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La danse des évêques, de André K. Baby

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Une chronique de Richard (polars québécois)

Longtemps la littérature québécoise de genre a été décriée. Pas de bons auteurs, des romans insipides, sans imagination, une publicité déficiente ... Dans un cercle vicieux imparable, les libraires noyaient les nouveaux romans dans une mer européenne et étatsunienne et les lecteurs, devant les rayonnages de présentation des nouveautés, se lançaient ( ... et se lancent encore ! ) sur les Dan Brown de ce monde.

Est-ce que le vent change ? Je pense que oui.

 Au fil des ans et des éditions, certains auteurs québécois commencent à revendiquer leur place sur les présentoirs de nouveautés. Quelques vedettes incontournables trônent au sommet (non plutôt au pied) de ces montagnes de nouveautés accrocheuses aux blurbs ( ??? Voir ici !!!) affriolants.
 
Et pourtant !

Après ma lecture de «La danse des évêques» d’André K. Baby, m’est revenu ce questionnement de la place de notre littérature québécoise sur les tablettes de nos librairies (et son absence presque complète sur les rayons des librairies européennes).

Quand j’eus terminé ma lecture de ce très bon roman, je me suis demandé: «Qu’est-ce que ce livre a de moins que les livres de Dan Brown ?»


La réponse: «Rien !!!»

«La danse des évêques» a sensiblement les mêmes qualités ... et les mêmes défauts !


Commençons donc cette analyse comparée, avec les quelques «roches dans le soulier» qui ont agacé ma promenade à travers les pages de ce récit:

  • Encore une fois, la présence de l’éternel duo, le policier sans peur et sans reproche et la belle, jolie, séduisante demoiselle qui accompagne le beau, séduisant commissaire et qui vont sûrement tomber en amour avant la page 99;
  • Pour pimenter le tout, des espions russes, une secte dirigée par une belle Lady anglaise, un industriel français, descendant des Cathares, des politiciens corrompus et certains grands Seigneurs à la robe rouge qui arpentent les couloirs qui mènent aux appartements du Pape;
  • Quelques invraisemblances ... mais si petites que l’on peut jouer le jeu ...(On en a vu des pires dans certains gros romans à succès ... dont une certaine chute à partir d’un hélicoptère ...);
  • Certains dialogues dont on saisit difficilement les protagonistes.

 


Ça vous rappelle certaines de vos dernières lectures ? Tout cela pourrait être le prélude d’un roman «déjà vu» ...

 Mais non ! L’histoire, même si elle est un peu complexe, nous amène son lot de surprises et d'intrigues.

 Avant de passer aux nombreuses qualités de ce livre, faisons donc un petit tour d’horizon des événements qui déclencheront cette enquête qui va mener l’inspecteur Thierry Dulac, inspecteur d’Interpol France, à Paris, Londres, Rome, Moscou, dans les Antilles ... et au Canada !

Dans une station de ski suisse, un cadavre est découvert, ligoté à la structure d’un remonte-pente; très vite, on identifie le corps de Mgr Antoine Salvador. Quelques jours plus tard, un deuxième assassinat est commis contre un autre prince du Vatican ... les deux corps avaient été ornés d’une plaquette de bois où était inscrite une phrase énigmatique. On ferait donc appel à une jeune professeur de la Sorbonne, Karen Dawson, spécialiste des mythologies à qui l’on confie l’analyse des textes: «Le lion est mort. Le Dragon est blessé.» et «Le boeuf est tombé, le Dragon est blessé.».

Voilà lancée cette enquête où la transparence entre les différentes polices n’est pas la règle et où l’opacité des pouvoirs civils et religieux donne l’impression que les Dix commandements ont été réécrits en un seul mot: Silence !!

Et l’ultimatum arrive sur un papier orné d’une extraordinaire enluminure, généralement utilisée par la secte «Pistis Sophia», «exige que soient vendus quatre des toiles du Vatican et que les profits soient versés aux pauvres d’Afrique.»

Parmi les grandes qualités de ce livre, il faut souligner les éléments suivants:

  • Tout d’abord, il faut souligner (clin d’oeil à mes fidèles lecteurs et lectrices) que «La danse des évêques» est un excellent «page turner» et j’oserais même avancer une très belle expression proposée par Marie-Christine (merci beaucoup !!!): ce roman est un «livre-braises» ... Les pages et les chapitres nous brûlent les doigts ... Seul le léger souffle des pages qui tournent et la construction haletante du récit ... soulagent cette si rare et agréable douleur connue des lecteurs de polars;
  • Les personnages sont attachants, bien présentés et très vite, on apprend à les connaître, à anticiper leur réaction, leurs désirs, leur motivation. (Même si c’était une «méchante», j’ai bien aimé le personnage de Lady Sarah Litman, marquise de Dorset);
  • Le lecteur est transporté d’une situation à l’autre, d’un personnage à l’autre, de chapitre en chapitre, sans être perdu. Construit dans le plus pur style des romans à suspense, le récit nous approche graduellement du dénouement par des chemins de traverse, par des détours déroutants, par une montée des actions d’une intensité bien équilibrée. L’intrigue est simple, le chemin pour parvenir au dénouement est complexe. Heureusement, l’auteur nous raccroche à chaque chapitre ... après ce petit deuil que l’on vit tous quand il nous amène vers d’autres personnages.
  • Un dernier élément fort intéressant, prenant si peu de place dans le roman mais lui donnant une saveur très particulière: le dilemme moral de la fille d’un des meurtriers qui se voit offrir en héritage, «l’argent du sang» ... « ... ployant sous le poids du lourd trésor tant désiré et d’un lourd secret indésirable.» Ne connaissant pas les intentions du romancier pour ses futurs écrits ... ce personnage m’a particulièrement fasciné. La reverrons-nous ?

Bien sûr, je ne vous dirai pas que ce livre est un «grand roman» qui va révolutionner le genre; cependant, ce que je peux affirmer sans aucune crainte, c’est que ce livre va vous procurer de très bons moments de lecture. Vous serez happé par l’histoire, accroché par les chapitres courts, l’écriture sans fard et finalement, porté par une vitesse de croisière parfois hallucinante.

Bref, comme le suggérait humoristiquement Pichennette, «La danse des évêques» est un «tunirapatecoucher. »

Alors, la prochaine fois que vous fréquenterez votre librairie préférée, lecteur boulimique et curieux, il ne faut pas hésiter à regarder dans les rayonnages de côté, région éloignée des îlots de nouveautés et à se payer une découverte qui en vaut la peine.

Dan Brown n’a plus besoin de votre argent; certains auteurs, comme André K. Baby, ont besoin de lecteurs.

Au plaisir de la découverte.
Bonne lecture !

Richard,
Polar Noir et blanc : http://lecturederichard.over-blog.com/

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 La danse des évêques
André K. Baby
Marcel Broquet La nouvelle édition
2010
404 pages

 Le roman est disponible à la Librairie du Québec à Paris

 

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Un pied au paradis, de Ron Rash

rash2.jpgUne chronique d'oncle Paul.

Dans cette partie nord de la Caroline du Sud, non loin de sa petite sœur la Caroline du Nord et de la Géorgie, les paysans cultivaient dans les années 50 le maïs, le tabac, les haricots et les choux. C’étaient de petites parcelles travaillées à la main et à l’aide d’un cheval de labour, le terrain en pente ne se prêtant guère aux engins motorisés et les cultivateurs n’ayant pas les moyens de s’en acheter.

Et en ce mois d’août 1952, à Jocassee, la sécheresse guette les récoltes, sauf celle du tabac et des choux car les plantations jouxtent la rivière et sont donc irriguées. Billy Holcombe entretient ses parcelles malgré un léger handicap dû à une poliomyélite contractée alors qu’il était tout jeune. Il sarcle ses plants de tabac, un travail pénible à être à longueur de journées le dos plié, à surveiller l’apparition de maladies et d’insectes nuisibles. Le shérif Alexander le surprend dans cette tâche harassante mais Billy n’a pas l’air étonné de recevoir cette visite impromptue.

La veuve Winchester s’est plainte de la disparition de son fils Holland jeune homme bagarreur, de retour de Corée, obtenant la Golden Star, et elle a accusé Billy de l’avoir tué. Holland avait enfilé ses affaires militaires, laissant son pick-up dans la cour. Elle assure avoir entendu un coup de fusil. Trois raisons pour affirmer que son gars a été assassiné et que Billy en est le meurtrier.

Le shérif Alexander demande donc à Billy s’il a aperçu Holland, lui posant des questions pièges, mais à chaque fois Billy s’en sort avec une pirouette. Alexander est persuadé que Billy a perpétré un meurtre, mais il n’a rien sous la main pour étayer son intime conviction. Des buses dans le ciel ? Ah oui, c’est à cause de mon cheval que j’ai dû abattre. Peux-tu m’emmener sur place ? Oui, pas de problème. Ton cheval blessé à la patte, il a traversé quand même la rivière ? Oui, le l’ai aidé.

Le lendemain, accompagné de son adjoint et de quelques gars, Alexander participe aux recherches mais pas de corps. Il traîne bien le cadavre du cheval sur quelques mètres, mais pas la moindre trace de terre fraîchement remuée. Une intime conviction, pas de preuves, pas de cadavre, rien, il ne possède rien de tangible, de concret.

Un roman qui se décline comme un quintet, cinq voix pour narrer ce qu’il s’est véritablement passé, et la suite vingt ans plus tard. Après le récit du shérif, c’est Billy qui donne sa version, plus complète, incluant le passé, le présent et l’avenir, sa version, celle qu’il peut raconter car il ne connait pas tout. Ensuite sa jeune femme prend la parole, approfondit cette version, l’enrichit d’éléments nouveaux, mais l’histoire ne s’arrête pas en si bon chemin. Le fils lui aussi apporte sa pierre à l’édifice vingt ans plus tard, enfin l’adjoint du shérif Alexander offre sa touche finale.

Dans une ambiance profondément rurale, ce roman se démarque profondément de ce que l’on peut lire actuellement. Pas de violence et de scènes de sexe gratuites. Tout est dans le suggéré, parfois dans le non dit, avec une forme de tendresse envers les personnages. Billy Holcombe et Amy sa femme, mariés jeune, surtout elle, qui sont confrontés aux difficultés de la terre et de la semence, Holland Winchester, un gars hâbleur qui jouit de sa participation à la guerre de Corée, sa mère persuadée, sûrement à raison, du meurtre de son fils mais ne pouvant qu’évoquer des suspicions, la veuve Glendower, pratiquant la médecine phytothérapique.

Et par-dessus tout ça plane le spectre de la Carolina Power, une compagnie qui met tout en œuvre pour édifier un barrage. Car en ce coin d’Amérique profonde, les Holcombe par exemple ne sont pas reliés à l’électricité. Et s’il fallait placer un parallèle, comme en quatrième de couverture est évoqué Giono, je pencherai aussi en gardant le contexte français pour Jean-Pierre Chabrol. Un roman dur et tendre à la fois, dans lequel l’enquête policière ne sert que de support, chacun des protagonistes se dévoilant peu à peu telle une strip-teaseuse pudique. A signaler que Jocasssee est devenu un lac dans les années 70, situé non loin de Salem et fut un ancien territoire Cherokee, comme le précise dans son livre Ron Rash qui part donc d’un élément concret pour écrire son histoire.

 

Paul (Les lectures de l'oncle Paul)

 

Un pied au Paradis. (One foot in Eden- 2002)
Ron RASH  
traduit de l’anglo-américain par Isabelle Reinharez. Réédition Editions du Masque).
Le Livre de Poche Policier  
320 pages. 6,60€.

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20/09/2012 | Lien permanent

La zygène de la filipendule, de Ricardo Salvador

lezygenedelafilipendule.jpgUne chronique de Cassiopée

Et le tueur est …..

Attendez ! Vous n’avez pas imaginé un seul instant que j’allais vous dire qui tue la nuit (et parfois le jour) agissant comme le papillon ayant donné son nom au titre de ce roman ?

Non, n’insistez pas, même torturée par les porcs-épics ou les grenouilles tueuses, je ne dirai rien. Il vous faudra lire ce livre vous-même.

Comme vous l’aurez compris avec le titre, qui est à lui seul une façon d’avoir le sourire aux lèvres (prononcez-le devant un miroir, regardez-vous et vous verrez les commissures de vos lèvres se relever toutes seules …. et probablement vos yeux pétiller de plaisir…) ainsi que la quatrième de couverture, vous avez affaire là à un roman sortant de l’ordinaire. Déjanté juste ce qu’il faut, désopilant à souhait, l’humour est omniprésent de différentes manières.

Surprenant par le lieu principal où se déroulent les événements (dans un zoo),
surprenant par son écriture marquée de jeux de « noms » (Monsieur Lapaud-de Loursse, Monsieur Egoïne, médecin légiste qui dissèque les cadavres, …. chacun porte un nom qui est à lire à haute voix pour sourire),
surprenant par les différentes situations, comiques même lorsqu’elles sont dramatiques,
surprenant par le contenu, le fil conducteur,
surprenant par l’humour des comparaisons évoquées (un immense lustre de cristal d’au moins une demi tonne pendait à quatre mètres du sol comme une espèce de vaisseau spatial silencieux et scintillant…),
surprenant car nous faisant sourire avec un langage soutenu, parfois un tantinet suranné (un succès fort mitigé auprès de la susnommée engeance plus encline à béer sur d’émoustillants pectoraux qu’à s’extasier devant une personnalité attachante)….
surprenant, vous di-je ….

Mélangez intelligemment toutes ces « surprises » et vous vous trouverez devant une bonne tranche de rigolade …. et un livre jubilatoire sortant des sentiers (de zoo) battus ...

Les personnages évoqués sont « ciblés », quelques caractéristiques bien choisies servent à les décrire, pas d’étude psychologique, mais ça ne se serait sans doute pas bien « marié » avec la spécificité de cet écrit.

Les trente-huit chapitres ont tous des titres longs, « à l’ancienne », « Dans lesquels sont rappelés certains faits du susnommé chapitre. »

J’ai plusieurs fois pensé à « la jument verte » de Marcel Aymé (dont je vous livre la première phrase : « Au village de Claquebue naquit un jour une jument verte, non pas de ce vert pisseux qui accompagne la décrépitude chez les carnes de poil blanc, mais d'un joli vert de jade. », Aymé, qui aimait, lui aussi, jouer avec les mots ….

Les animaux cités, sont presque humains, leur comportement peut nous envoyer comme autant de petits signaux sur nos travers, notre attitude …
Leurs moeurs, habitudes et modes de vie sont aussi bien expliqués (l'auteur s'est-il renseigné?) .... malgré une part de fantaisie (pour le dodo, je ne suis pas certaine que la date de sa disparition soit si précise)....

Ricardo Salvador a réussi à nous livrer cinq cents pages amusantes, originales ; changeant des « policiers » habituels, maintenant nos sens en éveil par le plaisir des mots, et rien que pour cela, il vaut largement le détour ou la ligne droite pour aller à sa rencontre.

Cassiopée

 

La zygène de la filipendule
de Ricardo Salvador
Kyklos Editions (22 juin 2011)
25 €

 

Présentation de l'éditeur

Dans l'enceinte d un zoo en faillite voué à une reconversion en centre de loisirs, un des repreneurs chargés de fermer le site est retrouvé assassiné. Un commissaire qui souffre d'une homonymie fâcheuse avec un célèbre policier belge mène l'enquête, aidé en cela par un médecin légiste déjanté et un inspecteur aussi dévoué qu'inefficace. L'autopsie aboutit à un premier constat improbable : c'est un éléphant qui aurait fait le coup ! Ou un ours... ou peut-être bien les deux ? Mais ce n'est qu'un début, un second cadavre fait bientôt son apparition, puis un troisième... Dans cette jungle urbaine, tout le monde se retrouve dans le collimateur du commissaire : Nestor, le soigneur du zoo, son frère Pollux, bohème notoire et joueur endetté, le directeur du zoo idéaliste alcoolo, l'ambitieux sous-directeur, les membres du conseil d'administration, Joséphine, la femme de service, sorcière à ses heures, et Ginette, la caissière, qui se prépare à une nouvelle invasion teutonne... Immergé dans un univers où les plus dangereux prédateurs ne sont pas forcément ceux que l'on croit, le policier patauge et l'enquête piétine. Ajoutez à cela des vautours rigolards, un orang-outan amateur d'équations différentielles, un lama psychopathe, un tigre végétarien, un couple de dendrobates, sans oublier la fameuse « zygène », et vous obtiendrez un roman dé-zoo-pilant...

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Jacques Côté au salon du livre de Paris

Une chronique de Richard  (polars québécois)

Il y a quelques mois, j’avais écrit une chronique sur le premier roman de cette nouvelle série, écrite par Jacques Côté (voir ici ...). Comme beaucoup de mes lecteurs européens ont manifesté de l’intérêt pour ce premier roman, je me permets de vous reproduire le communiqué de presse des Éditions Alire, annonçant la présence de Jacques Côté au Salon du livre de Paris.

Venez rencontrer Jacques Côté lors du salon du livre
de Paris. Il sera au stand des Éditions Alire (U31).

18 mars, de 14h00 à 16h00
19 mars, de 17h00 à 19h00
20 mars, de 15h00 à 17h00


Jacques Côté est l’un des auteurs de romans policiers les plus lus au Québec. Honoré de plusieurs prix littéraires pour sa série d’enquêtes policières ainsi que pour sa biographie de Wilfrid Derome, il nous offrait l’automne dernier le premier tome de son tout nouvel opus: « Les Cahiers noirs de l’aliéniste ».

La série


Cette série se déroule de 1885 à 1918. Elle a comme personnage central le docteur Georges Villeneuve, un aliéniste montréalais qui fut l’un des pionniers de la médecine légale au Québec. La série mettra aussi en scène le lieutenant Lafontaine, policier de la ville de Montréal, qu’on retrouvera, tout comme le docteur Wyatt Johnston, dans quelques enquêtes. Chacun des romans met l’accent sur une affaire principale, mais le lecteur découvre également ce qu’est la vie asilaire, les morgues du XIXe siècle, les avancées et les lacunes de la médecine en matière médico-légale, la vie à Montréal durant la Belle Époque, etc.

Le premier tome, "Dans le quartier des agités"


Paris, juillet 1889. Villeneuve a complété ses études en médecine. Désireux de se spécialiser en médecine légale des aliénés, il se rend à l’asile Sainte-Anne de Paris pour étudier sous Magnan et à la Salpêtrière avec Charcot. Il en profite pour assister au cours de Brouardel à la morgue de Paris et suit les formations de Mégnin en entomologie judiciaire. À la veille d’un congrès de médecine mentale, le docteur Magnan confie à son jeune interne le suivi d’un malade que l’on croit être l’égorgeur d’une prostituée, et qui se réfugie dans le silence et refuse de s’alimenter. Magnan, qui a la réputation de protéger les aliénés contre une justice expéditive, doit freiner les ardeurs du commissaire Goron qui croit détenir l’assassin surnommé le coupeur de nattes. Villeneuve se met en quête de l’identité de l’aliéné, mais aussi du bon Samaritain qui a conduit l’homme à l’asile et qui en sait peut-être beaucoup sur le meurtre. Cette enquête le mènera sur le chemin d’un être fascinant et décadent… La démence réside parfois hors des murs des asiles.

 

Sous la plume de Jacques Côté, Paris devient un personnage majeur du roman. On s’y retrouve en 1889, à l’inauguration de la Tour Eiffel et de la Galerie des Machines, pendant l’Exposition universelle. On y voit un Paris dynamique transporté par un vent de changements. Le Moulin Rouge va bientôt ouvrir ses portes et l’ambiance est fébrile...

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Le deuxième tome, Le Sang des prairies, sera publié au printemps 2011 (disponible en Europe peu de temps après, mais disponible en format numérique dès sa publication).

Un auteur québécois met en scène l’asile Sainte-Anne


Jacques Côté à Paris


"Dans le quartier des agités"


3 manières de vous le procurer:


• Au salon du livre de Paris 2011;
• Commande auprès de votre libraire préféré;
• En format numérique sur www.librairiedialogues..fr

Richard,
Polar Noir et blanc : http://lecturederichard.over-blog.com/

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19/03/2011 | Lien permanent

Bloody Cocktail, de James M. Cain

bloody_cocktail.pngUne chronique de Jacques.

 Quand la femme est forcément... fatale.

James M. Cain, qui est avec Dashiell Hammet et Raymond Chandler le maître du roman noir américain du milieu du siècle dernier, reprend, avec ce Bloody cocktail, un des grands thèmes des années 50/60 : le personnage de la femme fatale.

Dans cet ultime écrit qui ne fut publié qu’après sa mort, l’auteur de « Le facteur sonne toujours deux fois » et « Assurance sur la mort » utilise deux des ressorts classiques de ses personnages sulfureux : l’argent et le sexe. Et il le fait avec  habileté, comme nous allons le voir.

La narratrice n’est autre que la femme fatale elle-même, Joan Medford, une superbe créature dont le mari vient de mourir dans un accident de voiture. Suspectée sans preuve par sa belle sœur et la police d’être responsable de la mort de son mari, Joan est obligée de trouver un travail qui lui permettra d’obtenir la garde de son jeune fils. Elle devient alors serveuse dans un bar dont la double spécialité et de proposer à sa clientèle essentiellement masculine et parfois fortunée, des cocktails sophistiqués servis par d’accortes jeunes femmes peu habillées. Le physique sculptural de Joan lui assure un succès immédiat et des pourboires qui font son bonheur. Très vite deux hommes très différents vont tomber sous son charme : le jeune Tom Barclay, aussi séduisant que fauché, et Earl K. White III, un richissime vieillard au cœur fragile. Tous les ingrédients sont en place pour conduire ces trois personnes vers un drame que le lecteur pressent comme inévitable, même s’il en ignore l’issue.

L’habileté de l’auteur consiste à choisir Joan comme narratrice de l’histoire. Elle donne donc sa version des évènements sans que l’on sache exactement ce qui l’a décidé à l’enregistrer. Nous découvrons à travers son récit une jeune femme qui semble un peu perdue après la mort de son mari. Faute d’argent, elle est obligée de laisser son fils à la garde d’une belle sœur qui la déteste et la croit coupable de la mort de son frère, et elle décide d’accepter un travail difficile, mais bien rémunéré dans le bar Garden of Roses.

Au fil des pages, Joan se révèle au lecteur avec toutes ses contradictions. Oui, elle a besoin d’argent. Oui elle est amoureuse du jeune et fantasque Tom. Oui, elle est fascinée par la richesse de Earl K. White III et fait tout pour que celui-ci soit amoureux d’elle au point de vouloir l’épouser.

Elle nous apparait comme une femme volontaire, obsédée par l’argent, mais pour une bonne raison : pouvoir reprendre son fils. Victime des circonstances plutôt que coupable potentielle, elle se trouve rapidement prise dans un engrenage qui la dépasse et qui va la conduire très loin.

Mais le lecteur ne manque pas de se poser quelques questions sur la raison qui pousse Joan à écrire son histoire. À qui l’écrit-elle ? Et pourquoi ? Et surtout : devons-nous croire ce qu’elle nous raconte ?

Nous aurons la réponse aux deux premières questions, et cette réponse nous donnera des indices forts pour la troisième, même si l’auteur réussit, avec une grande maitrise, à maintenir jusqu’au bout de son récit l’ambiguïté sur ce magnifique personnage de femme fatale. L’histoire va s’achever d’une façon inattendue autant qu’immorale.

Dans une postface très intéressante, l’éditeur du livre, Charles Ardai, raconte comment, vingt-cinq ans après la mort de Cain, il s’est trouvé devant une difficulté majeure quand il a voulu publier ce roman. L’auteur, perfectionniste, ayant remanié plusieurs fois celui-ci, Charles Ardai s’est trouvé devant plusieurs versions achevées et différentes du livre. Un travail passionnant pour un éditeur !

Je ne sais pas s’il a choisi la meilleure version (on peut quand même le supposer, Ardai étant un éditeur expérimenté), mais ce qui est sûr c’est que le lecteur n’oubliera pas ce beau personnage de femme séduisante, complexe, ambigüe. Une femme capable de trouver dans les rares interstices que la société fortement machiste de l’époque laissait aux femmes indépendantes, la possibilité d’arriver à ses fins inavouables par des moyens... qui l’étaient tout autant.

 

Bloody cocktail
James M. Cain T
raduction Pierre Brévignon
Éditions de l’Archipel (20 août 2014)
Collection Suspense
308 pages

 

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16/09/2014 | Lien permanent

Les gravats de la rade, de Marek Corbel

gravats_de_la-rade.jpgUne chronique de Paul

Mais il y eut aussi les braves gars de la rade !

Imaginez que vous entrez dans une salle de réunion? De petits groupes de quelques personnes bavardent, discutent, conversent. Vous vous approchez de l'un puis de l'autre, essayant de comprendre les propos échangés, mais tout cela vous parait fort confus.

Puis à un certain moment vous prenez en oreille un fil auquel vous vous raccrochez. Vous tirez doucement dessus et ce lien ténu en ramène d'autres, comme une dentelle, comme un filet de pêche, une nasse grouillante et vous parvenez enfin à relier tout ce puzzle qui joue avec le temps. Des événements qui se déroulent pour certains à partir de la fin octobre 2011 à Brest et ses environs, pour d'autres en octobre 1943 dans la prison Jacques Cartier de Rennes.

 Dans un coin, des personnes évoquent la mort de la veuve Le Moign, riche héritière d'un élevage porcin industriel et d'une conserverie de pâtés fort prisés. Elle est décédée dans l'incendie de sa villa de Plougonvelin, seulement à l'autopsie il est démontré qu'elle possède dans le corps un plomb impropre à la consommation. Il s'agit d'une balle provenant selon toute vraisemblance d'une arme ancienne et étrangère. L'affaire est confiée au capitaine Gourmelon, de la gendarmerie territoriale, ce qui n'arrange vraiment pas son ex-femme qui pense qu'il a encore trouvé une échappatoire pour se défiler de la garde des gamins. Et comme le garçon a été privilégié par rapport à la fille, les doutes sont permis sur une éventuelle jalousie. 

Dans un autre endroit, on parle du corps d'un vieil homme a été ramené dans ses hélices. Un vieil homme âgé de près de soixante-dix ans selon les premières constatations. L'homme était atteint d'une tumeur en phase terminale au cerveau. Un suicide, apparemment par une balle, seulement la balle proviendrait d'une arme à feu ancienne et étrangère. Et comme il est impossible de retrouver l'arme, là aussi des doutes se forgent dans les neurones de Sahliah Oudjani, lieutenant à la gendarmerie maritime. L'affaire n'avance pas assez vite au goût du juge Salaun. Le cadavre est bientôt identifié, il s'agit d'un ancien responsable de la Fraction armée rouge en Allemagne de l'Ouest dans les années 1970, début 1980, du nom de Hans Schwitzer, qui a passé une vingtaine d'année en prison et n'a été libéré qu'en 2005.

 Voyons ce qui se dit ailleurs, dans un autre groupe. Il est question de Maryse Dantec, nouvelle retraitée qui a décidé de reprendre ses études d'histoire, de passer un master II, dont le thème est lié à la Résistance à l'Arsenal de Brest durant la seconde guerre mondiale. Par la même occasion elle veille sur son père hospitalisé à Brest, et qui fut durant quelques décennies maire communiste de la ville de Saint-Denis, l'un des fiefs de la ceinture rouge parisienne.

 Enfin, dans un coin, cachés dans une pénombre prononcée, des silhouettes plongées dans une opacité entretenue, se remémorent Yves, interné dans la prison Jacques Cartier de Rennes. Des fantômes qui ont pour nom Eliane, Robert-Max, Guermeur, Dantec, Morriss, un employé de la préfecture, un nommé Mercier qui fricote avec les Nazis qui tiennent Brest, et le patronyme de Trotski qui flotte comme un étendard, des phrases qui circulent emportées par le vent, La crise historique de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire, des probabilités avancées, le basculement possible des staliniens, choisir entre une idéologie ou des représentants de la bourgeoisie, Churchill, De Gaulle, des problèmes de conscience, des trahisons...

 Peu à peu les groupes du capitaine Gourmelon et du lieutenant Oudjani se rapprochent insensiblement, car il est indiscutable que les deux affaires qu'ils ont en charge sont liés.

 Des souvenirs segmentés, comme incomplets...un lien ténu entre hier et aujourd'hui, qui tire dans sa nasse la bêtise humaine, séculaire, l'aveuglement de quelques dogmatiques qui pensent détenir la vérité, et qui conduisent aux meurtres via une lâcheté stupide et dégénérée. L'histoire se répète, pas toujours dans les mêmes circonstances, pas toujours au même endroit, mais l'on ne peut nier quelques corrélations entre événements d'hier et ceux d'aujourd'hui, celle d'idéologies malsaines, néfastes ou mal interprétées.

Le blog de Paul : les lectures de l’oncle Paul

Les gravats de la rade
Marek CORBEL
Collection Zones Noires
Editions Wartberg.
Parution 17 septembre 2015.
208 pages. 10,90€.

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19/11/2015 | Lien permanent

Igneus, de Patrick S. VAST

igneus.jpgUne chronique de Cassiopée.

 Patrick S. VAST s’essaie à différents genres dans ses romans et cela lui réussit bien.

Cette fois-ci, il donne une grande part à la musique (avec une playlist en fin d’ouvrage, merci),il ajoute  un peu d’ésotérisme, des dérives sectaires et une enquête dans le présent en rapport avec un événement datant de vingt ans en arrière. Et bien entendu, tout est lié avec brio !

 Aralf vient de mourir brûlé vif, il s’est consumé dans la rue, comme ça, sans raison, et les membres de son groupe de rock métal, dont la jeune Jizza, sont dans l’ennui. Que vont-ils faire ? Continuer ou abandonner ? Cette  mort mystérieuse est-elle liée à leur activité musicale ? Sont-ils en danger ?

 Dans un autre coin de la France, en Aveyron, un enfant perdu recherche de l’aide auprès des habitants d’une maison. Ces derniers n’ont pas le même avis face à la situation et le petit garçon est rejeté. Il semblerait qu’il se soit enfui d’un institut (proche de la demeure où l’enfant a cherché refuge) dont  les responsables animent des soirées et des ateliers sataniques. De jeunes employées essaient de dénoncer cette situation mais comment agir sans se mettre en faute ou en en péril ? Et puis, cet établissement fournit du travail à de nombreuses personnes de la région et sans lui, elles seraient probablement  au chômage…. S’il est donc nécessaire d’agir pour dénoncer les événements, il faut le faire avec beaucoup de prudence ….

 Quelles relations entre Jizza (et la musique) et les gens de l’aveyronnais ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire … Sachez seulement que l’auteur manie à merveille l’art du suspense.  Son écriture est nette, pas encombrée de fioritures inutiles mais avec ce qu’il faut de renseignements pour camper les différents personnages.   En dehors de ceux que j’ai déjà mentionnés, on va également rencontrer : le père de Jizza, un « journaliste » spécialisé, un policier et bien d’autres …. Et c’est là que Patrick S. VAST va faire très fort, réussissant à mettre en rapport tous les éléments, tous les individus (passés et présents)  sans que cela nous paraisse confus, embrouillé ou peu plausible.  De plus, la part d’ésotérisme est dosée avec justesse, apportant une note de fantaisie à l’ensemble du roman.

 Dans un même chapitre, l’auteur nous entraîne d’un lieu à l’autre, visitant différents personnages et leurs compagnons. Nous découvrons ainsi, petit à petit, la part d’ombre de certains, ce qui les hante, ce qui les obsède. Le capitaine Legrand, le policier, est un homme intègre, opiniâtre, qui flirte parfois avec les limites lorsqu’il veut obtenir un résultat. J’ai apprécié sa « place » dans l’ensemble de l’intrigue. L’air de rien, sa personnalité est assez aboutie et plutôt intéressante.

 C’est donc une lecture qui m’a beaucoup plu car j’y ai trouvé ce que je recherche : du rythme, un contenu bien ficelé et cerise sur le gâteau : de la musique….

 

Igneus
Auteur : Patrick S. VAST
Éditeur : Fleur Sauvage (Novembre 2015)
ISBN : 979 10 94428 08 5
208 pages

 

Quatrième de couverture

 Toussaint 1984 : Dans l’incendie d'une discothèque de Tournai, 150 personnes périssent, dont les quatre musiciens du groupe rock Wild Mind.
Toussaint 2014 : Dans une rue de Lille, un jeune homme meurt brûlé vif, une jeune femme se rend à un mystérieux rendez-vous dans le lieu de l'ancienne discothèque et, dans la campagne aveyronnaise, un enfant s’enfuit dans la nuit.

 

 

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15/12/2015 | Lien permanent

Ma révérence, de Lupano et Rotguen

 BMR_-_Ma_reverence.jpgUne chronique de Bruno (BMR ) 

Pour celles et ceux qui aiment les losers.

Crime et châtiment, version BD.

Nous voici partis sur la trace des braqueurs Vincent et Gaby, deux losers de banlieue, mis en scène et en images par Wilfrid Lupano(scénario) et Rodguen (dessin) dans l'album : Ma révérence.

[Rodguen : Rodolphe Guenoden est un picard émigré à Los Angeles où il travaille pour Dreamworks (et Kung-fu Panda entre autres !)]

Dans une BD on est souvent tiré et attiré par le dessin ou par le scénario. Ici c'est clairement le texte qui sert de locomotive : un texte percutant et enlevé, très dynamique, relevé par une voix off qui ponctue le récit, de sacrés personnages, une véritable petite nouvelle (la BD fait quand même 130 pages) qu'on dévore avec avidité.

Entre les dialogues des bulles et la voix off, le texte reste donc astucieusement dans le registre verbal pour éviter les explications trop longues qui ne rentrent pas dans le format d'une planche de BD.

Les flash-backs et les parenthèses dynamisent tout cela sans qu'on s'y perde un instant, le temps de faire la connaissance d'une belle galerie de portraits.

Mais la qualité remarquable du texte n'enlève rien aux mérites du dessin (c'est d'ailleurs un premier coup d’œil sur les planches qui aura achevé de nous convaincre d'acheter l'album), un dessin qui brille par une mise en page tout aussi dynamique avec des cadrages et des angles de vue très cinéma.

L'ensemble (voix off, ambiance polar, dessin nerveux et moderne, importance du texte, ...) fait un peu penser à l’atmosphère de la BD Le Tueur.

Petit coup de cœur donc pour cette histoire de braquage caritatif : le loser Vincent s'acoquine avec le loser Gaby pour braquer un convoyeur loser qu'ils côtoient dans un bar de losers.

« […] Depuis maintenant un mois, je bois mon café tous les matins à la brasserie des Sports, à côté de Bernard. Il est convoyeur de fonds… Bernard, c’est mon ticket pour les tropiques. Un beau jour, j’ai pris la décision ferme et définitive de m’emparer de tout l’argent que contient son camion et de tirer ma révérence… et ce jour-là, ma vie a changé. » 

Mais un braquage à la Robin des Bois puisque Vincent et sa conscience élastique ont prévu de redistribuer les fonds en partie aux convoyeurs et en partie en Afrique. Enfin, l'Afrique c'est plutôt Vincent qui va emmener les fonds avec lui pour y retrouver sa doudou et vivre au soleil avec elle ... on n’est vraiment pas loin du hold-up humanitaire, n'est-il pas ?

« […] - Disons que je vais contribuer à transférer des capitaux régionaux vers les pays en voie de développement. - Du bizness ? Tu vas faire du bizness ? International ? - Pas vraiment. Je m’occupe surtout de faciliter les formalités administratives … simplifier les procédures. - Tu fais ça tout seul ? - Non j’ai un associé. »

Bien entendu, histoire de braquage oblige, rien ne va se dérouler comme prévu.

Dans ce qui est plus un drame social qu'un véritable polar, Lupano s'amuse à empiler les clichés pour mieux les détourner progressivement au fil de l'intrigue.

Et au passage il en profite pour délivrer quelques messages sans prétention sur le racisme, l'homophobie ou les relations nord-sud.

Quelques planches de l’album : [1] [2] [3] [4]

 Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR

Ma révérence
Wilfied Lupano  (auteur)
 Rotguen (illustrations)
Ed. Delcourt (sept. 2013)
128 pages

 

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14/09/2014 | Lien permanent

Dévorer les ténèbres, de Richard Lloyd Parry (People Who Eat Darkness)

007073229.jpgUne chronique de Cassiopée

Ce livre n’est pas un roman, c’est un récit, un compte-rendu d’enquête.

Richard Lloyd Parry est journaliste. Il était correspondant étranger, et se « reposait » au Japon (où il représente le Times) entre deux missions plus difficiles comme le Pakistan ou l’Irak. Dès le début de la disparition de Lucie Blackman, il a été fasciné par cette histoire. Il a suivi de près cette affaire et a rédigé de nombreux articles. Mais, il n’a pas pu en rester là, il a donc mené son enquête, espérant être celui qui la retrouverait…..

Dans ce recueil, l’auteur va d’abord prendre le temps de nous présenter la jeune femme. Lucie, 21 ans, couverte de dettes en Angleterre, est partie à Tokyo avec une amie. Pour quelques mois, afin de se remettre à flots. Toutes deux travaillaient dans un bar, où elles servaient de compagnie (de façon très chaste) à des hommes qu’elles essayaient d’inciter à dépenser beaucoup. Lucie avait été auparavant hôtesse de l’air. Pas vraiment en harmonie avec elle-même (dans son journal intime, elle dit qu’elle ne s’aime pas), elle essaie de faire face mais reste assez imprévisible. Un soir, elle fait un petit extra avec un client en dehors du club où elle travaille. Puis elle ne rentre pas. Sa compagne de chambre, Louise, s’inquiète mais elle reçoit un appel rassurant d’un homme qui signale que Lucie est entrée dans une secte et qu’elle demande qu’on la laisse vivre sa vie…. Cela lui semble bizarre et elle alerte la famille de sa copine.

S’en suivra une enquête, des recherches et après de longs mois, on retrouve l’homme avec qui elle avait passé la soirée, un certain Obara, pas net du tout, qui va être interrogé, suivi, accusé

Le journaliste va s’attacher à comprendre, à cerner, tout ce qui a été dit mais également tout ce qui a été tu. C’est impressionnant comme cette histoire a envahi son quotidien, à tel point qu’il diligentait des personnes pour assister au procès de Obara. Il a enquêté dans tous les milieux en lien avec cette disparition. Il est allé très loin dans ses investigations. Par l’intermédiaire de son récit, le lecteur découvre ce qui a amené Lucie à Tokyo, combien les rapports entre les membres de sa famille sont délicats. On se rend compte aussi que cette jeune femme avait une personnalité complexe, presque torturée parfois. Pour mieux saisir ce qu’il s’est passé, l’auteur nous emmène au cœur des mœurs japonaises (notamment la sexualité et le fait que les japonais sont à la fois attirés et apeurés par l’idée d’un mariage avec une occidentale), au plus près du fonctionnement de la police, de la justice et tout cela nous montre combien les repères sont différents lorsqu’on n’est pas dans son pays. Les parents de Lucie ne se positionnent pas de la même façon. Son père est à l’aise avec les médias, il en fait presque trop… Sa mère semble souvent en colère contre lui. Quant à Obara, dans quelques chapitres, on lit qu’il a un côté obscur, qui fait peur, qu’il est dangereux et on se demande comment Lucie a pu accepter d’aller avec lui ….  Était-elle manipulée, droguée ?

Richard Lloyd Parry a fait un travail remarquable. Je voudrais bien savoir comment son texte a été reçu au Japon car en filigrane, le déroulement de l’enquête, les méthodes, sont un peu écorchés.
Il a réussi à trouver un équilibre dans son compte-rendu entre la présentation de Lucie, la vie sur place, l’enquête, le procès, le portrait de l’accusé …. Il un ton très juste, il n’en rajoute pas, il reste factuel, il ne dramatise rien, il relate les faits et malgré tout il nous captive ce qui prouve que son écriture est prenante, son contenu intéressant puisqu’il réussit à maintenir l’intérêt de celui qui lit.

J’ai vraiment eu l’impression d’être de l’autre côté du miroir, au cœur des événements et de suivre ce journaliste pas à pas. Une belle réussite !

 

Enquête sur la disparue de Tokyo
Traduit de   Paul Simon Bouffartigue
Éditions : Sonatine (6 Février 2020)
528 pages

Quatrième de couverture

Lucie Blackman est grande, blonde et sévèrement endettée. En 2000, l'été de ses vingt et un ans, cette jeune Anglaise travaille dans un bar à hôtesses de Roppongi - quartier chaud de Tokyo - lorsqu'elle disparaît sans laisser de traces.

 

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15/02/2020 | Lien permanent

Le 100 è singe, de Stéphane Lanos

Lanos.jpgUne chronique de Cassiopée

« L’impossible, nous ne l’atteignons pas mais il nous sert de lanterne. »

Ce roman qui se définit comme un thriller politique dans sa présentation est également un cri d’alerte.

Dans les premières pages, on suit diverses personnes à des dates précises : 1979, 1986, 1995 etc… Il faut bien les repérer car après on va tous les retrouver et découvrir ce qu’ils sont devenus. C’est intéressant de voir ce qui a pu influencer leur personnalité. Même si c’est assez bref, on voit ce qui les a construits, ce qui les motive.

Ce pourrait être demain…. C’est même parfois, déjà, aujourd’hui…. Et ce qu’on lit, interpelle, questionne, angoisse également… Ne nous laissons pas endormir, ouvrons les yeux….

Dans ce récit, le réchauffement climatique a fait des dégâts énormes et devant le comportement un tantinet attentiste de l’état, certains se décident à agir. Des comités de vigilance se mettent en place, l’idée serait bonne mais ça dérape, et ce sont plutôt des milices avec toutes les dérives possibles qui agissent. Certains les soutiennent, d’autres en ont peur et aimeraient se révolter. Les individus que l’on a appris à connaître se positionnent, hésitent, parlent, se taisent, se mettent en avant, se font oublier, comprennent ce qui se trame ou font comme s’il ne se passait rien …. C’est leur cheminement que nous suivons sur plusieurs mois, voire années.  

L’auteur montre que la frontière entre le bien et le mal est parfois floue et que l’interprétation des faits peut prêter à confusion suivant celui ou celle qui observe, qui analyse.

« Le prof a dit comme toi, que le mal et le bien étaient en nous, côte à côte, et qu’ils n’arrêtaient pas de se faire la guerre au fond de notre tête, que c’était même ça notre liberté, choisir entre les deux et que c’était un combat de tous les jours. »

Il présente des situations et des événements où le (la) protagoniste doit se décider rapidement et quelques fois, pour la vie ou la mort. Qu’est-ce qui pousse un homme ou une femme à de telles extrémités ? Au nom de quoi, pour qui, dans quel but ? Stéphane Lanos nous parle de la place des médias, de leur rôle, de la manipulation d’un fait pour en donner une image qui correspond à ce que décident les gouvernants par exemple…. De nombreux chapitres sont consacrés à « Madame », qui n’est pas sans rappeler…chut, je ne dis rien….

Ce livre est rédigé sur un bon rythme, surtout une fois le « décor » planté. Le style est vif et l’écriture nerveuse. L’atmosphère est retranscrite avec doigté, on sent le malaise grandissant, l’emprise qu’ont certains sur les autres, soit parce qu’ils sont de beaux parleurs (menteurs ?), soit parce qu’ils savent apposer leur autorité pour rallier de plus en plus de monde à leur cause.

Il y a des passages qui m’ont noué le ventre. J’aurais voulu que ce soit différent mais, comme dans la vraie vie, on ne maîtrise pas tout, ni la maladie, ni la bêtise des hommes…. C’est sans doute ça qui fait la force de cet opus, il est ancré dans la réalité, celle dont on doit se méfier si on ne veut pas qu’elle devienne notre quotidien….

J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Elle m’a secouée, elle m’a fait serrer les poings mais elle m’a laissé une lueur d’espoir. Il y aura toujours des hommes et des femmes pour dire stop et garder en tête ce que doivent être les vraies valeurs humaines de partage, tolérance et respect.  

Éditions : de la Lanterne (3 février 2022)
ISBN : 978-2-9566386-6-7
552 pages

Quatrième de couverture

1er octobre 2019. Une tempête sans précédent frappe le sud-est de la France. Des villes majeures comme Toulon, Carcassonne ou Montpellier sont noyées sous les eaux. En réponse à l’incurie de l’État pour faire face à la catastrophe, des comités de vigilance se créent un peu partout sur le territoire.
30 juin 2023, 5h du matin. Le réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Cruas n’est plus refroidi. Entre ces deux événements, les tensions se nouent.

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18/02/2022 | Lien permanent

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