15/06/2025
Traboule pour l'enfer, de Patrick Mallet
Lire un polar qui se passe à Lyon et dans sa banlieue n’est pas évident pour une stéphanoise. Mais l’auteur n’a pas parlé foot alors c’est bon ! Et il m’a complètement entraînée dans son univers et dans ses traboules ! C’est un ancien commandant de police et il sait de quoi il parle.
C’est une histoire comme je les aime, sombre, avec des personnages intéressants et une intrigue bien construite. Rien n’est lisse, ni évident, même les flics ont une part d’ombre.
Jordan Blak et ses coéquipiers sont face à une drôle d’affaire. Un cercueil a été volé ! À l’intérieur un cadavre italien. Qui et pourquoi ? Récupérer le corps d’un mort ? Dans quel but et pour en faire quoi ? À moins que la caisse ne cache autre chose ? Par quel bout prendre cette enquête ? Par quoi commencer ? Les indices sont maigres mais toute l’équipe s’y met.
C’est un récit sans temps mort, angoissant car on sent que la violence peut prendre toutes ses formes, n’importe quand. De plus Jordan est rattrapé par son passé et il ne sait pas comment agir. Sa vie peut être bouleversée par ce qu’il choisira de dire ou de faire. J’ai eu beaucoup d’empathie pour ce personnage. J’aurais voulu l’aider, l’apaiser, avoir des mots qui lui fassent du bien mais c’était impossible. Que pouvait-il faire ? David son collègue a peur pour leur amitié et pourtant, il est là pour lui. J’ai trouvé que la description de leur relation, ce que ça engendre, ce que chacun décide etc. Tout cela est parfaitement intégré au texte et nous rappelle que les policiers - ières sont comme les autres hommes et femmes, des êtres humains avec leurs forces et leurs faiblesses.
L’essentiel de l’intrigue se déroule sur quelques jours avec un rythme trépidant. Les dates, heures et lieux sont indiqués pour nous donner les repères nécessaires et chaque chapitre a un titre récapitulatif. Il n’y a aucun temps mort. Les actions et les dialogues donnent un ensemble vif, prenant, vivant. C’est également très visuel (je verrai bien ce roman adapté en téléfilm) et moi qui connais Lyon et les alentours, j’ai pu « suivre » en direct, comme si j’y étais (mais vu ce qu’il s’est passé, j’étais plutôt mieux dans mon canapé ; -) )
L’écriture est nerveuse, fluide, plaisante et accrocheuse. Je n’avais aucune envie de poser mon livre et ça c’est bon signe. J’ai aussi apprécié que la quatrième de couverture ne soit pas trop explicite (c’est vraiment un problème lorsqu’un éditeur en dit trop). Quant à la couverture, sobre, en noir et blanc, elle correspond tout à fait au contenu. Cet homme seul, de dos, m’a, bien entendu, fait penser à Jordan. Il est entouré de ceux qui l’aiment et pour qui il compte mais est-il capable d’apprivoiser le bonheur sans se laisser envahir par ce passé qui revient comme un boomerang ?
C’est tellement compliqué de soutenir quelqu’un qui perd pied et s’isole, c’est tellement douloureux, frustrant… Patrick Mallet exprime bien la détresse de ceux qui sont près de lui, quels qu’ils soient.
Je ne connaissais pas cet auteur (un de plus à suivre de près même s’il est lyonnais…) , ni cette maison d’éditions, et je suis enchantée de cette lecture.
Éditions : Les passionnés de bouquins (10 Mars 2025)
ISBN : 978-2363511584
260 pages
Quatrième de couverture
Les braquages violents, le commandant Jordan Blak connaît. C’est sa spécialité. Mais en ce matin brumeux du mois de mars, c’est un cercueil et son cadavre qui sont partis dans la nature… et ce n’est que le début des surprises. Des beaux quartiers lyonnais au fin fond des égouts, la vérité prend des chemins sombres. Au hasard de ceux-ci, le flic se retrouve confronté à son passé, inavouable. Vite s’engouffrer dans cette traboule avant que son mensonge ne vienne le détruire. Il ignore que cela le conduira aux portes de l’Enfer.
22:12 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |