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18/02/2015

7 jours, de Deon Meyer

7jours(2).pngUne chronique de Bruno (BMR). 

Pour celles et ceux qui aiment l'Afrique, même du Sud.

Discrimination positive.

On s'était pourtant promis de ne pas abuser de Deon Meyer, un auteur qu'il vaut mieux savourer à petites doses sous peine de trouver ses polars un peu trop répétitifs et indigestes. Mais quelques semaines seulement après l'excellent Kobra (qu'on vous recommande), le hasard et le cirque des inconstances ont fait que nous voici avec 7 jours entre les mains. Un bon polar de bonne facture avec une bonne histoire à raconter : une enquête savamment et patiemment construite. Et comme d'habitude une galerie de personnages bien dessinés, c'est la marque de fabrique de Deon Meyer et le principal atout de ses bouquins. La police du Cap est en train de laisser pourrir deux affaires d'assassinats. Deux jeunes femmes de la bonne société, trucidées, deux meurtres sans aucun rapport entre eux. Un sniper mystérieux entreprend de réveiller les enquêteurs : chaque jour qui passe (il y en aura 7 pour ceux qui ont suivi), le sniper tire sur un flic. La pression monte. On reprend les enquêtes à zéro. On repart des rapports et des interrogatoires. Un lent et minutieux travail d'investigation, intelligemment décrit, ponctué chaque jour par les tirs du sniper. Toute l'équipe des Hawks, menée par Benny Griessel que l'on connait bien et ses accolytes Mbali Kaleni et Vaughn Cupido, se met en chasse.

« [...] Cupido sortit son badge de sa poche, l'abattit sur le comptoir en disant : - Lis et pleure. L'homme se pencha prudemment en avant et lut. - C'est quoi ton nom ? demanda Cupido. - Affonso ? répondit-il avec une hésitation étrange, en courbant ses épaules étroites. - Affonso qui ? - Affonso Britos ? - Tu me le demandes ou tu me le dis ? - Je vous le dis ? Cupido regarda l'homme d'un air sévère. Ça devait être la nervosité qui provoquait les points d'interrogation. - Capitaine Vaughn Cupido. Tu connais la Direction des enquêtes criminelles prioritaires, Affonso Britos ? - Désolé. Je ne suis pas sûr. (Ton d'excuse respectueux.) - Les Hawks. - Ouais. Je connais les Hawks. - Génial, Affonso. Qu'est-ce que tu sais des Hawks ? - Ils foutent la trouille ? - C'est la bonne réponse. »

Une belle et bonne enquête, du stress et de la pression, une course contre la montre et le calendrier du sniper. C'est devenu son habitude, Deon Meyer épice son bouquin de quelques nouveautés high-tech : téléphonie et internet sont appelés à la rescousse. Mais ce côté branché est un peu moins réussi que le même volet dans Kobra. Ses collègues considèrent Benny Griessel comme un 'vieux renard'. Mais le trop modeste Benny considère que seul le côté 'vieux' est véridique et que le côté 'renard' laisse à désirer !

 « [...] - Benny, s'il te plaît. Que s'est-il passé ? - Tout s'est passé. Fanie Fick est mort parce que je suis un imbécile. Mes collègues ont dû résoudre l'affaire Sloet parce que je suis nul comme enquêteur. Je ne sais plus interprêter les réactions des gens. J'ai perdu Carla, la seule personne ... la seule femme qui voulait encore avoir affaire à moi. Elle est amoureuse du Chaînon Manquant. Mon fils veut se faire tatouer "Parow Arrow" sur le bras et je n'ai aucun moyen de l'en empêcher, parce que j'ai besoin qu'il me donne des leçons sur les bornes Wi-Fi et Twitter et Facebook et les modems cellulaires, afin que je ne me ridiculise pas d'avantage. »

Comme d'habitude, et c'est bien sûr tout l'intérêt des polars de Deon Meyer, on entrevoit de nouveaux aspects7 jours,deon meyer de ce qu'est devenue la nation Arc-en-ciel après Madiba. Les problèmes de couleur sont toujours très prégnants et l'on découvre quelques travers du BEE (Black Economic Empowerment), le programme qui vise à repeindre en couleurs plus foncées le pouvoir économique : la discrimination positive appliquée au monde des affaires. Avouons que l'on se perd un peu dans les méandres de cette excursion économique (corruption, blanchiment, main-mise étrangère, OPA, ...) : Deon Meyer explique à la fois trop et trop peu et se fourvoie un peu dans le dosage. Mais pas suffisamment pour nous gâcher le plaisir de ce bon gros polar, nerveux et efficace, que l'on dévore en bien moins de 7 jours. Un Deon Meyer sans surprise mais presque sans fausse note. Mais tout de même un cran en-dessous du récent Kobra.

Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR

 

7 jours
Deon Meyer
Éditieur : Points (octobre 2014)
Collection : Points policier 5
28 pages
 

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