22/07/2012
Entretien avec Christelle Mercier.
Après avoir lu, apprécié et chroniqué The Hunter, le dernier thriller de Christelle Mercier, Cassiopée a souhaité poser quelques questions à l’auteur.
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Cassiopée. Lorsque je lis quelques lignes sur vous, je constate que vous avez toujours écrit. Pouvez vous expliquer en quelques phrases pourquoi ce besoin d'écrire, qu'est-ce que cela vous apporte? Avez vous commencé à écrire pour vous, pour les autres, dans le but d'être publiée un jour?
Christelle Mercier. Effectivement j'ai toujours écrit, j'étais une enfant rêveuse où je m'amusais à écrire des comptines et en même temps je dessinais énormément. J'avais dans l'idée de lier les deux et créer des bandes dessinées. Adolescente, j'ai commencé à vouloir m'orienter dans une carrière de flic ou de médecin légiste mais j'ai vite déchanté : aversion du sang, de certaines odeurs, trop sensible... Adieu le métier ! Donc c'est au travers de livres que j'ai continué l'expérience en m'intéressant aux tueurs en série, à la psychologie et la médecine légale. J'étais fasciné par ces histoires parce que je ne comprenais pas comment l'âme humaine pouvait être capable de telles horreurs. L'histoire des Juifs et des camps de concentrations a été un déclencheur, je n'arrivais pas à croire qu'une telle chose existait. Delà, j'ai cherché à comprendre comment ces hommes dépourvus de moral, d'humanité, étaient capable de penser et d'agir. J'ai donc commencé à écrire pour moi, pour mes amis qui me poussaient à envoyer mes manuscrits à des éditeurs. Un périple de plusieurs années, refus, pas de réponses et puis je me disais que je devais être sans talent alors j'ai cesser d'écrire durant un temps pour me consacrer à mes enfants.
En 2001, j'ai retenté ma chance auprès des éditeurs en ligne en envoyant un manuscrit qui a été accepté de suite par l'un d'eux. Hourra ! Avoir son propre livre en main j'étais comme une enfant devant une pochette surprise, trois autres romans publiés, trois ans de travail et n'y connaissant rien au monde littéraire, éditorial, j'ai vite déchanté. Mes romans n'étaient pas corrigé, retravaillés et bref, je me suis rendue compte que je devais me sortir de là parce que je ne supportais pas que les lecteurs se retrouvent avec un roman à moitié fini. C'est en commettant des erreurs que l'on apprend à avancer mais j'étais déçue. La naïveté a été l'un de mes défauts et le conseil que je donne à certains jeunes auteurs qui m'écrivent, c'est de ne pas s'emballer et de bien connaître à qui l'on envoie son manuscrit. Heureusement j'ai trouvé auprès des Éditions les deux encres, une équipe sympathique et professionnelle et je me suis sentie épanouie que l'on me reconnaisse en tant qu'auteur. Cela a mis du temps mais il vaut mieux de la patience que d'être lié à un contrat coupe-gorge.
Cassiopée. Vous êtes journaliste et écrivain, l'une des deux activités prime-t-elle sur l'autre ou considérez vous que les deux sont étroitement liées?
Christelle Mercier. En tant que journaliste, je traite divers sujets qui sont totalement hors contexte de ce que j'écris dans mes romans. Je m'occupe de toute l'actualité locale de deux communes donc je traite des sujets divers : associations, cultures ... Mes articles se doivent d'être brefs, précis et uniquement basés sur l'essentiel mais cela m'apporte une riche diversité sociale par de belles rencontres avec des personnes de tous milieux, de toutes cultures et je m'en imprègne. Il faut savoir observer, écouter et j'ai l'avantage de pouvoir travailler chez moi ce qui me permet de gérer mon temps et de pouvoir écrire à mes heures perdues. Dans mon idéal, j'aimerais m'occuper de faits divers mais cela demande à être disponible à tout moment et étant maman célibataire de trois enfants... Impossible :) Par ailleurs, au travers de mes recherches, je vois assez d'horreur pour m'épargner de le vivre réellement.
Cassiopée. The Hunter, pourquoi ce titre en anglais? Comment vous est venue l'idée de cette histoire?
Christelle Mercier. J'ai choisi le titre en anglais parce que je trouvais que cela sonnait mieux à l'oreille, non ?
En fait, les États-Unis m'inspirent beaucoup. Une partie de ma famille est là-bas et j'ai eu l'occasion de partir en 2010 avec mes enfants. Ma grand-mère vit pas très loin de Fort Knox et j'ai été intriguée de voir autant de sécurité dans cette région où une majorité de GI occupent la ville. Pour exemple : dans le camp (où ma grand-mère a l'habitude faire ses achats) nous avons attendu 2 heures pour qu'on me délivre les autorisations d'entrer et subi un interrogatoire pour savoir pourquoi j'étais là, si mes enfants n'avaient pas été kidnappés... D'autre part, que ce soit à la télévision, dans les magazines, la liberté d'information est très étendue (chose peu commune en France), donc voir une arrestation musclée ou d'un type se faire tirer dessus en direct, ne choque personne. Par contre, fumer une cigarette en pleine rue on vous fusille du regard !!!! L'idée de cette "surprotection" militaire et en même temps le libre accès aux armes, aux crimes m'a donné l'idée de l'intrigue.
Cassiopée. La fin de votre roman laisse planer un doute. Sans dévoiler quoi que ce soit du contenu, pouvez-vous nous dire le pourquoi de ce choix?
Christelle Mercier. J'ai laissé planer le doute parce que j'aime l'idée que le lecteur se fasse lui-même son intuition, son ressenti sur le personnage. Cela pourrait être n'importe qui, un voisin, un ami, peu importe. Ce qui compte ce n'est pas ce qu'il est mais ce qu'il fait et c'est aussi la raison pour laquelle, je ne cherche pas à m'attarder sur des descriptions de personnages. J'aime que chaque lecteur s'imagine la manière dont il perçoit cet individu. Pour être franche, faire planer le doute suppose aussi... peut-être...une suite... (chut on n'en dit pas plus)...
Cassiopée. Je vous appelle demain pour faire un film de The Hunter, quels acteurs choisissez-vous, quelles musiques?
Christelle Mercier. Si vous m'appelez pour faire un film de The Hunter ? Je peux hurler de joie ?! (rires)
Quels acteurs ? Difficile comme choix, j'aime beaucoup Russell Crowe, Norman Freeman, Wentworth Miller... (que des beaux gosses !) et en actrices...Halle Berry,Sandra Bullock... moi !!! En fait je ne sais pas, je choisirais probablement en fonction de l'émotion, du regard, de la présence que dégage l'acteur où l'actrice.
Durant tout le temps où j'ai écrit The Hunter j'ai écouté Civil twilight. Les sons sont à la fois montants et angoissants qui correspondent à certaines scènes du livre et parfois la mélodie retombe en douceur, limite elle vous prend à la gorge. Ce groupe correspondait parfaitement au roman.
Cassiopée. Quels sont vos auteurs préférés, pourquoi?
Christelle Mercier. Adolescente j'adorais Patricia Cornwell qui m'a fait connaître la médecine légale, très accroc aux polars Américains avec Connelly, Harlan Coben... Aujourd'hui j'étends ma vision sur des auteurs français, j'ai découvert Franck Thilliez, Didier Fossey, Jacques Saussey, Jacques Expert, que j'aime beaucoup. Dernièrement, j'ai lu Sebastian Fitzek, R.J Ellory dont j'aime beaucoup aussi le style d'écriture. Je lis énormément de revues médicales et d'ouvrages spécialisés sur la police scientifique pour être la plus réaliste possible dans mes scènes.
Cassiopée. Avez vous autre chose à transmettre à vos lecteurs?
Christelle Mercier. Je les remercie tout d'abord pour leur soutien car même si mes précédents romans n'étaient pas à la hauteur que j'espérais, ils sont restés et continuent d'aimer ce que je fais. Comme je dis toujours, écrire est un travail égoïste tout le temps où on élabore les pages puis vient le temps de le laisser se faire aimer des autres, des lecteurs sans qui un auteur n'est pas grand chose. C'est eux qui font vivre le livre en partageant leurs opinions Donc merci d'être là, d'aimer ce que je suis, ce que j'écris.
08:40 Publié dans 07. Les plus récents entretiens avec des auteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christelle, mercier, hunter, thriller, entretien, cassiopée | Facebook | |
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