31/10/2021
Un autel rue de la Paix, de Florence Rhodes
Une chronique de Cassiopée
Le commandant de police Hamelin est amoureux de la syntaxe, de la belle langue. Il n’hésite pas à reprendre ses collègues pour que tout le monde s’exprime de façon correcte et avec un vocabulaire de choix. On ne va s’en plaindre, d’autant plus qu’il excelle également pour les enquêtes. Il n’attaque pas directement, il tourne autour de sa proie, l’observe avec acuité, trouve la faille, s’y engouffre et fait craquer les coupables les plus retors. Il est tellement bon dans son métier qu’on le dérange un peu n’importe quand, même lorsque sa femme accouche ! Répondre présent, est-ce une façon de fuir pour lui qui se pose beaucoup de questions sur son futur rôle de père ?
On peut d’ailleurs se demander pourquoi ça le tourmente autant d’être bientôt Papa, d’habitude c’est plutôt source de joie…. On va le savoir, c’est lié à son histoire personnelle, à son enfance. Des failles et des douleurs qu’il porte en lui et qu’il cache. Mais pas le temps de s’attarder auprès du bébé, il faut se remettre au boulot…
Un meurtre, un deuxième, un autre, le tout en plein Paris…. Liés, pas liés ? Bien que les personnes assassinées n’aient rien en commun, les enquêteurs réalisent assez vite que les lieux où se déroulent les faits font penser au plateau de Monopoly….. Par contre, comment sont choisies les cases, que signifient les objets incongrus déposés dans les appartements où se déroulent les crimes ? La police cherche, essaie d’anticiper afin de devancer le tueur, et de le battre de vitesse mais ce n’est pas simple.
Abel Hamelin, lui, s’interroge, quelque chose le titille. Tout à coup, il réalise que tout concorde pour le mettre en situation délicate, le coincer, voire le faire accuser. Qui se cache derrière cet odieux jeu de Monopoly détourné ? Quel est son but ? Qui lui en veut au point de souhaiter le détruire ?
Parallèlement aux évènements du présent où Hamelin et son équipe mènent les investigations, nous faisons des sauts dans le passé, en 1980. En tant que lectrice, j’ai essayé d’assembler les éléments de ces deux époques pour comprendre les faits mais je ne voyais pas où aller….
Ce roman se lit tout seul et a été un agréable moment pour moi. Je n’avais pas vu venir le rôle trouble de certains personnages et ça c’est une bonne chose, j’aime bien être surprise, voire déstabilisée. L’écriture de Florence Rhodes est fluide, elle manie les mots à la perfection et pas seulement par l’intermédiaire d’Hamelin. Son intrigue, construite autour d’une idée originale se tient sans fausse note. Il y a un excellent dosage entre les pistes approximatives, les rebondissements, les coups bas, les menteurs, les traites et ceux sur qui on peut miser car ils sont droits dans leurs bottes.
La part d’ombre d’Abel Hamelin est intéressante et bien pensée, elle nous rappelle combien sont douloureux les traumatismes de l’enfance. On les traîne toute sa vie. Il conditionne l’homme et la femme que nous devenons. Sans eux, Abel serait différent, plus « léger » mais il doit vivre avec et s’en accommoder. Devenir père va peut-être l’aider à passer outre, à se sentir plus fort, c’est ce qu’on lui souhaite !
Éditions du Caïman (4 novembre 2021)
ISBN : 978-2919066933
358 pages
Quatrième de couverture
Pas de congé paternité pour le commandant Hamelin. Lors d'un été caniculaire, il se lance aux trousses d'un tueur en série qui sévit aux adresses du plateau du jeu de Monopoly. Rue de Vaugirard, boulevard de la Villette, avenue Mozart, le compteur tourne, les cadavres s'empilent, et Abel Hamelin a la sensation oppressante que ce meurtrier, qui conserve toujours quelques cases d'avance, connaît tout de son passé, de ses fêlures et du secret familial qui le ronge.
23:45 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |