Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/03/2012

Le chasseur de lucioles, de Janis Otsiemi (chronique 1)

casseur_de_lucioles.jpgUne chronique de Christine

Les femmes sont nombreuses dans le paysage polardeux.
En tant qu’auteurs *, en tant que lectrices.
Et en tant que personnages.
Que de femmes fatales, d’intrigantes. De beautés vénéneuses ou naïves. D’enquêtrices, de journalistes, d’espionnes ou de femmes comme vous et moi. Enfin... quand je dis « vous », vous comprenez ce que je veux dire.
Toutes mes excuses par avance aux individus de sexe masculin s’ils se sentent exclus. Mais je sais que mes amis, les vrais, ne m’en voudront pas.

Et puis, il y a les victimes.
Aujourd’hui, 8 mars, journée de la Femme.
Ce sera pour moi « la journée des lucioles ».

Au décès d’un chien, la chèvre ne porte pas le deuil… **

Nous sommes à Libreville, au Gabon. On découvre le cadavre d’un ancien policier. Crime crapuleux ? À moins que ce ne soit en rapport avec un important vol d’armes, non élucidé, lorsqu’il était encore tout récemment en poste à la Préfecture de police ?
En parallèle, des prostituées (ou de leur joli surnom : des lucioles) sont sauvagement assassinées. Puis mutilées. Ce sont plusieurs cadavres que l’on trouve, de semaine en semaine, dans des hôtels de passe des quartiers chauds de la ville.
Et puis nous avons, comme dans toute grande ville, quelques malfrats. Petits caïds roulant des mécanique ou truands beaucoup plus dangereux. L’un d’eux, Sisco, a vraiment sale réputation. Champion des coups tordus, malhonnête même avec ses partenaires. Et muet quant à la provenance des armes qu’il compte utiliser pour son prochain braquage.

Sur le terrain, plusieurs équipes d’enquêteurs afin d’élucider toutes ces affaires.
Les différentes enquêtes finiront par se croiser.
Mais est-ce que justice et honnêteté feront bon ménage ?
Rien n’est moins sûr…

Une seule dent pourrie empeste la bouche… **

Il y a, à la base, une trame classique de vols et de meurtres. Puis le lecteur se fait très rapidement une idée à propos de l’identité des coupables. Mais alors, me direz-vous en écarquillant les yeux, pourquoi poursuivre la lecture ?
Parce que justement, l’intérêt se niche ailleurs que dans une « simple » enquête. Celle-ci ne sert que de prétexte à l’auteur pour attirer notre attention sur tout autre chose.
Sur les personnages, sur leur parcours, leur moralité ou absence de moralité, sur leur vie.
Sur une ville peuplée de nombreux habitants venus de pays frontaliers pour tenter de mieux vivre.

Janis Otsiemi brosse le tableau d’un pays gangréné par la corruption, où petites débrouilles pour survivre riment souvent avec magouilles plus ou moins violentes, où certains fléaux tels que le SIDA pèsent sur toutes les têtes, pouvant pousser au désespoir.

Il le fait d’une plume alerte, lapidaire et savoureuse, sans une trace de misérabilisme, mais sans concession non plus. De même que la littérature nordique nous a fait plonger ailleurs que dans des fjords limpides et sereins, ce roman nous immerge dans une Afrique bien loin des cartes postales et des clichés.

Un roman noir - parce que misère et criminalité sont universelles - et pourtant coloré, exotique, dépaysant, d’un auteur à découvrir.

_______________________________

* Non, non, et non, je ne mettrai pas de « e ». Le talent n’a pas de sexe, et je préfère les combats contre les violences faites aux femmes, à un ajout de voyelle qui ne fait pas avancer le débat d’un micron. Et puis c’est tout !

** Deux des nombreux proverbes gabonais à découvrir en tête des chapitres de ce roman.

Christine, (Blog : Bibliofractale )

 

A lire : la chronique de Paco sur ce roman.

 Le chasseur de lucioles
Janis OTSIEMI
Editions Jigal (Polar)
(et quelle très jolie première de couverture!!)
204 pages ; 16 euros

 Présentation de l'éditeur

À Libreville, une prostituée est découverte sauvagement assassinée dans un motel de la périphérie. Les agents de la PJ - de fidèles abonnés des bordels de la capitale - pensent tout d'abord à un crime de rôdeur... Quand une seconde fille est retrouvée égorgée dans un autre hôtel du quartier, les policiers sont encore loin d'imaginer qu'ils ont affaire à un client bien décidé à nettoyer la ville de toutes ses lucioles... Celui qui te veut du mal la nuit a commencé à t'en vouloir le jour. C'est dans ce climat de psychose générale que les gendarmes de la DGR enquêtent de leur côté sur le braquage d'un fourgon de la Société Gabonaise de Sécurité dont le butin de plusieurs millions de francs CFA attise bien des appétits...