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22/07/2012

Le mur, le Kabyle et le Marin, d'Antonin Varenne (chronique 3)

mur_kabyle_marin.jpgUne chronique de Cassiopée.

- Est-ce que vous avez une arme dans votre poche?

- J’ai bien plus, monsieur, j’ai une guerre.

Très noir, très masculin, ce livre est écrit par jets saccadés, comme autant de coups de poing du boxeur pour la partie qui se passe en 2008 (seul un chapitre est daté de cette année-là) et 2009 et autant de faits graves pour celle qui se déroule en 1957. C’est dur, c’est violent….

George Crozat, boxeur et policier, arrondit ses fins de mois avec des «contrats», pas très honnêtes: un nom, une photo, des billets et il doit taper sans vraiment savoir pourquoi…

Jusqu’au jour où un de ses méfaits est relaté dans la presse et il commence à se poser des questions….. Jusqu’au jour où il ne peut pas agir….

Parallèlement, en 1957, des hommes sont embarqués pour l’Algérie et cette guerre dont on a entendu parler de loin…. soit à l’école, soit par un proche….. Ils vont dans ce pays pour maintenir la paix… Oui, à quel prix?

Dans les pages consacrées à cette période, c’est de près qu’on va découvrir ce qu’il s’est passé là-bas (et pas forcément ce qu’on nous en a toujours dit). L’auteur signale, d’ailleurs, à la fin de l’opus: «A Pascal Varenne, mon père, dont le témoignage et les confidences ont de peu précédé la mort.» On peut légitimement penser que, malgré le nom «roman», ce qu’on découvre au fil des chapitres n’est pas très loin de la vérité …

C’est l’époque du FNL (front national de libération: parti politique algérien qui réclamait l’indépendance), mois troubles où beaucoup de choses sont tues: torture, lavage de cerveau et bourrage de crâne pour donner «une certaine vision» des événements.

C’est Pascal Vérini, que nous suivons en Algérie. Il n’a pas choisi cette destination. Il n’a pas «mesuré» ce qu’impliquait son départ pour cette contrée. Il n’a pas pu faire machine arrière… Se taire, se taire, encaisser ce qu’on entend, ce qu’on voit, ce qu’on suppose ….

Que ce soit en région parisienne avec le boxeur, ou en Algérie (ou même sur le trajet, en bateau ou autrement..), aucun des deux lieux ne fait envie. Trop de noirceur, de non-dits, de douleurs, de coups… Les hommes sont frappés, maltraités et le silence est là, comme une obligation, une garantie…. Ils ne peuvent pas échapper à ce passé qui leur colle à la peau, on n’oublie rien de rien …..

«Que l’on n’échappe pas aux pièges que l’on pose derrière soi, qu’un jour ou l’autre, l’on revient sur ses pas pour y tomber.»

Bien entendu, les deux histoires vont finir par se rejoindre….

Antonin Varenne a choisi d’écrire, comme si les mots le libéraient de l’histoire de son père. Dans un style discontinu, parfois haché, les phrases s’imposent et se bousculent sous sa plume. On pourrait aller jusqu’à dire que son père a attendu de savoir que la «machine» était en route pour mourir.

C’est un livre qui dérange, qui est difficile à lire et qui m’a laissé comme un goût amer dans la bouche …. Est-ce que finalement, j’aurais préféré ne pas savoir?

Je reconnais le style percutant de l’auteur, la justesse des propos, c’est intéressant mais cette lecture ne m’a pas procuré de plaisir …

A lire, deux autres chroniques sur ce livre :
 - celle d’Eric 
- celle d'oncle Paul.

Le mur, le Kabyle et le Marin.
Antonin VARENNE
Collections Chemins Nocturnes.
Editions Viviane Hamy.
286 pages.
18€.

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