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31/03/2021

Jeu de peaux, d'Anouk Shutterberg

Jeu de peaux.jpgUne chronique de Cassiopée

« Jeu de peaux » est un thriller original, richement documenté sur le monde du tatouage et bien écrit. L’intrigue se déroule en 2019, principalement à Paris mais il y aura des voyages, notamment un très intéressant, au Japon.

Juliano Rizzoni est un jeune artiste contemporain. Son parcours atypique nous est présenté petit à petit et nous apprenons à le connaître. Enfant, déjà, ses œuvres sortaient de l’ordinaire et il montrait un talent exceptionnel, presque surnaturel. C’est devenu un personnage mystérieux aux idées novatrices dans le domaine de la peinture puis du tatouage. Sa vie amoureuse est variée, hommes, femmes, rien ne l’arrête. On découvre que par le passé, éprouvant le besoin de se renouveler, il a « disparu » pendant de nombreux mois pour retourner à la source, l’art pur. Il est allé au Japon, près d’un maître du tatouage Irezimu. Il a observé, appris, avant de se lancer dans cette technique. Irezumi, se traduit par « insertion d’encre », c’est une pratique ancestrale. Les parties tatouées sont de vrais tableaux avec des détails, et cela représente des heures de travail, d’un mélange de souffrance et de plaisir aussi.

Juliano aime tout ce qui sort des sentiers battus, il a un mode de vie qui peut surprendre mais qui lui convient. Il a tatoué, pour diverses raisons, une dizaine d’hommes et de femmes. Des « peintures » ouvragées, uniques, qui ont demandé de la patience, du temps, qui ont fait souffrir parfois puisqu’elles sont situées sur le dos des acquéreurs. Assez longtemps après, alors que ces réalisations sont de l’histoire ancienne pour lui, un événement surprenant se produit. Les peaux, parfaitement tannées, conservées, sont déposées chez Sotheby's Paris pour être vendues aux enchères ! Brrrr…. On plonge en plein cauchemar. Les personnes ainsi « dépouillées » sont-elles encore vivantes, étaient-elles consentantes, ont-elles eu une greffe de peau, comment ont-elles pu accepter d’en arriver à de telles extrémités ? Était-ce un besoin d’argent ?

Stéphane Jourdain, quarante-cinq ans, flic chevronné, est chargé de l’enquête avec son équipe. Il aime bien collaborer avec une petite jeune, Lucie Bunevial. Elle lui plaît bien car elle a une capacité de réflexion intéressante. Elle peut se permettre de lui faire du rentre-dedans, il lui pardonne tout. Lucie c’est la vivacité, c’est le feu follet, elle a fini dans la police presque par hasard alors qu’elle se destinait à des études d’art mais elle a dû travailler plus vite que prévu alors pas le choix… Son passé d’étudiante en arts va peut-être les aider à comprendre le milieu dans lequel évolue Juliano, à mieux interpréter les réponses énigmatiques que le jeune homme fait lorsqu’il est interviewé…. Mais est-ce que ce sera suffisant pour élucider les nombreuses questions qu’ils se posent ? Pas sûr….

Pour son premier livre, l’auteur fait preuve d’une remarquable maîtrise. Les références au monde du tatouage, à ses « codes », sont glissés habilement dans le récit et apportent un plus car on apprend des tas de choses. L’histoire personnelle de Juliano est captivante et son idée pour léguer son immense fortune, si un jour il disparaît, est carrément judicieuse ! Il fallait y penser !

L’écriture au scalpel d’Anouk Shutterberg est prenante, on a le souhait sans cesse, de connaître la suite, on imagine, on réfléchit et on reste surpris car finalement rien ne se passe comme on l’avait pensé. Il y a du rythme, des rebondissements, juste ce qu’il faut pour nous tenir en haleine. Le caractère de chaque protagoniste est assez finement ciselé pour qu’on comprenne leurs choix et leurs façons de penser. Ce premier récit a de la consistance et il faudra suivre cet auteur de près !

Éditions : Plon (1 er Avril 2021)
ISBN : 978-2259306249
370 pages

Quatrième de couverture

2019. À trente-trois ans, Juliano Rizzoni est un jeune peintre prodige encensé par la scène artistique contemporaine internationale. Initié au Japon à la technique du tatouage Irezumi, aussi violente qu'ancestrale, il signe dix tatouages d'art sur le dos de ses amant(e)s. L'affaire prend une tournure inquiétante lorsque les peaux tatouées sont déposées anonymement chez Sotheby's Paris pour une mise aux enchères hors norme.