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05/07/2018

La dernière couverture, de Matthieu Dixon

la dernière couverture,matthieu dixon, Une chronique de Cassiopée

L’actualité n’est-elle qu’un immense jeu de dupes ?

Ancré dans la réalité et le quotidien des médias, ce roman, même s’il est une fiction, nous met la puce à l’oreille. A travers l’histoire de Bernard, grand photographe de presse, et de Raphaël qu’il a pris en affection et avec qui il fait équipe de temps à autre, l’auteur nous rappelle qu’en matière d’informations, il ne faut pas toujours se fier à ce qu’on nous montre.  

Ce soir là, Bernard demande à Raphaël de l’accompagner sur un « gros coup » dans un restaurant où deux personnes publiques vont se rencontrer alors qu’ils ne sont pas officiellement en couple. Ils font leur shooting et se séparent, chacun rentrant chez soi.  Avec le recul, Raphaël réalise que Bernard aurait très bien pu gérer ça tout seul. Avait-il un autre but lors de cette soirée, voulait-il photographier d’autres personnes que celles annoncées ?  Quelque temps après, ce dernier meurt dans le crash de son hélicoptère. Plusieurs  témoignages se rejoignent pour dire que cet accident semble bizarre mais impossible de creuser car personne ne veut vraiment parler …. Raphaël se pose des questions et décide de mener sa petite enquête sans penser que cela va l’emmener bien plus loin qu’il ne l’imagine…..

C’est avec, le plus souvent, des phrases courtes, cadencées par les réflexions, les pensées et le récit de Raphaël (narrateur de ce livre) que l’auteur nous fait pénétrer au cœur des magouilles des services secrets, des rédacteurs corrompus ou achetés par les puissants. Ceux-ci  donnant  l’orientation qu’ ils décident à l’information…. Pas de temps mort, de détails inutiles, un style vif qui met en exergue le besoin viscéral de comprendre pour le jeune reporter…. Malheureusement, il se rend compte qu’il ne maîtrise pas tout et que tout est bien plus compliqué qu’il l’a cru au premier abord….

Ne soyons pas naïfs, on le sait, il est possible de manœuvrer pour ne dévoiler qu’une partie de ce qu’on veut communiquer. Un cliché choc qui divulgue « la vérité » peut très bien n’en publier qu’une infime part et taire le reste. La photo elle-même a pu être choisie avec ceux qui sont ainsi exposés, pour un buzz voulu, construit de toutes pièces. Dans ces cas là qui tire les ficelles et pourquoi ? Comment garder son intégrité de rédacteur lorsqu’on vous propose un pont d’or pour une instantané volé ? L’auteur présente toutes les facettes des médias, même les plus sombres, mêlant habilement quelques noms et quelques événements réels à son texte, lui donnant ainsi plus de « fond ».  Raphaël, au premier plan,  veut préserver son couple, d’autant plus que sa femme …. la justice….c’est son boulot … alors pas de malversations, de mensonges, de tricheries…. Mais peut-il tout lui dire ? N’est-ce pas prendre des risques ? Est-ce que tout s’achète ? Une photo compromettante ? Le silence ? A quels prix ? Le jeune reporter est tiraillé, manipulé, stupéfait de ce qu’il discerne petit à petit. Et lorsque la situation lui semble plus claire, un autre fait apparaît lui renvoyant en pleine face que des hommes tirent les ficelles dans l’ombre …..

J’ai trouvé cet opus criant de réalisme. Lorsque Matthieu Dixon explique la hiérarchie des médias,  on se dit « mais c’est bien vrai ! » . Evidemment … si Médiapart met au jour un scandale , on le croira plus facilement que si un magazine people dit la même chose… L’intrigue est excellente, écrite avec beaucoup de justesse dans le propos.  Une lecture que je conseille vivement !

La dernière couverture
Auteur : Matthieu Dixon
Éditions : Jigal (Mai 2018)
ISBN : 978-2-37722-019-9
208 pages

Quatrième de couverture

Voir une de ses photos en première page d’un magazine, affichée sur tous les kiosques, pour Raphaël, jeune reporter, c’est le graal. Mais en travaillant avec Bernard, célèbre photographe devenu son mentor, il comprend très vite que les choses ne sont jamais aussi simples et que les apparences sont parfois trompeuses.