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30/06/2019

Crucifixion Road, de Nicolas Gorodetzky

téléchargement.jpgUne chronique de Cassiopée

C’est dans les bayous de Louisiane, aux alentours des années vingt que se situe ce roman. Leroy est un jeune noir qui joue et chante le blues le soir dans un bar. Il vit pour sa musique et elle fait partie de lui, il a même du talent. Mais lorsqu’on est de couleur au pays du Ku Klux Klan, il vaut mieux se faire oublier…. Surtout que des jeunes filles blanches, qui plus est de bonne famille, se rapprochent dangereusement du musicien, espérant « s’amuser » avec lui, voire plus si affinités … Il le sait bien, Leroy qu’il ne doit pas frayer avec les adolescentes, sinon il va se mettre en danger …. Pourtant son cœur bat, la tentation est forte….Et elles peuvent être très manipulatrices….

Dans cette petite ville, le Shérif Maximums Browne fait de son mieux pour que règne le calme. Malgré ses efforts, le climat est tendu car des personnes sont retrouvées assassinées avec un même mode opératoire plutôt surprenant. Les victimes ont-elles un lien ? Si oui, lequel ? Comment sont-elles choisies ? Sachant que certains morts sont issus de milieu plutôt riche, il va sans dire que tout cela ne sent pas bon et qu’il vaut mieux résoudre l’affaire au plus vite. Mais rien n’est aisé. L’ouragan menace, les hommes cagoulés du Klan aussi, autant dire que l’ambiance est plus qu’électrique et que la musique ne suffit pas à adoucir les mœurs…. L’heure est grave et il faut agir. Browne est un homme dont le fond est bon, parfois il dérange parce qu’il veut d’une « vraie » justice. Comment peut-il mener l’enquête au milieu de tout ça ? De bons adjoints, de la pugnacité, des soutiens, de l’observation, et du courage…. Heureusement aucun de ces atouts ne lui fait défaut.

Ce roman est superbe ! L’atmosphère est palpable, concrète et on s’y croirait. L’auteur a dû se documenter et peut-être même aller sur les lieux tant c’est « visuel ». Les personnages sont travaillés, on ressent les tourments des uns et des autres, la difficulté à vivre ensemble avec le racisme, la violence, l’intolérance quasi permanentes.  L’écriture est de qualité, le vocabulaire précis sans être apprêté. Les personnages sont intéressants, quelques-uns ont une part d’ombre, on sent bien qu’ils cachent quelque chose mais quoi ? Nicolas Gorodetzky a vraiment travaillé son intrigue. Il a su, avec intelligence, installer un décor, un contexte, et après quelques pages « calmes », la tension est très vite montée en puissance in et off. En effet, le lecteur est tellement imprégné de l’histoire qu’il ne peut que se sentir concerné et ça, c’est le signe d’un excellent récit, car il fait tout oublier !

Ce recueil a été une belle découverte mais plus que ça encore. Je l’ai trouvé totalement abouti tant dans la construction du contexte et des différents événements que dans l’analyse des individus avec le lien au passé (l’offensive Meuse-Argonne où les américains sont intervenus pour la première guerre mondiale) et la place des croyances, les deux ne laissant personne indemne.

J’ai lu que l’auteur était également musicien et médecin. S’il excelle dans ces deux domaines comme dans l’écriture, je veux bien découvrir sa musique ! Je pense qu’elle doit ressembler à son phrasé : porteuse de sens, délicate, réfléchie et poétique avec des mots qui vous transmettent la vie avec ses doutes, ses peurs, mais également ses espoirs….

 

Éditions : Yanat (1 er Juin 2019)
260 pages

Quatrième de couverture

Leroy Thornton est un jeune bluesman qui vit dans une petite ville du delta du Mississippi, en Louisiane. Il se trouve pris dans un piège où Ku Klux Klan et Vaudou se côtoient, sans concession, tandis que sévit le tueur à la plume de paon, derrière lequel court le shérif Browne, vétéran et héros de la Première Guerre mondiale.

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