28/01/2024
Malovics, de Marco Pianelli
Il n’attend plus grand-chose de la vie, Léopold Malovics. Il est en disponibilité de la police suite à un « incident ». Son agresseur lui a tiré dessus avant de suicider. Trop plein de tout, d’émotions, de violence ? Burn out ? Ou est-ce que Léo dérange avec son franc parler, son mépris des ordres et de la hiérarchie lorsqu’il n’est pas d’accord ? Toujours est-il que le lecteur le découvre cabossé, alcoolique, pas très propre et sans envie.
C’est d’ailleurs dans son quartier général, un bistrot, qu’une jeune femme vient le rencontrer et lui proposer un rendez-vous avec sa patronne qui aurait besoin de ses services. Il dit oui, sans trop savoir ce qui le motive, à part, peut-être, l’idée folle de draguer celle qui vient de se présenter à lui. Il est comme ça Malovics, un peu bourreau des coeurs aussi. On pourrait, légitimement, se demander ce que les dames lui trouvent… Bah, certainement son côté bad boy, son sourire carnassier et ses yeux de braise et plus si affinités ...
Le voilà donc face à la veuve Berrard, une grosse fortune française. Pas d’héritier, mais une fille, Lucie, fâchée avec elle, qui a disparu il y a dix ans. Un gros contrat s’il la retrouve. N’ayant rien de mieux à faire, il essaie d’enquêter. À part une ou deux copines, un ancien fiancé, peu d’indices à se mettre sous la dent mais pour Léo, rien n’est impossible. Il déroule le fil, retrouve ou pas la fille, parfois la situation lui échappe, il galère. Il subit le pire car il semble ne pas être le seul à s’intéresser à Lucie et il n’a pas l’intention de partager ses découvertes… Qu’est-ce qu’il se passe, pourquoi, comment, dans quel but ? Est-il manipulé comme un pantin dont on tire les ficelles ou a-t-il la maîtrise des événements ? Dix ans après une disparition volontaire, ses chances sont infimes de mettre la main sur Lucie.
C’est sur un rythme rapide, avec des chapitres courts, une écriture visuelle (une adaptation en film serait judicieuse) et percutante que Marco Pianelli nous embarque dans son récit. Pas de temps mort, beaucoup d’actions, des punch lines, un monde de mecs ou tous les coups sont permis. Au fil des pages, on apprend à connaître Léo, élevé à la dure par un père russe qui ne lui passait rien. Cela lui sert beaucoup. On le croit battu, acculé, foutu, et son cerveau bouillonne, réfléchissant à une mini faille pour déstabiliser son adversaire. Teigneux, il ne lâche rien. Intuitif, il est capable de « scanner » les faits à toute vitesse en visuel ou en présentiel selon son implication. À ce moment-là, il peut agir en conscience. Il fonctionne également à l’instinct et si ça ne lui réussit pas tout le temps, c’est quand même pas mal.
J’aime le style de cet auteur, ça « envoie », on en prend plein les yeux (je pense qu’en images, je les fermerai souvent), on ne s’ennuie pas. J’apprécie ses personnages, ils ont tous une part d’ombre, sont donc très humains car, on est bien d’accord, personne n’est parfait … Il dévoile les aspects du caractère de chacun petit à petit, par bribes. Cela nous donne des explications, on cerne mieux les comportements. Un livre noir mais waouuhhhh une intrigue fine, retorse et bien ficelée.
Éditions : M + (23 Novembre 2023)
ISBN : 978-2382111987
448 pages
Quatrième de couverture
Léo Malovics est un enquêteur viscéral et un flic en chute libre mis sur la touche par son administration. Lorsque la veuve Berrard l'engage pour retrouver sa fille disparue depuis 10 ans, c'est une boîte de Pandore qui s'ouvre sous ses pieds. Précipité sur les traces évanouies de la fugueuse, il va plonger dans des abysses de faux-semblants, où les mensonges frôlent le Mal et conduisent au tragique.
13:54 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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