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19/07/2015

Les vrais durs meurent aussi, de Maurice Gouiran

gouiran.jpgUne chronique de Cassiopée.

 Si je vous dis C.A.F.I.  vous me dites  « je connais »  ou « c’est quoi ? » ?

Un indice ? Saint Livrade… Ça vous aide ?

Rassurez-vous. Moi non plus, honte à moi, j’ignorais tout du Centre d'Accueil des Français d'Indochine.

 En deux mots : Après le drame de Dien Bien Phu et les accords de Genève en 1954, l’Indochine est partagée en deux, tous ceux qui ne veulent pas vivre sous le régime du Nord Vietnam sont rapatriés en France à partir d’avril 1956. Ils (1200 personnes dont 740 enfants qui ont parfois des pères militaires français) sont accueillis sur la commune de Sainte Livrade dans un camp installé vite fait, sans trop de confort, qui deviendra le Centre d’Accueil des Rapatriés d’Indochine (CARI) puis plus tard le Camp d’Accueil des Français d’Indochine (CAFI).

Bref, c’est ça que j’apprécie chez Monsieur Gouiran : il met au grand jour des aspects du passé dont je ne sais rien ou pas grand-chose. Il les inclus avec brio dans une enquête mené par Clovis, son personnage récurrent. C’est tellement bien fait que ça ne ressemble pas à une leçon d’histoire rébarbative. Les éléments dits « historiques » sont introduits petit à petit et ainsi on découvre le sujet du livre. Pour celui-ci, il explique, dans les dernières pages, comment l’idée d’écrire sur ces femmes et ces hommes lui est venue.

 L’écriture de Maurice Gouiran est agréable, parfois teintée d’humour car Clovis s’ exprime comme quelqu’un du midi. Il lui faut le soleil et les paysages qui vont avec, de jolies femmes, des boissons fraîches et son accent se met à chanter, on l’entendrait presque en le lisant…

Les références (ici sur le camp de Saint Livrade) sont crédibles, précises, intégrées avec intelligence dans le récit global.

 Clovis, son personnage principal, est un ex  grand reporter, il vit dans la garrigue et aide ses amis si besoin. Cette fois-ci, ce sont d’anciens mercenaires qui sont retrouvés assassinés dans des conditions particulièrement atroces que je ne détaillerai pas. Pour quelles obscures raisons ? Qui peut agir ainsi et surtout pourquoi ? Ces soldats sont-ils reliés pat un même mystère ? Par un concours de circonstances, suite à la demande de  Biscottin, un des ses copains, Clovis va se retrouver à mener des investigations de très près. Pourtant le tueur est rapidement arrêté et le mobile trouvé : il aurait agi par vengeance. On ferme le livre et on passe au suivant ? Et non !

 Biscottin a reçu des documents d’un pote, le Polack, qui est maintenant introuvable. Clovis, aidé de la belle Alexandra, (qui a tout d’une femme complète : elle sait faire parler ceux que Clovis interroge (ah une présence féminine qui rassure) et elle est plutôt douée côté câlins), mène son enquête. Cela le(s) fait voyager de lieu en lieu, poser des questions, découvrir des aspects cachés de l’histoire et des événements dont la France n’est peut-être pas très fière (ce qui expliquerait la méconnaissance du C.A.F.I.).

 L’intrigue se suit sans problème Il y a un peu de légèreté de temps à autre et le plaisir de lire est complet. On garde en mémoire ce C.A.F.I. et on se dit que Maurice Gouiran, sans tabou, sans pathos, parle, avec un ton juste, de personnes qui ont souffert et on se dit que,  sans doute, certains de leurs descendants souffrent encore…. Et nous, on fait quoi ?

 

Les vrais durs meurent aussi
Auteur : Maurice Gouiran
Éditions : Jigal (Mai 2015)
Collection : Polar (Poche)
Nombre de pages : 336
ISBN : 979-10-92016-40-6

 

 Quatrième de couverture

 Qu’un légionnaire assassiné nous entraîne dans les méandres de la guerre d’Algérie… passe encore ! Mais quand deux, trois puis quatre de ces mercenaires à la retraite sont retrouvés égorgés, difficile d’imaginer que d’autres guerres plus anciennes, l’Indochine ou la 2e guerre mondiale, puissent en être la cause ! Et pourtant… Des faubourgs d’Alger au trésor perdu des nazis, du delta du Mékong aux lacs autrichiens, de New York au camp des oubliés de Sainte-Livrade, Clovis, égal à lui-même, va parcourir le monde et relire l’Histoire afin de démêler ce sac de nœuds aux racines obscures ! Mais quel est donc le lien entre les habitués du Beau Bar, ces virils baroudeurs, les rapatriés et la Madone de Botticelli ?