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15/08/2013

Ils vivent la nuit, de Dennis Lehane

ils_vivent_la_nuit.jpgUne chronique de Cassiopée.

 

La nuit la plus sombre a toujours une fin lumineuse…

 Il y a des écrivains que l’on aime à lire régulièrement, comme de vieux amis, sachant par avance, que ce sont des valeurs sûres même si leur silence est parfois trop long.

 C’est donc en me délectant par avance de cette nouvelle rencontre que j’ai retrouvé Dennis Lehane et ses personnages.

Ce livre fait partie, semble-t-il, d’une trilogie (le premier étant le magnifique « Un pays à l’aube »), mais il n’y a pas de problème pour les lire de façon indépendante.

 Cette fois-ci, le sujet s’est resserré et les protagonistes sont moins nombreux, l’auteur va ainsi fouiller un peu plus leurs ressentis et leurs relations (entre autres celle que Joe entretient avec son père, tant aimé, tant détesté, ce qui se comprend…un truand/un flic….que de fossés….).

C’est sur une dizaine d’années (entre 1926 et 1935) que cette fresque se déroule, dans le monde de la nuit.

 «- La nuit elle a ses propres règles.

- Le jour en a aussi.

- Sûr. Sauf qu’elles ne plaisent pas. »

 Tout est dit, Joe a choisi son camp, celui de la prohibition, de la prostitution, du vol, du chantage, du crime organisé, de la violence, de la peur, des trahisons, des dessous de table … mais aussi celui des émotions fortes, des amitiés robustes et parfois indestructibles, du luxe, de l’amour interdit quelquefois….

 Tous ces ingrédients lui sont nécessaires pour se sentir exister. S’il ne vivait pas dangereusement (avec les poussées d’adrénaline (dues à sa situation quotidienne de traque) nécessaires car elles sont pour lui un moteur) il serait malheureux. Il l’explique : « pas envie de payer des impôts, pas envie d’attendre des années pour avoir une belle voiture … »

Sa volonté, c’est vivre par tous les moyens possibles, avec tout ce qu’il peut s’offrir de beau, parce qu’il n’est pas courageux face à la mort…

 Joe est un «méchant » mais l’auteur réussit à le rendre attachant (parce que ceux qui sont en face de lui et qu’il tue de temps à autre sont de vraies « pourritures »), on pourrait presque penser, par certains côtés, qu’il fait le bien, qu’il aide les autres à mieux vivre, comme si le contact avec lui inversait les valeurs…. C’est un coutumier de la brutalité reçue ou donnée et le lecteur s’habitue à cet état de faits …. Il fait régner la terreur mais il a un double visage, celui d’une canaille mais également celui d’un homme qui a un cœur, une certaine « morale » même si ce n’est pas tout à fait la bonne …

 L’écriture de Dennis Lehane est fluide, le rythme soutenu, il se passe toujours quelque chose, les dialogues sont vifs et nombreux et ce roman est un vrai « tourne pages ». On peut regretter que tout cela s’enchaîne trop vite, de façon linéaire et que le contexte historique soit présent sans être vraiment approfondi (on entend parler de Machado et de Cuba mais cela est plutôt survolé…) mais Dennis Lehane a probablement décidé d’écrire un best seller « grand public » (qui devrait être adapté en film, Ben Affleck ayant acquis les droits pour réaliser le tournage).

 La nuit est omniprésente, comme un personnage à part entière, vivante, silencieuse ou bruyante, secrète ou extravertie, attirante ou méprisable, mouvante ou paisible … Elle « habite » le livre, se positionnant en fil conducteur, peut-être plus que Joe, le personnage principal…

 « La nuit. On ne s’en lasse pas. Si tu vis le jour, tu suis les règles de la société. Nous, on vit la nuit et on suit les nôtres.

 Avec des individus moins ambigus et un ensemble moins abouti que dans d’autres opus, le dernier Lehane est malgré tout un très bon récit qui se dévore d’une traite.

 

Titre : Ils vivent la nuit
Auteur : Dennis Lehane
Traduit par Isabelle Maillet
Éditions : Rivages (Avril 2013)
Collection : Thriller
Nombre de pages : 530
ISBN : 978-2743619367

 

Quatrième de couverture

 L'Amérique se remet difficilement des soubresauts de la Première Guerre mondiale. De retour d'Europe, les soldats entendent retrouver leurs emplois, souvent occupés par des Noirs en leur absence. L'économie est ébranlée, le pays s'est endetté et l'inflation fait des ravages. La vie devient de plus en plus difficile pour les classes pauvres, en particulier dans les villes. C'est sur ce terreau que fleurissent les luttes syndicales, que prospèrent les groupes anarchistes et bolcheviques, et aussi les premiers mouvements de défense de la cause noire. En septembre 1918, Luther Laurence, jeune ouvrier noir de l'Ohio, est amené par un étonnant concours de circonstances à disputer une partie de base-ball face à Babe Ruth, étoile montante de ce sport. Une expérience amère qu'il n'oubliera jamais. Au même moment, l'agent Danny Coughlin, issu d'une famille irlandaise et fils aîné d'un légendaire capitaine de la police de Boston, pratique la boxe avec talent. Il est également chargé d'une mission spéciale par son parrain, le retors lieutenant McKenna, qui l'infiltre dans les milieux syndicaux et anarchistes pour repérer les " fauteurs de troubles " puis les expulser du territoire américain. A priori Luther et Danny n'ont rien en commun. Le destin va pourtant les réunir à Boston en 1919, l'année de tous les dangers.