, dangereux, méchants etc…

Cette lecture m’a apporté un éclairage supplémentaire sur une période que je connaissais mal en Amérique. Je me dis que parfois, il suffit d’un homme sage pour que tout change, alors je garde espoir que pour les prochains livres, les choses avancent dans le bon sens pour ces policiers noirs qui ne demandent qu’à faire leur métier dans des conditions correctes.

*page 456

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne-Marie Carrière
Éditions : Payot & Rivages (4 Mars 2020) 

456 pages

Quatrième de couverture

L'officier Denny Rakestraw et les « officiers nègres » Lucius Boggs et Tommy Smith ont du pain sur la planche dans un Atlanta surpeuplé et en pleine mutation. Nous sommes en 1950 et les tensions raciales sont légion alors que des familles noires, y compris la sœur de Smith, commencent à s’installer dans des quartiers autrefois entièrement blancs. Lorsque le beau-frère de Rake lance un projet visant à rallier le Ku Klux Klan à la « sauvegarde » de son quartier, les conséquences deviennent incontrôlables, forçant Rake à choisir entre la loyauté envers sa famille et la loi.

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03/04/2020 | Lien permanent

Crucifixion Road, de Nicolas Gorodetzky

téléchargement.jpgUne chronique de Cassiopée

C’est dans les bayous de Louisiane, aux alentours des années vingt que se situe ce roman. Leroy est un jeune noir qui joue et chante le blues le soir dans un bar. Il vit pour sa musique et elle fait partie de lui, il a même du talent. Mais lorsqu’on est de couleur au pays du Ku Klux Klan, il vaut mieux se faire oublier…. Surtout que des jeunes filles blanches, qui plus est de bonne famille, se rapprochent dangereusement du musicien, espérant « s’amuser » avec lui, voire plus si affinités … Il le sait bien, Leroy qu’il ne doit pas frayer avec les adolescentes, sinon il va se mettre en danger …. Pourtant son cœur bat, la tentation est forte….Et elles peuvent être très manipulatrices….

Dans cette petite ville, le Shérif Maximums Browne fait de son mieux pour que règne le calme. Malgré ses efforts, le climat est tendu car des personnes sont retrouvées assassinées avec un même mode opératoire plutôt surprenant. Les victimes ont-elles un lien ? Si oui, lequel ? Comment sont-elles choisies ? Sachant que certains morts sont issus de milieu plutôt riche, il va sans dire que tout cela ne sent pas bon et qu’il vaut mieux résoudre l’affaire au plus vite. Mais rien n’est aisé. L’ouragan menace, les hommes cagoulés du Klan aussi, autant dire que l’ambiance est plus qu’électrique et que la musique ne suffit pas à adoucir les mœurs…. L’heure est grave et il faut agir. Browne est un homme dont le fond est bon, parfois il dérange parce qu’il veut d’une « vraie » justice. Comment peut-il mener l’enquête au milieu de tout ça ? De bons adjoints, de la pugnacité, des soutiens, de l’observation, et du courage…. Heureusement aucun de ces atouts ne lui fait défaut.

Ce roman est superbe ! L’atmosphère est palpable, concrète et on s’y croirait. L’auteur a dû se documenter et peut-être même aller sur les lieux tant c’est « visuel ». Les personnages sont travaillés, on ressent les tourments des uns et des autres, la difficulté à vivre ensemble avec le racisme, la violence, l’intolérance quasi permanentes.  L’écriture est de qualité, le vocabulaire précis sans être apprêté. Les personnages sont intéressants, quelques-uns ont une part d’ombre, on sent bien qu’ils cachent quelque chose mais quoi ? Nicolas Gorodetzky a vraiment travaillé son intrigue. Il a su, avec intelligence, installer un décor, un contexte, et après quelques pages « calmes », la tension est très vite montée en puissance in et off. En effet, le lecteur est tellement imprégné de l’histoire qu’il ne peut que se sentir concerné et ça, c’est le signe d’un excellent récit, car il fait tout oublier !

Ce recueil a été une belle découverte mais plus que ça encore. Je l’ai trouvé totalement abouti tant dans la construction du contexte et des différents événements que dans l’analyse des individus avec le lien au passé (l’offensive Meuse-Argonne où les américains sont intervenus pour la première guerre mondiale) et la place des croyances, les deux ne laissant personne indemne.

J’ai lu que l’auteur était également musicien et médecin. S’il excelle dans ces deux domaines comme dans l’écriture, je veux bien découvrir sa musique ! Je pense qu’elle doit ressembler à son phrasé : porteuse de sens, délicate, réfléchie et poétique avec des mots qui vous transmettent la vie avec ses doutes, ses peurs, mais également ses espoirs….

 

Éditions : Yanat (1 er Juin 2019)
260 pages

Quatrième de couverture

Leroy Thornton est un jeune bluesman qui vit dans une petite ville du delta du Mississippi, en Louisiane. Il se trouve pris dans un piège où Ku Klux Klan et Vaudou se côtoient, sans concession, tandis que sévit le tueur à la plume de paon, derrière lequel court le shérif Browne, vétéran et héros de la Première Guerre mondiale.

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30/06/2019 | Lien permanent

La peine du bourreau, d'Estelle Tharreau

CVT_La-Peine-du-bourreau_7918.jpgUne chronique de Cassiopée

Accomplir quelque chose de juste dans sa vie….

Quatre heures d’une vie, c’est quoi ? C’est pourtant sur cet espace-temps restreint qu’Estelle Tharreau signe un roman coup de poing. Par rapport à ses récits précédents, elle situe ce dernier aux Etats-Unis, dans une Amérique où la peine de mort et le couloir qui la précède sont encore d’actualité. Ce n’est pas un réquisitoire pour ou contre cet état de faits, c’est beaucoup plus subtil et traité avec brio et intelligence. Elle présente des situations, avec une écriture au scalpel, précise, pleine de sens. Le style est puissant et vibre dans chaque mot. Elle réussit le tour de force de rester neutre et de nous prendre aux tripes.

Avec des allers-retours passé présent, on va découvrir pourquoi Ed0451 est en attente de son exécution, ce qui l’a amené ici et maintenant.  Très rapidement, on sent qu’Ed n’est pas un assassin ordinaire, que le poids de l’influence familiale, de son histoire personnelle ont joué dans la construction de l’homme qu’il est devenu. Comme sa condamnation a déchaîné les foules car les avis sont partagés (a-t-il accompli un devoir moral en tuant ?), le gouverneur qui doit le gracier ou non, demande à rencontrer le bourreau de la prison. Sans doute pour avoir un regard plus aguerri sur ce qui amène des hommes à se retrouver dans ce couloir dont on ne ressort pas ou peu souvent….

« Tous ne méritaient pas leur sort et d’autres auraient mérité moins d’égards. Ce qui est juste et la justice sont deux choses très différentes. »

Cette conversation entre les deux hommes est édifiante, prenante et évoquée en parallèle avec la vie d’Ed, ainsi que des entretiens avec des journalistes. Les différentes approchent s’emboîtent, se complètent, certaines éclairant d’autres …. L’auteur nous renvoie en pleine face toutes les questions sur ce qui est juste ou pas, sur la façon dont sont menées les investigations, puis les procès. Son texte se situe au Texas, un état qui a un taux assez élevé d’exécutions capitales. C’est aussi un endroit où les tensions entre les personnes à peau blanche ou noire sont criantes, présentes même à notre époque (rappelez-vous, ce lundi 5 octobre les autorités américaines, dans un contexte tendu, après des mois de manifestations contre les violences policières à l'encontre des minorités, ont annoncé qu’un policier blanc avait tué un homme afro-américain….) Tout est parfaitement retranscrit, on ressent les interrogations légitimes des uns, le besoin de justification de certains choix pour d’autres.

Le thème est abordé d'une façon intéressante et originale. Traiter de la peine de mort est un exercice difficile, périlleux, presqu’une mise en danger risqué pour un écrivain. Et force est de reconnaître qu’Estelle Tharreau a tout d’une grande pour ce dernier recueil. Le texte est bouleversant, d’abord parce que tout cela est terriblement réaliste, ensuite parce qu’on s’attache à Ed alors qu’on sait que c’est un tueur, et enfin parce que lire cette histoire remet en cause nos certitudes de justice. Alors, forcément, ça dérange parce qu’on ne ressort pas indemne de cette lecture. Le format court (un peu plus de deux cents pages) donne encore plus de résonnance à chaque phrase, pas de blablas, de fioriture inutile, des uppercuts, des questions, des remises en cause…on sent tout cela qui fourmille en nous et on reste pantois devant la révélation finale.

 

Éditions : Taurnada (1 er Octobre 2020)
ISBN : 978-2372580786
250 pages

Quatrième de couverture

McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451. Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l'injection létale. Quatre heures dans l'isolement de la prison de Walls. Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions.

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11/10/2020 | Lien permanent

Je suis un guépard, de Philippe Hauret

je_suis_un_guepard.jpgUne chronique de Cassiopée

Voici un excellent roman noir sociétal avec des personnages comme on peut en croiser au détour d’une rue. On rencontre, en tout premier lieu, Lino, un homme simple. Il vit de peu et rêve en secret de devenir écrivain. Il est assez solitaire et ceux qui le côtoient le connaissent peu mais ne  le trouvent pas désagréable pour autant. Dison qu’il s’accommodent les uns des autres. Sa vie suit un long fleuve tranquille, morne  et sans fantaisie jusqu’au jour où une jeune femme sans domicile fixe se réfugie dans son immeuble, qui plus est, sur son palier ! « Chacun chez soi » et « Chacun ses choix » se dit Lino qui ne veut pas être dérangé dans sa routine, fut-elle maussade. Mais cette fille sur le paillasson d’â côté, ça le titille et il finit par lui parler et alors, n’écoutant que son cœur, il lui ouvre sa porte. S’en suit alors une relation tour à tour porteuse d’espérance, perturbatrice, déstabilisante,  heureuse mais pas vraiment stable et le cours du fleuve devient tumultueux .…. Ces deux-là sont-ils faits pour s’entendre, se comprendre, s’écouter, s’accompagner, s’aimer ? Sont-ils prêts à abandonner une part de leurs rêves  pour se lancer dans une aventure commune ? Quel poids, quelle influence le passé de chacun peut-il en avoir sur leur avenir commun ?

Jessica, elle, vit de rien ou de presque rien. Elle s’est parfois trompée en ne donnant pas sa confiance aux bonnes personnes … Mais elle avance cahin caha, de ci, de là (comme dans la chanson), surtout sans contrainte, parce que ça, elle n’en veut pas… Est-elle en mesure de se poser, de s’investir dans un travail fixe et de vivre « rangée des voitures » ?  C’est toute cette ambivalence que nous présente l’auteur. L’envie de vivre dans la normalité et en parallèle, ce besoin de liberté qui vous colle à la peau malgré les risques encourus. L’argent facile à gagner pour ceux qui réussissent et si dur à accumuler (pour un mini plaisir) pour les autres…. Comment ne pas souffrir devant ce qui peut ressembler à de l’injustice ? Comment ne pas être révoltés ?

Avec une écriture affinée, parfois poétique lors des descriptions physiques ou morales  de certains protagonistes, l’auteur nous fait pénétrer l’air de rien, dans le monde des petites gens, de ceux que l’on aurait tendance à oublier, tant ils peuvent paraître transparents … jusqu’au jour où ….par le biais d’une coïncidence, d’une rencontre, leur quotidien change, prend un virage, bascule ….. Parfois, ils le maîtrisent mais bien souvent, ils leur échappent et ces hommes et femmes s’inscrivent alors dans le schéma d’une vie cabossée par les événements où tout peut arriver… le meilleur comme le pire….

Ce livre se lit comme on regarde un reportage sur notre société, il est vivant, profond, abordable et parle autant à la tête qu’au cœur…..
NB : Régulièrement, au fil des pages, des titres musicaux sont évoqués…. N’hésitez pas, ils donnent corps au livre…. (Ah Arthur H…) Et il y a des films également …..

Je suis un guépard
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (Mai 2018)
ISBN 978-2-37722-037-3
216 pages

 

Quatrième de couverture

Le jour, Lino, employé anonyme d’une grosse boîte, trime sans passion au 37e étage d’une tour parisienne. La nuit, dans son studio miteux, il cogite, désespère, noircit des pages blanches et se rêve écrivain… Un peu plus loin, Jessica arpente les rues, fait la manche et lutte chaque jour pour survivre. Deux âmes perdues qui ne vont pas tarder à se télescoper et tenter de s’apprivoiser, entre désir, scrupule, débrouille et désillusion…

 

 

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16/06/2018 | Lien permanent

La prière du Maure d'Adlène Meddi

 

216_photo_prod.jpgUne chronique de Cassiopée

Uppercut !

On est au début des années 2000, à Alger, après dix ans de lutte sanglante, la « décennie noire » qui mit la ville et le pays à feu et à sang. On pourrait se dire que les gens sont tournés vers l’avenir, heureux que tout cela soit derrière eux mais il n’est en rien. L’auteur nous entraîne de l’autre côté du décor, loin des clichés d’Alger la Blanche, calme et ensoleillée.

Djo est un commissaire à la retraite. Il a donné comme on dit et maintenant il tente d’oublier, de se faire oublier et voilà qu’un appel le remet en route. Un jeune homme a disparu et on lui demande d’activer ses réseaux pour le retrouver au plus vite. Lui, il voudrait qu’on lui foute la paix, qu’on le laisse tranquille, vivre sa vie mais c’est impossible. Djo doit enquêter car il a une « dette » et il veut rester fidèle à sa parole. En faisant cela, c’est comme s’il mettait le pied dans un nid de guêpes qui toutes vont se mettre à tourner autour de lui, prêtes à piquer et plusieurs fois s’il le faut. Les flics sont surveillés, corrompus, personne n’a confiance en personne et on ne sait à qui se confier, qui croire ou écouter. C’est une course contre la montre, pour gagner la vie, qu’engage Djo. Mais les temps sont durs, très durs…. Le pays est encore sous le coup du chaos, rien n’est résolu.

« Puisque tout le pays s’était décidé à plonger, la tête première, dans le néant, silencieusement et inéluctablement, ne lui restait-il pas à lui, Djoumet Malakout, commissaire de police à la retraite, qu’à se hisser vers le haut ? En criant. Criant plus fort que sa chute. »

Les services secrets, politiques, policiers, tous sont « contrôlés » soit en introduisant des hommes qui, sous le couvert, de leur mission, surveillent les autres, soit en persuadant les plus faibles qu’ils n’ont pas le choix et qu’il faut obéir et faire ce qu’on leur dit. Violence, trahison, complot, dénonciation, cabale etc … tout est là et nous fait frissonner …

La langue sèche, âpre, vibrante d’émotion contenue d’Adlène Meddi est tour à tour poétique, claquant presque des rimes et puis grondante, comme un orage quand le tonnerre se fait entendre avant de monter en puissance….jusqu’à ce que la pluie vous tombe dessus, vous laissant pantois et presque dans l’impossibilité de réagir devant ce tumulte. Il nous frappe en plein cœur, nous laissant à peine souffler car en peu de pages, tout est dit …. même l’indicible, l’inconcevable…..

Ce roman m’a scotchée,  il est pour moi, presque un témoignage tant il parle « vrai », d’ailleurs l’auteur est journaliste alors … de la fiction à la réalité de terrain….il n’y a que quelques pages …..

 

Éditions : Jigal (15 Février 2019)
192 pages

Quatrième de couverture

" Le cortège des berlines blindées serpentait dans la nuit et le brouillard. A travers les roseaux muets, suintaient les lumières des phares. Faisceaux jaunes mordant l'obscure vapeur des enfers... Et Dieu lui-même semblait avoir déserté... " Alger, les années 2000. Un jeune homme disparaît. Pour régler une dette, Djo, commissaire à la retraite – entêté, solitaire et amoureux – reprend du service et réactive ses réseaux. L'enquête devient une inquiétante course contre la mort, les fantômes d'une époque que tous croyaient révolue ressurgissent.

 

 

 

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19/02/2019 | Lien permanent

Le piège, de Jean Hanff Korelitz (The Plot)

piège.jpgUne chronique de Cassiopée

Avant tout, si vous voulez être surpris par ce roman, ne lisez pas la quatrième de couverture qui en dit un peu trop (je l’ai raccourcie volontairement).

Jacob Finch Bonner, dit Jake, a écrit un bon roman, qui lui a apporté le succès. Mais ce n’est pas le tout de réussir un premier opus, il faut confirmer. Il essaie, il fait tout ce qu’il peut sous la pression de son agente et de son éditeur mais rien ne vient. Le vide complet. Il est à court d’idées. Il donne le change en disant qu’il est en pleine rédaction mais jusqu’à quand ? Les années passent. Il finit par devenir enseignant dans une faculté du Vermont. Il donne des conseils en écriture pour ceux qui veulent se lancer en s’appuyant sur son expérience personnelle. Il reste embourbé dans des ébauches pour un nouveau titre mais le blocage est toujours bien présent. Le néant…

L’auteur analyse finement le désespoir de cet homme devant la page blanche, son désarroi face à son imagination qui ne lui fournit plus rien, son obligation de lire les tentatives, peu intéressantes, de ses étudiants, jusqu’au jour où lors d’une discussion, l’un d’eux dit détenir une intrigue géniale, originale, révolutionnaire qu’aucun éditeur ne pourra repousser. Jake est septique devant tant de confiance, d’orgueil mal placé…. Il finit par connaître les grands lignes de la future histoire et il reconnaît (pas devant son élève) « qu’il y a du lourd »…

Le temps passe, Jake a retrouvé le devant de la scène avec un nouveau titre, mais il est « sur le fil », pas très bien dans sa vie car il est anxieux, pas en phase avec ce qu’il voudrait être…. Pourtant vu de l’extérieur, tout semble bien aller. Jusqu’au jour où un mystérieux message le déstabilise complètement. Comment va-t-il réagir ? Sur qui et sur quoi va-t-il s’appuyer pour faire face ?

Dans ce récit, on suit Jacob et ses déboires dans son quotidien. On découvre également un autre texte, mis en abyme. Il éclaire sur le présent et le passé de certains protagonistes. Au fil des pages, on sent l’étau qui se resserre. Peu importe qu’on ait une petite idée des tenants et aboutissants, on ne peut pas tout imaginer tant Jean Hanff Korelitz a bien construit son histoire et ses différents protagonistes. Mais au-delà de tout ça, il y a une réelle réflexion sur le métier d’écrivain, sur le rapport (de celui ou celle qui écrit) au livre et à l’écriture, mais également aux médias et aux lecteurs. Est-ce que l’intrigue, le nœud gordien appartiennent à celui qui rédige ? Et si un autre utilise la même « veine » mais d’une autre façon, est-ce du plagiat ? La pensée ne peut pas être unique, n’est-ce pas ? On ne possède ni les mots, ni le vocabulaire, ils ont leur propre vie…. Et que répondre aux nombreuses personnes qui, ayant lu votre texte, vous posent des questions sur sa genèse ? On dit la vérité ou on l’enjolive pour captiver l’auditoire et le mettre dans sa poche ?

« Chaque personne a une voix unique et une histoire qu'elle seule peut raconter. Et n'importe qui peut être auteur. »

Et si c’était ça la réponse ? il n’y a pas des auteurs mais des tas de gens qui peuvent écrire …

C’est vraiment le second aspect de ce recueil qui m’a beaucoup séduite et apporté du plaisir. Non pas que je me fichais de ce qui allait arriver à Jake mais ce n’était pas mon premier centre d’intérêt.

L’écriture de l’auteur (merci à la traductrice) est fluide et addictive. Le rythme est peut-être un peu lent au début mais les événements perturbants arrivent et tout s’accélère, ce qui fait que l’intérêt ne faiblit pas.

Je ne connaissais pas Jean Hanff Korelitz et c’est une belle découverte !

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Kempf
Éditions : Cherche Midi (10 février 2022)
ISBN : 978-2749171685
416 pages

Quatrième de couverture

Jacob Finch Bonner a connu son heure de gloire comme romancier avant de sombrer dans l'anonymat. Il enseigne désormais l'écriture dans une université du Vermont. Un jour, un de ses étudiants, Evan, lui dévoile l'intrigue du livre qu'il ambitionne d'écrire. Une intrigue géniale. Le best-seller assuré.

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15/02/2022 | Lien permanent

Bad Run de Jérémy Bouquin

bad run.jpgVoilà un roman comme je les aime. Une écriture « endiablée », vive, qui entraîne immédiatement, sans temps mort, sans descriptions excessives, dans l’histoire. Des personnages hauts en couleur qui « dépotent ». Une atmosphère ambivalente vous faisant passer de la tranquillité à l’angoisse… D’ailleurs, même lorsque tout semble calme, on sent comme une tension, plus ou moins légère mais toujours bien présente. On a le sentiment qu’une étincelle pourrait mettre le feu aux poudres et tout exploserait.

Pourtant, Harry veille. C’est un ancien gendarme, mis à l’écart dans un premier temps suite à une petite bavure, puis retraité. Amoureux de Marie, une femme rencontrée à Mayotte, ils se sont installés dans un coin perdu de France avec pour but de retaper un corps de bâtiment et d’en faire un gîte. Mais ce beau projet a dû être abandonné car Marie, malade, est décédée. Harry, seul, ne pouvait plus porter les travaux, les devis… Il a essayé mais, face à des artisans peu scrupuleux, il ne s’est pas battu…. L’envie, la fougue, n’étaient plus là, il n’y croyait plus.

Autant pour s’occuper que compléter ses finances, Harry sert un peu d’homme à tout faire à un notaire véreux, Lionnel. Ce dernier, pas courageux, pas travailleur, préfère les soirées poker, l’alcool et la drogue à son métier. Pour maintenir son train de vie, il organise des veillées cartes « sur invitation ». Il faut être recommandé et montrer « patte blanche ». Harry, qui a du temps libre et surtout qui a gardé sous le coude d’anciennes relations, sert de « détroncheur » à Lionnel. Il ne faut pas qu’il y ait une fuite sur les parties clandestines. Les joueurs choisis par Lionnel, sont « épiés » et « castés » par Harry. Discrètement, il se renseigne, observe, monte un dossier sur chacun pour être sûr qu’on peut leur faire confiance. Quand c’est bon, les clients sont récupérés par Harry (qui fait tout pour qu’ils ne repèrent pas le trajet jusqu’à la maison du notaire) et ils viennent jouer.

Parfois, Harry « ne sent pas » certains « invités » et en parle à son « patron » mais le dialogue n’est pas forcément possible. Est-ce que la situation est totalement maîtrisée, sous contrôle ? Lionnel certifie que oui, Harry en est moins persuadé….

Le lecteur attentif aura remarqué qu’Harry et Lionnel ont des « failles ». L’un comme l’autre, trop impulsifs, pas vraiment à l’écoute, ils sont capables de sortir de leurs gonds, de franchir les limites. La tension monte petit à petit. L’angoisse également car on se sent impuissant face aux maladresses des uns et des autres, face aux mensonges supposés, voire face aux non-dits.

Malgré son côté « bad boy », je me suis attachée à Harry, parce que c’est son veuvage qui l’a déstabilisé, sorti de la norme. Il aurait pu vivre autre chose, de tellement plus enthousiasmant, de plus « vivant ». On le sent « figé » dans un fonctionnement dont il ne sort pas…

Cette lecture a été très plaisante, je n’ai pas vu le temps passer, il y a de l’action, des rebondissements, une intrigue solide. L’auteur insère des dialogues qui mettent du rythme dans le texte, les événements s’enchaînent et on ne s’ennuie pas une seconde.

Éditions : du Caïman (12 Décembre 2023)
ISBN : 978-2493739124
274 pages

Quatrième de couverture

Harry se méfie de tout le monde. C'est un gendarme à la retraite, veuf, qui vit dans une ferme qu'il n'arrive plus à retaper. Pour ajouter du beurre dans les épinards, il bosse pour Lionnel, comme "détroncheur". Il assure la sécurité de parties de poker clandestines. Peinards, tranquilles, planqués dans la campagne berrichonne, qui viendrait les chercher ?

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10/01/2024 | Lien permanent

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