12/12/2023
Mauvaise foi, de Maurice Gouiran
Dans ce nouveau roman de Maurice Gouiran, on retrouve Clovis Narigou, un personnage récurrent. Il est journaliste à ses heures, enquêteur parfois et il a un troupeau de chèvres. Il habite une belle bâtisse dans la garrigue et va au village voisin retrouver régulièrement ses amis. Il aime son quotidien calme pimenté par les visites de sa chérie. Son amoureuse régulière est Emma, capitaine de gendarmerie, un brin punkette, pas du tout d’un style classique, ce qui est surprenant pour un tel métier. Ces deux-là aiment les causeries et plus si affinités (et surtout plus d’ailleurs) au coin du feu, devant la cheminée de Clovis. Ils collaborent lorsque l’un (plutôt l’une) ou l’autre est confronté à une situation qui pose question.
Un jour où Clovis retrouve ses potes à l’apéro au café du bourg, un homme, Sócrates, demande à lui parler. Il est un peu bizarre mais comme ils finissent par discuter foot, Clovis l’écoute. Rendez-vous est pris pour se voir sans témoin chez Sócrates qui veut expliquer le pourquoi de la rencontre. Lorsque Clovis y va, il est face à un cadavre. Il lui sera nécessaire de se dépatouiller (il est soupçonné de meurtre) afin de partir à Rome pour un article qu’il doit écrire. Il veut également se renseigner sur le macchabé car il se demande bien pourquoi celui-ci l’a interpelé.
Pendant ce temps, Emma mène l’enquête. Des prostituées disparaissent et ne donnent plus de nouvelles. La plupart ont dit aux copines avoir été approchées par un client qui paie bien. Emma doit obtenir des résultats au plus vite pour stopper l’hécatombe, elle a la pression. Alors forcément, pas bien le temps de traîner avec Clovis, et puis basta, il est parti en Italie.
Ces deux-là, chacun de leur côté font au mieux pour décrypter les situations qui leur posent problème. Ils restent en contact, quand cela est possible, surtout pour Emma, bien débordée. Elle avance, l’étau se resserre autour de plusieurs coupables éventuels mais les preuves manquent ainsi que le motif. Petit à petit les choses se décantent, Clovis peut lui filer un coup de main. Leur binôme est discret et assez efficace.
Les protagonistes sont plutôt bien décortiqués. On comprend la complexité de leur caractère. Mais rien n’excuse l’attitude répugnante de certains d’eux.
J’ai vraiment apprécié cette nouvelle aventure, bien ficelée, avec deux intrigues qui se croisent. De nombreux thèmes sont abordés, notamment le rôle obscur qu’ont pu jouer certains prélats des églises. L’omerta était de mise et difficile de les confondre….
L’écriture vive de Maurice Gouiran est plaisante. Il a toujours un peu d’humour et n’hésite pas de temps en temps à apostropher le lecteur. On se sent concerné, comme si on était au cœur du livre. Les rebondissements, les indices, arrivent au bon moment. Ils relancent notre intérêt (mais le mien n’avait pas baissé, j’avais envie de comprendre, de savoir).
Ce récit amène plusieurs interrogations sur le poids et l’influence du passé, la place de la religion, la puissance de ceux qui gouvernent les congrégations, etc. Dans certains cas, c’est toujours d’actualité et bien sûr, c’est révoltant.
Si vous ne connaissez pas cet auteur, n’hésitez pas. Chaque recueil peut être lu indépendamment même s’il est toujours intéressant de voir l’évolution des individus au fil du temps.
Éditions : M + (15 juin 2023)
ISBN : 978-2382111581
300 pages
Quatrième de couverture
Rien ne va plus pour Clovis Narigou, mis en examen pour le meurtre d’un certain Sócrates. Et ce n’est guère mieux pour Emma, à la poursuite du fantomatique tueur de prostituées qui ne laisse ni trace ni dépouille sur son passage.
20:04 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |