05/03/2012
Les étrangers du temps (t.1 : Destins obscurs), de Corinne Gatel-Chol
Une chronique de Cassiopée
Un premier tome d’une série qui se situe entre roman à suspense, policier, ésotérisme, etoù l’auteur mêle habilement les différents genres.
On découvre une famille qui habite une nouvelle habitation en Haute-Loire. Maison cossue, ancienne, recelant des secrets. Dans ce foyer, Hadrien avec un H comme l’empereur, frère jumeau d’Héloïse. Autant, elle est bien dans sa peau, dans sa vie, dans ses projets, autant il est mal. Il se traîne entre alcool, drogue et mal-être, ne sachant pas où est sa place, ne la trouvant pas, n’ayant envie de rien
Jusqu’au jour où….
Explorant une partie inhabitée et condamnée de la demeure familiale, il va tomber sur le journal intime d’une servante écrit en 1896 et s’intéresser grandement à ce qu’il va lire.
Pourquoi ? Sans doute parce qu’il va en faire « son secret » et ainsi avoir l’impression d’exister, trouvant un but : comprendre l’histoire de Colombe, qui raconte sa vie à travers les pages qui défilent sous ses yeux … peuplant aussi ses nuits, ses rêves …. donnant ainsi un sens à sa vie ….
Les chapitres vont osciller entre : ce qui se déroule à notre époque, des événements du passé (1896) et la lecture du journal intime. Trois entrées pour le lecteur, trois contextes, trois styles de vocabulaire (bien ajusté aux protagonistes et aux écrits), trois façons « d’intégrer » l’histoire.
On voit Hadrien et ses malaises, malaises qui lui donnent des hallucinations si proches de ce qu’il lit qu’on se demande s’il rêve ou si ….. le passé le rattrape parce qu’il l’a « déterré » et qu’il aurait mieux fait de s’abstenir …
Bribes glissées ici ou là au cours des visites d’Hadrien aux archives ou lorsqu’un ouvrier échappe quelques mots sur cette bâtisse où il s’est passé tant de choses …
Ce passé nous intrigue, nous pose question …
Le mystère s’épaissit, le lecteur se laisse prendre par l’ambiance, le climat …
Comme Hadrien, on a envie d’aller plus loin, de fouiller encore et encore même si on sait que parfois, il est préférable de rester à sa place, de ne pas aller trop loin … Il n’est jamais bon de remuer ce qui a été, surtout sans en parler … Le jeune homme prend des risques qu’il ne mesure pas, se met dans des situations peu claires par rapport à sa famille, s’obligeant à mentir de plus en plus car il ne souhaite pas partager. Il s’est approprié le journal de Colombe, la jeune femme de 1896, il a l’impression de la connaître, de l’accompagner dans sa vie, d’être presque responsable de ce qu’elle est, de ce qu’elle devient.
Peut-être que lui qui n’avait pas de but, s’en est enfin donné un avec cette lecture. Lire la vie de Colombe, qui n’est pas facile, va lui permettre de réaliser qu’il n’est pas aussi malheureux qu’il le pense, que la vie vaut la peine d’être vécue (même s’il y a le bac à passer), que les mœurs ont évolué, qu’on a le droit d’aimer qui on veut …
L’écriture de Corinne Gatel-Chol est agréable, le style fluide, les dialogues vivants et bien en phase avec les différents personnages. J’apporterai malgré tout un petit bémol à cette lecture, le vocabulaire manque de diversité et quelques mots sont souvent utilisés.
Malgré tout l’intrigue est prenante et lorsque la dernière page glisse sous nos doigts (je vous rappelle qu’il s’agit d’un e-book), on retourne l’écran pour voir si la suite n’est pas cachée au dos.
Titre : Les étrangers du temps-Tome1 : Destins obscurs
Auteur : Corinne Gatel-Chol
Editions : La Cabane à Mots (Février 2012)
Nombre de pages : 284
ISBN : 978-2-9540895-1-5
Quatrième de couverture :
Colombe
Hadrien
Deux destins, deux lignes parallèles, sur le même plan, qui jamais ne se croisent.
1896 – Colombe survit dans un 19è siècle difficile ou la vie et la mort ne se différencient guère.
De nos jours – Hadrien dérive dans un présent aseptisé qui va bien trop vite pour lui.
Rien ne devrait permettre qu’un jour leurs vies se rejoignent.
Et pourtant…
06:48 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |