16/09/2019
Lésions intimes, de Christophe Royer
Une chronique de Cassiopée
Percutant !
Le brigadier Michèle Chouli vient d’être retrouvée morte à son domicile. Elle était en arrêt maladie, pas très en forme, surmenage ou plutôt burn out. Que s’est-il passé ? Les premiers policiers qui arrivent sur place, dont certains sont des collègues, comprennent très vite qu’il s’agit d’une mauvaise chute. Sauf que dans le garage, ils font une découverte bouleversante : un homme assassiné et une liste de noms. Tous défavorablement connus des services de police pour employer la formule consacrée. Pourquoi cette femme a-t-elle fait justice elle-même ? Quel but poursuivait-elle contre tous ceux qu’elle avait « sélectionnés » ? Pensait-elle éradiquer de la ville tous ses pédophiles ?
Nathalie Lesage, capitaine, et collègue de Michèle, est actuellement en charge avec ses coéquipiers, d’une enquête sur un groupe appelé Gorgona. Débauches sexuelles, réseau de proxénétisme, abus de pouvoir d’hommes qui jouent avec des jeunes femmes comme avec des objets… Comment coincer ces pervers ? Pour eux, leur business, c’est de l’argent facile mais aux prix de quelles souffrances morales, voire physiques pour ceux et celles qui tombent dans l’engrenage…. Finalement, le listing de Michèle va peut-être servir à Nathalie et son équipe ?
Nathalie sous des dehors « maîtresse femme » est une grande angoissée, il lui faut ses petits rituels pour se rassurer (le café du matin, le petit coup du soir…). Elle cache son anxiété et fonce, ne lâchant rien, entêtée, opiniâtre, emmenant les autres à sa suite, prenant des risques pour découvrir le plus de choses possibles et coincer les malfrats. C’est un personnage à part entière et on sent très vite qu’elle n’a pas fini de nous surprendre. Les autres protagonistes sont bien définis eux aussi et la part d’ombre des criminels est sombre et malheureusement réaliste (L’auteur souligne d’ailleurs qu’il s’est documenté et n’a pas mis toutes les exactions possibles…brrr…)
Oui, ce n’est pas le premier roman qui traite de ces thèmes douloureux, qu’on voudrait enfouir sous le sable et rayer définitivement. Mais c’est la première fois que je découvre un récit abordant cette problématique comme l’a fait Christophe Royer. C’est judicieux parce que l’approche est différente. Elle est faite de l’intérieur sans que la victime ne s’exprime vraiment (je ne veux absolument pas vous donner un quelconque indice donc je reste vague volontairement) si ce n’est à travers des questionnements qui la secouent, la tourmentent parce qu’elle ne comprend pas pourquoi toutes ces interrogations l’envahissent. Que ce soit un déni, une forme d’oubli, un traumatisme, peu importe, ce qui est essentiel, c’est que l’auteur a su, à la perfection, nous englober dans cette souffrance latente, ce mal-être. On le ressent, on l’entend, il nous envahit, nous laissant pantois et impuissant. C’est sans aucun doute dû à la force de l’écriture, puissante, addictive, porteuse de sens en peu de mots. De plus, il y a du rythme, les événements se précipitent sans aucun temps mort.
J’ai été époustouflée par ce récit. Pour moi, cela s’apparente à une claque littéraire parce qu’avec un sujet vu, revu, exploité maintes fois, Christophe Royer donne la parole à ceux qui en ont besoin d’une façon très originale.
NB : Combien n’osent pas parler et subissent des atrocités en silence sans rien dire tout simplement parce qu’ils ne savent pas où est le mal….
Ne les oublions pas et le jour où il sera nécessaire d’être présents, soyons là ….
Éditions : Taurnada (12 Septembre 2019)
414 pages
Quatrième de couverture
Nathalie Lesage, capitaine au caractère bien trempé, travaille au sein de la brigade de répression du proxénétisme. Une des branches de l'organisation « Gorgona », spécialisée dans un certain genre de soirées parisiennes, va l’amener à côtoyer un milieu où règnent la perversion et les pratiques extrêmes. Victime d’un banal accident, son enquête va prendre une tournure inattendue.
21:06 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |