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03/03/2014

Trois heures avant l’aube, de Gilles Vincent

trois_heures.jpgUne chronique d’Albertine.

 Quelles réponses donner à la violence sexuelle, violence religieuse, violence sociale ?

Trois personnages incarnent cette triple question, dans un parcours qui se terminera trois heures avant l’aube. Leurs réponses ne sont pas identiques, mais ils sont chacun portés par une irrépressible nécessité d’agir, en urgence, et de venger des victimes, de punir des coupables.

Leurs trois histoires n’ont (presque) rien à voir entre elles, à commencer par les lieux, Marseille,  Valenciennes et Vannes où se dessinent les destins de Kamel, Sabrina et Grégor. Le « presque », un lien faible,  est ce qui permettra aux flics de comprendre, et de se trouver au rendez-vous au bon moment. Charenton sur Cher sera le point de rencontre géométrique des lignes reliant les trois villes où résident les présumés tueurs.  

 L’invraisemblance de cette situation est magnifiquement assumée par son auteur, qui devait bien trouver un niveau de réalité étrange où ces tueurs-victimes-vengeurs bouleverseraient les schémas simples des flics traqueurs et gardiens des valeurs sociales ; une métaphore du lien unissant toutes les formes de violence par la domination, qu’elle soit sexuelle, religieuse et sociale.

 Les flics dans l’histoire appartiennent à des équipes différentes dans les trois villes concernées ; autre invraisemblance, ils communiquent et coopèrent entre eux. Invraisemblance ou réalité ? Nous, petits lecteurs de polars n’en savons rien, mais sommes bien formatés par la conviction que les rapports de pouvoir et de domination sont aussi exacerbés dans la police qu’ailleurs. Ici, les flics acceptent simplement les hypothèses et interventions des collègues qui semblent plus avancés qu’eux mêmes. Il faut dire qu’ils ont chacun de superbes  qualités d’enquêteur leur permettant de trouver des réponses aux questions qu’ils se posent dans leur propre enquête.

 Bref, le monde de Gilles Vincent n’est pas uniformément noir, même si la rage de tuer ou de vaincre traverse les personnages. Il met en scène la place du mal de façon nuancée, nous portant parfois à souhaiter aux tueurs de n’être pas démasqués et souhaiter que les victimes soient victimes ; mais pas toujours !  Même les flics peuvent avoir du vague à l’âme, eux qui sont payés pour faire appliquer la loi.

 Le récit est suffisamment rapide pour nous donner envie de suivre ; suffisamment tranquille pour donner chair aux personnages. Le rythme, le rythme, le rythme ! Gilles Vincent a le sens du rythme, et nous emporte dans ses histoires. 

 Albertine, Marseille le 4 mars 2014

 

Trois heures avant l’aube
Gilles Vincent
Jigal Polar, février 2014
223 pages ; 18,50 €

 Présentation de l’éditeur

Kamel, vingt et un ans, armé pour la guerre sainte, s’apprête à verser le sang de l’ennemi. Bientôt un jeune militaire est sauvagement assassiné dans les toilettes de la gare Saint-Charles à Marseille. Sabrina, trente-cinq ans de déprime et d’obsessions, claque la porte de son HLM de Valenciennes. Un peu plus tard, la complice du pédophile Jean-Marc Ducroix est égorgée en Belgique, aux portes d’un couvent. Grégor, trente ans d’usine, vient de se faire licencier sans autre formalité. Quelques jours après, à Pleucadeuc, le patron de l’entreprise est victime d’un enlèvement crapuleux… Entre peur, folie, rage et désespoir… Trois faits divers, trois parcours cabossés, trois vies brisées. Touchée de plein fouet, la commissaire Aïcha Sadia va, dans cette nouvelle enquête, basculer sous nos yeux, de la force à l'anéantissement.