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13/07/2014

Le planqué des huttes, de Léo Lapointe

planque_des_huttes.jpgUne chronique de Cassiopée.

 Le « travail » demandé par Gilles Guillon et les éditions Pôle Nord Editions n’a rien de facile ni d’anodin. Chaque écrivain nordiste sollicité doit « raconter » un épisode de la première guerre mondiale se passant par « chez eux ». Chacun choisit une période et la retranscrit à travers un roman où les événements historiques auront leur place.

 C’est l’histoire d’un contingent de travailleurs chinois, recrutés par l’armée anglaise, pour travailler en Picardie, à l’arrière du front, que Léo Lapointe met en exergue dans « Le planqué des huttes ».

 Xi Ming Guo*

 1903, nous sommes en Picardie, la vie est rude, dans un petit village, Nolette, où sont installés un couple et leur quatre enfants : deux garçons, deux filles.

Julien, l’aîné des garçons aime les livres et il est curieux de tout. Rémi, p’tit frère est admiratif de ce « grand ». Les filles sont gentilles et aident de leur mieux pour que la ferme tourne. Le père rêve d’une autre vie, de développer sa maigre exploitation. La mère, Victoire, a un frère, Emile, pas très raisonnable, aux idées libertaires, un peu, beaucoup anarchiste. Il passe de temps à autre mettant la famille en danger car il est recherché. Pas manqué, il vient quelques jours mais comme la maréchaussée est à ses trousses, c’est toute la famille qui va se retrouver dans l’embarras.

Il va falloir déménager avec de pauvres biens, dont une vache, vers la petite ferme que, Gustave, le père, a héritée de ses parents.

 Les ennuis ne seront pas finis, l’oncle partira dix ans au bagne et la guerre arrivera mobilisant Julien….Le commissaire Giraud, sournois et méchant, ne lâchera jamais cette famille, les harcelant avec une mauvaise foi évidente. Tant bien que mal, ils résisteront, se battront, tiendront devant les assauts. Ce sera difficile, parfois terriblement injuste mais ils resteront « droit dans leurs bottes. » (même si ce sont de vieilles galoches.) malgré les nombreux problèmes auxquels ils devront faire face.

« Le malheur avait depuis longtemps épousé la famille. »

 Le premier tiers de l’ouvrage est consacré à installer l’ambiance, les lieux, les personnages, dont les sept membres des Coulon-Boulogne. Les faits historiques sont intégrés petit à petit e l’on retrouve des situations et noms connus (comme la bande à Bonnot).

Les deux autres tiers verront la suite des péripéties de ces personnes avec l’arrivée des chinois, recrutés par les anglais, pour travailler sur l’arrière front dans la région où se déroule l’intrigue. Parallèlement, nous suivrons les démêlés de tonton Emile avec la justice et de Julien qui lui, (avec une étiquette de « neveu d’anarchiste ») est « cadré » par l’armée et envoyé au front.

 Les personnages sont attachants, bien décrits et on suit aisément les différents épisodes auxquels ils sont confrontés. Julien que l’on voit passer du statut d’enfant à celui de soldat devient un homme sous nos yeux. Un homme comme les aime, ne reculant devant rien pour ses idées, humain, à l’écoute, « vrai ». Le père est le patriarche, affaibli, mais portant la famille à bout de bras, montrant l’exemple, gardant l’espoir de jours meilleurs chevillé au corps. Victoire et les filles sont des femmes de tête, capables de ruser pour aider ceux qu’elles aiment, prêtes à tout. Quant à Rémi, c’est un altruiste, il porte la vie comme une bannière et il n’a pas l’intention de la lâcher.

 L’écriture de Léo Lapointe est fluide, agréable, vive et agrémentée de dialogues qui apportent du rythme au récit. Introduire l’épisode de l’arrivée des chinois à travers le devenir d’une famille donne du poids au texte. On peut, peut-être, regretter que leur présence ne soit pas plus développée. Mais dans les « annexes » du livre, six pages intéressantes leur sont consacrées. Un passage qui donne au lecteur, l’envie de creuser, d’aller plus loin, de visiter le cimetière chinois de Nolette mais surtout d’essayer de comprendre ce pan d’histoire, trop souvent tue, parfois ignorée ou oubliée.

 Il faut alors peut-être considérer ce livre, comme une introduction, comme un livre qui nous mettra le pied à l’étrier pour aller plus loin sur ce sujet.

 Une chose est certaine, les cinq cents pages défilent sous les yeux et on ne sent pas le temps passer signe d’un récit de qualité, qui tient le lecteur en haleine….

 * Picardie

 

Titre : Le planqué des huttes
1917. Les Chinois débarquent en Picardie
Auteur : Léo Lapointe
Éditions : Pôle Nord Éditions (Juin 2014)
Nombre de pages : 506
ISBN : 979-10-92285-12-3.

 

Quatrième de couverture

 Au printemps 1917, un contingent de travailleurs chinois arrive à Nolette, petit village picard à quelques kilomètres de la baie de Somme. Ils ont été recrutés dans leur pays par l’armée britannique pour travailler à l’arrière du front. C’est une main-d’œuvre docile, taillable et corvéable à merci, que découvrent les paysans picards. Parmi eux la famille Coulon, dont l’un des membres est au bagne pour un crime qu’il n’a pas commis. Pour les Coulon, surveillés par la police, comme pour les Chinois, esclaves des Anglais, la guerre aura des conséquences dramatiques.