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09/03/2024

La promesse, de Friedrich Dürrenmatt (Das Versprechen)

Promesse.jpgLe titre : « La promesse », a été rédigé en 1958 et « retravaillé » pour être étoffé plusieurs fois. Ce roman est en lien avec un scénario de film que l’auteur a écrit. Dans le film, on s’attache au crime et à la résolution de l’enquête. Dans le livre, sous-titré « requiem pour un roman policier », il met l’enquêteur et une affaire qui l’obsède « au cœur du texte », au centre du « débat ».
Dans ce recueil, un conférencier (dont le but est de guider pour un écrire un bon polar) est interpelé par un spectateur, un ancien commandant. Ce dernier explique à l’orateur qu’il n’a pas captivé son public parce qu’il n’avait pas les bons « codes ». Il se décide à partager une histoire qu’il a vécue, pour qu’il comprenne qu’on ne maîtrise jamais tout, que résoudre une enquête n’est pas soumis à une logique parfaite.

Pour appuyer son propos, il l’emmène en voiture et s’arrête dans une station-service où se trouve son ancien coéquipier, Matthias. Celui-ci avait promis, des années auparavant, à une famille de retrouver l’assassin de leur petite fille. C’est devenu une idée fixe, une obsession, alors que fait-il là ?

C’est le policier qui raconte à la première personne. Il résume les faits : un crime sordide sur une fillette, un coupable probable, et son copain Matthias persuadé que le prédateur court toujours et décidé à mettre en place un piège pour l’arrêter. Il y a une mise en abyme de ce qu’il s’est passé et des conséquences que cela a entraînées. Il analyse tout ce qui a eu lieu et comment cela a joué sur la « vie » de son adjoint, sur son esprit, en transformant son quotidien, à tel point qu’il pouvait agir de façon insensée.

Un grain de sable peut modifier un destin, voire plusieurs par ricochet. C’est ce qu’essaie de démontrer l’ex enquêteur à celui qui voulait donner des conseils pour créer un bon texte policier. Et le lecteur le constate également. Matthias a fait demi-tour pour ne pas abandonner ses investigations. Il s’est « noyé » dedans, s’est perdu, a été déçu de voir que rien n’avançait, mais a toujours espéré tenir sa promesse. C’est ce qui « le tient » debout même dans un état pitoyable…. Mais ce n’est pas ainsi qu’il pensait à son avenir.

Merci au nouveau traducteur. J’ai trouvé l’écriture profonde et intéressante. D’autant plus qu’elle parle des rapports humains, de la volonté de réparer ce que l’on pense être une erreur et d’empêcher d’autres méfaits. Ça se déroule dans un petit coin de Suisse qu’on imagine sans peine, les personnages et les lieux sont décrits avec précision car ils font partie du décor et jouent parfois un rôle, la météo aussi. On voit comment les événements peuvent agir sur le caractère de chacun, changer les liens qui unissent les personnes, surtout quand elles tiennent compte du regard des autres…

De nombreuses références sont présentes, à commencer par le petit chaperon rouge qui part en forêt ….  Cela permet de faire des parallèles et de se questionner : peut-on tout se permettre dans la recherche de la vérité ?

« […] notre devoir premier consistait à ne pas dépasser nos limites, sans quoi nous ne ferions qu’ériger un État policier. »

La folie peut-elle tout excuser ? Peut-on se cacher lorsqu’on a une conviction ?

J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui aborde le thème du roman policier sous un angle totalement différent, un peu comme de l’intérieur, « à l’envers ». Il n’y a pas surenchère d’actions. Cela peut paraître assez lent mais c’est parce que tout est décortiqué avec doigté.

Traduit de l’allemand par Alexandre Pateau
Éditions : Gallmeister (5 Octobre 2024)
ISBN : 978-2351788714
194 pages

Quatrième de couverture

Dans un bois des environs de Zurich, la petite Gretl Moser vient d’être assassinée à coups de rasoir. Confronté au terrible regard d'une mère dévastée, le commissaire Matthias promet de trouver le meurtrier. La police arrête un potentiel coupable, qui avoue avant de se suicider, mais Matthias est persuadé que le véritable tueur court toujours. Hanté par cette affaire, il décide de le traquer seul, en lui tendant un piège aux conséquences tragiques. Une promesse est une promesse, mais la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?