09/01/2018
La lettre froissée, d’Alice Quinn
Une chronique de Cassiopée
Alice Quinn a plusieurs cordes à son arc, ou plutôt plusieurs encres dans lesquels tremper son stylo. De ce fait, elle est capable de surprendre, d’aller explorer d’autres genres que celui, plus léger, qui l’a lancé dans le statut de romancière. Lorsqu’un auteur, car Alice n’est plus un écrivaillon, se lance dans un nouveau style, il se met à nu, car il prend des risques. Le défi est relevé avec brio !
Après la légèreté, au franc parler, de la série Rosie Maldonne, puis le roman noir, à l’approche psychologique, avec Fanny N., cette fois-ci, c’est l’enquête policière historique qui nous est présentée. Cette nouvelle intrigue se situe à Cannes, dans les années 1880 où personnages fictifs et réels (dont un Maupassant plus vrai que nature) se croisent.
Lola est une jeune femme qui monnaie ses charmes, mais pas à n’importe qui, ni n’importe quand, pour s’en sortir. Miss Fletcher est une jeune femme qui , suite à des déboires et un revers, va se retrouver à travailler pour Lola. La frivolité cannoise associée à la rigueur anglaise. Un savoureux mélange qui donne au lecteur différentes approches de la vie à l’époque ainsi que la présentation de caractères totalement différents. Lola a été contactée par une amie, une femme de chambre d’un grand hôtel. Puis, prise par ses occupations, elle n’a pas répondu tout de suite à son appel. La bonne est retrouvée morte, tout laisse à penser qu’elle s’est suicidée. Vrai ou faux ? Lola s’en veut de ne pas avoir été là lorsque sa camarade a demandé de l’aide. Devant l’inertie de la police, qui aurait tendance à classer l’affaire, elle va se lancer dans une enquête pour élucider ce décès qui la bouleverse. Parallèlement, il lui faut trouver de l’argent pour rester dans la belle villa qu’elle occupe grâce à un de ses galants.
C’est une histoire bien construite, on sent les recherches faites par l’auteur pour donner du crédit à son propos. Que ce soi(en)t les lieux, les protagonistes, la vie quotidienne, les vêtements, les mœurs, tout a été réfléchi, travaillé avec soin pour rendre crédible ce qui est évoqué. Ce qui est très bien, c’est que cela ne se sent pas. On n’a pas l’impression que les informations historiques sont « plaquées » au milieu du reste. Elles sont parfaitement intégrées, apportant un aspect essentiel aux événements qui se succèdent.
Ce roman m’a enchantée, et pourtant je ne suis pas forcément une adepte des textes historiques. Je l’ai trouvé intéressant, d’une part parce qu’il m’a fait découvrir la vie à Cannes dans les années mentionnées, mais également par la façon dont il est raconté. C’est Miss Fletcher qui écrit mais comme elle rapporte également ce que lui retranscrit Lola lorsqu’elles ne sont pas ensemble, on dirait qu’elles s’expriment à tour de rôle. L’écriture est fluide, parfaitement adaptée au phrasé d’une anglaise issue de la « haute ». Il n’y a pas de longueurs et le rythme s’accélère, juste ce qu’il faut, sur la fin. Un excellent ensemble, bien équilibré.
La lettre froissée
Auteur : Alice Quinn
Éditions : City Edition (17 janvier 2018)
ISBN : 978-2824611211
444 pages
Quatrième de couverture
Cannes, printemps 1884Plus rien ne semble devoir sourire à Miss Gabriella Fletcher : l'aristocrate britannique, déjà déclassée en raison de sa ruine et de ses préférences amoureuses, vient de perdre son emploi en même temps que son amante, et son avenir s'annonce bien sombre. C'est alors qu'elle tombe sur une petite annonce qui pourrait bien devenir sa planche de salut. La voilà gouvernante de Filomena Giglio, dite « Lola » : sa villa « Les Pavots » est dans un état déplorable et ses murs sont pour le moins dissolues, mais cette patronne hors du commun n'est pas pour déplaire à Miss Fletcher, loin de là.
06:22 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : la lettre froissée, alice quinn | Facebook | |