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26/10/2020

Le policier qui rit, de Maj Sjöwall & Per Wahlöö (Den skrattande polisen)

61yqSrm6-TL._SX317_BO1,204,203,200_.jpgUne chronique de Cassiopée

Maj Sjöwall & Per Wahlöö qui étaient mari et femme, ont écrit, à quatre mains, une dizaine de polars qui se déroulent autour de 1968 dans une Suède d’après-guerre qui n’est pas si idyllique qu’on pourrait l’imaginer. Leurs romans sont une véritable peinture et une fine analyse de la société de ce pays et de son évolution dans la période choisie. « Le policier qui rit » est le quatrième de la série.

En ce 13 Novembre 1967, il faut protéger l’ambassadeur des Etats-Unis d’une manifestation des citoyens suédois qui n’aiment ni Lyndon Johnson ni la guerre du Vietnam. C’est dire si la police est sur les dents et très occupée. A 23 heures, le même jour, alors qu’il pleut énormément, les passagers et le conducteur d’un autobus sont massacrés. Les deux policiers arrivés sur les lieux souillent de leurs chaussures boueuses le peu d’indices qui auraient pu être récupérés. Martin Beck et son équipe mènent l’enquête. La première chose à faire est d’identifier les passagers puis de chercher un éventuel lien entre eux et de comprendre les motivations du tueur. Tout de suite ils réalisent qu’un des leurs était dans le car. Que faisait Åke Senstrom, jeune collaborateur de Martin à cette heure-ci, sur ce trajet ? Pourquoi n’était-il pas auprès de sa fiancée puisqu’il n’était pas en service ? Est-ce que Åke cachait quelque chose à sa compagne, à ses coéquipiers, avait-il des secrets ?

Ce sont des investigations méticuleuses et précises que vont mener les enquêteurs. Ils vont fouiller le passé des victimes, essayer de cerner leurs habitudes, de rencontrer ceux et celles qui les ont côtoyées. Cela nous permet de voir qu’à Stockholm, tout n’est pas forcément facile. Il y a des étrangers qui cherchent du travail et vivent dans des conditions précaires au niveau de l’hébergement. Il y a la police qui est de temps à autre moquée, peu respectée. Il y a également, comme partout, les journalistes qui rodent et sont à l’affut de la moindre information. Et il y a la part d’ombre de chaque personne décédée dans la tuerie. Pas d’indices, pas de témoin, la tâche est ardue mais les hommes sont motivés, ils en « veulent ». Ils fouillent les vies, le quotidien de ceux qui ont péri. Ils observent, ils notent, ils font des hypothèses…. ». Ils vont finalement établir un lien avec un fait passé et progresser pas à pas, un jour après l’autre.

Les auteurs font des descriptions minutieuses et pourtant ce n’est pas lourd à lire. Sans doute parce qu’il y a de nombreux dialogues qui permettent de suivre l’évolution des réflexions et les raisonnements de chacun. On pourrait croire que c’est lent car il n’y a pas vraiment d’actions vives, de rebondissements mais l’avancée est là et l’intrigue, soigneusement ficelée, est en elle-même intéressante.

L’écriture est fluide (vraiment on ne se rend pas compte que deux personnes rédigeaient) et l’intérêt reste présent. Bien entendu, les policiers n‘ont pas les moyens actuels pour résoudre les affaires mais ils s’en sortent très bien. L’atmosphère est bien retranscrite, et c’est un atout supplémentaire pour maintenir le lecteur dans l’histoire. J’ai vraiment apprécié cette lecture qui m’a donné envie de découvrir l’adaptation en film (1973) et en bande dessinée (2011).

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Deutsch
Révisé à partir du suédois par Benjamin Guérif
Éditions : Payot & Rivages (21 Octobre 2020)
ISBN : 978-2-7436-1889-6
338 pages

Quatrième de couverture

Par une pluvieuse soirée de novembre, tous les passagers d'un autobus sont massacrés au fusil mitrailleur. Jamais la Suède n'avait connu pareille tuerie, et l'opinion publique s'affole. Parmi les neuf victimes, un flic que Beck connaissait. Que faisait-il dans ce bus, à cette heure ? D'après sa compagne, il était surchargé de travail, mais Beck sait bien, lui, qu'il était pratiquement en congé...