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03/12/2025

Frappe chirurgicale, de Sébastien Bouchery

Sébastien.jpgLa boxe est évoquée dans ce roman et moi j’ai pris un uppercut littéraire, une claque. Quatre-cent-vingt pages de tension, d’espoir, de ventre noué, de mains moites et de waouh.

1981, Louis Verneuil, chirurgien, vit seul dans un appartement à Paris. Quand il a du temps, il retape une maison en banlieue. Pas n’importe laquelle, il l’a choisie par besoin, sans doute pour guérir une de ses blessures. Parce que l’homme a souffert. Il a connu l’Indochine et a vu et vécu des choses horribles. De cette période, il a gardé une solide amitié avec un camarade, peut-être une des seules personnes avec qui il est resté en contact. Après, d’autres événements graves l’ont marqué mais, en taiseux, il en parle peu. C’est donc un solitaire, bosseur et discret, qui ne recherche pas la compagnie. Ce qu’il veut ?  Qu’on le laisse tranquille !

Un soir, en sortant du boulot, il s’arrête au Saint-Loup pour boire un scotch, ou plusieurs, une façon comme une autre de se délester du fardeau de la journée. Une jeune femme, Nelly, l’aborde, mais il n’a pas envie, ni de parler, ni de l’écouter, encore moins d’un « et plus si affinité »… Et puis, il le voit bien, elle est trop jeune pour lui. Pourtant, ils finissent par se faire du bien mais il est très clair :  ce sera sans avenir. Pas de chance, pendant les heures où elle est serveuse, elle a tapé dans l’œil de Togo, un petit voyou. Il lui a fait des avances qu’elle a repoussées. Vexé - son orgueil en a pris un coup - il entend bien lui faire payer ce qu’il considère comme une humiliation. Dont acte. Verneuil n’apprécie pas que le malfrat se soit vengé et il souhaite calmer ses ardeurs pour que Nelly ne se sente pas en danger et renoue avec une vie quotidienne apaisée.

Il ne sait pas où il a mis ses poings et ses pieds, le doc. Il se retrouve entraîné plus loin que ce qu’il pensait car, derrière Togo et ses acolytes, se cachent des individus sans foi ni loi, la gangrène des quartiers …. Que faire ? Se mettre en retrait et oublier ? Essayer de dialoguer ? S’attaquer à plus fort que soi ?

Entre le 10 et le 23 Mars 1981, plusieurs vies basculent. Des chapitres courts, de l’action, des rebondissements, des scènes qu’on déroule comme un vieux film en noir et blanc, une écriture qui fait mouche, sans fioriture et je suis restée scotchée aux pages. Vous prenez les faits bruts, parfois violents, en pleine face. Pas de répit pour le lecteur. Pas de temps mort. Je lisais en apnée, prête à en découdre, à aider tant j’étais dedans.

Le rythme est trépidant, Les personnages sont bien campés et les scènes très visuelles (normal, l’auteur est également scénariste). Il est intéressant de voir comment chacun analyse et ressent les différentes situations. Verneuil et le commissaire Lebreton sont deux protagonistes fascinants. Chacun est à la limite de ce qui est autorisé. Volontaires, impliqués, intuitifs, intelligents (avec la tête et le cœur), tiraillés pour cerner la limite entre le bien et le mal, ils sont attachants.

J’avais lu Gangway du même auteur. Avec Frappe chirurgicale, il s’est lancé dans un nouveau style et il a réussi avec brio, j’ai énormément aimé. Dans les dernières pages, il explique la genèse de cet opus et ce qui l’a inspiré, ça complète bien la lecture.  

NB : Monsieur Bouchery, la fin m’a brisé le cœur !

Éditions du Caïman (21 Octobre 2025)
ISBN : 978-2493739285
420 pages

Quatrième de couverture

Paris, 1981. Louis Verneuil, chirurgien à l’hôpital Saint-Antoine et accessoirement, vétéran d’Indochine, n’aspire qu’à une chose : la paix. Misanthrope et solitaire, il fait pourtant l’erreur un soir de céder aux charmes d’une jeune serveuse, elle-même dans le viseur d’un voyou à la solde de la famille Marzi qui a la mainmise sur la capitale. Une série de réactions en chaîne se met en place et Verneuil devient une cible. Une proie sauvage que personne n’aurait dû sortir de sa tanière...

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