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04/02/2015

À pas comptés, de Chris Costantini

amus.jpgUne chronique de Bruno (BMR). 

 Pour celles et ceux qui aiment les machos.

À macho, macho et demi.

Avouons tout de suite une franche déception pour ce polar de Chris Costantini, de son vrai nom Christophe Bourgois-Costantini un français né au Gabon, un auteur pourtant récompensé de divers prix notamment pour son roman : La note noire (pas lu ici).
Pour cet épisode-ci :À pas comptés, Costantini nous embarque pour une double enquête de part et d'autre de l'Atlantique.
À New-York, on nous attend dans une ambiance à la Philip Marlowe ni très réussie, ni très crédible en dépit d'une prose virile qui transpire les laborieux efforts du frenchy qui voulait écrire comme les américains.

« [...] Le froid m’asphyxia brusquement et j’eus alors la sensation d’être cueilli par une droite glacée de Joe Frazier qui me projetait dans les cordes d’un flipper géant aux néons colporteurs et aux sonorités discordantes.
[...] Un gratte-ciel sur fond d’une partition de gris, nouveau glaive de mica qui venait poignarder un horizon déjà déchiqueté. »

Thel (allusion très appuyée à Monk), le flic jazzy à deux pas de la retraite (et donc futur détective) ne réussit pas à nous aimanter et on souffre avec lui d'un passif familial beaucoup trop pesant.

« [...] Je m’empressais de rendre service. Le paradoxe ? In fine, je ne sauvais pas grand monde et tous les fuyards du bonheur qui s’étaient collés au pare-brise de ma vie m’en voulaient d’avoir tenté de les sortir de leurs marigots. Mes nouveaux défis : actionner les essuie-glaces et apprendre à dire non. »

Du coup, on préfèrerait presque le côté Danois de l'enquête avec des personnages moins fouillés mais plus crédibles, plus sympas et plus proches de nos standards européens. Mais ce versant de l'intrigue n'occupe que peu de place et se trouve plombé par une bluette entre deux gays à laquelle on ne croit guère plus qu'au reste.
Costantini émaille son intrigue de digressions qui ratissent très large : une histoire du trafic de drogue à travers les âges, les mérites incroyables de l'ostéopathie ou la nécessité d'entraîner ses neurones pour combattre Alzheimer, ... bof.
Le seul documentaire intéressant est celui directement lié à l'intrigue : les déboires des G.I. Joe de l'oncle Sam depuis leur recrutement dans les bas-fonds des banlieues US jusqu'au difficile retour de ceux qui auront échappé à la guerre en Irak et au trafic de drogue qui accompagne les armées US depuis le Vietnam.
Reste le côté policier du bouquin : une histoire de trafic de prothèses (de jambe) sur fond de guerres et de misère humaine.

« [...] – Thel… Si je te dis qu’on a un macchabée black overdosé, tu restes scotché à ta moleskine. Si je rajoute qu’il a une veste en anaconda digne de Nicolas Cage dans Sailor et Lula, tu ouvres un œil torve. Mais que me répond Sa Seigneurie si je lui dis que notre gars a une prothèse genre bionique à une jambe ?
– Que Steve Austin a fauté ... »

Médecine de riches et médecine de pauvres.

« [...] J’ai croisé beaucoup de soldats estropiés sur différents fronts, ils avaient tous des prothèses de base. C’est d’ailleurs une honte quand on y pense. Et puis ces prothèses modernes ne se trouvent pas dans le commerce.
– Comment un amputé pourrait-il s’en procurer ? »

Même si le propos est louable, tout cela n'est guère convaincant et se termine par un dénouement franchement rocambolesque.
Quant aux lectrices, je les laisse apprécier à sa juste valeur la profondeur des réflexions des héros de Costantini :

« [...] Son parfum la précéda. Puis la fine ligne de soudure de ses bas qui enfermaient des jambes galbées, césure de deux grains de blé blonds émergeant d’escarpins de prix et ne cessant de s’allonger jusqu’à l’ombre d’une jupe bleu marine. Arrivée à la table de conférence, elle posa précautionneusement son manteau et se retourna avec grâce pour contempler l’assistance en majorité masculine. »

Mouais, tout cela n’est guère convaincant et on évitera désormais d’y revenir.

 
Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR

 

 

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