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07/06/2013

Djebel, de Gilles Vincent

djebel2.jpgUne chronique d’Albertine.

 L’écriture rapide, sèche, nerveuse, de Gilles Vincent  soutient parfaitement son propos : une histoire de guerre, incompréhensible pour Antoine et qui finira mal pour lui, un manteau d’oubli de quarante ans et une résurgence violente, qui en 48 heures, va dévaster plusieurs vies.

Nous débarquons en 1960 dans la guerre d’Algérie, aux côtés d’un soldat perdu, Antoine Berthier qui, soutenu par ses copains et gradés, va tenter d’accomplir sa vocation de soldat. Sa courte vie se terminera sans préavis et ouvrira une période de quarantaine, où mensonges et dissimulations assombriront la vie des survivants, enfin, de ceux qui n’oublient pas Antoine.

 En 2001, sa soeur charge le détective privé Sébastien Touraine, d’enquêter auprès des anciens compagnons d’arme de son frère pour comprendre les circonstances exactes d’une mort laissée dans l’ombre.Le roman retrace les 48 heures d’enquête et de révélations sanglantes, conduites par Sébastien Touraine et Aïcha Sadia. Que reste-t-il si longtemps après, des raisons qui ont poussé un jeune soldat psychologiquement fragile à accomplir l’irréparable ? Et comment la vérité de cette mort révélée va-t-elle avoir un impact si longtemps après sur la vie d’autant de personnes ?

 Il appartiendra aux deux enquêteurs de débusquer et affronter les protagonistes, et de faire la part des choses, jusqu’à la révélation finale..  « La vérité ma fille, c’est plus fort que le vent et le soleil. Ça nettoie la tache et ça fait disparaître les mauvaises ombres... ». Cette belle parole de l’oncle d’Aïcha ne vaut que si la vérité est traquée avec sagacité et détermination, ce dont ne manquent pas ces deux personnages qui font de beaux héros de polar. Aïcha Sadia, belle beurette commissaire de police à l’Evêché (Marseille) tient son équipe de mecs sous le charme. Elle-même héroïne qui sait reconnaître ses erreurs, repérer les gens de bien, et mener une enquête, se heurtera d’emblée à Sébastien mais saura se l’allier. Quant à lui, encore perturbé par le décès de son amie, quelques mois auparavant, il sera accroché par le destin du jeune soldat et mettra son intelligence et son expérience au service d’une enquête étrange. En effet, ses pas sont parsemés de cadavres, suicides, accident ou meurtre : tous les témoins des années soixante qu’il devait voir disparaissent au moment où il va les rencontrer. La révélation d’une vérité longtemps cachée produit des effets sanglants, et il s’agira de remonter jusqu’au coupable.

La relation qui se noue entre Sébatien et Aïcha, d’estime et de confiance mais plus encore, adoucit la sècheresse du récit, qui file à mille kilomètres heures dans les méandres du passé et du présent. Le théorème du mensonge les aidera l’un et l’autre à conclure. La soeur d’Antoine, en recherchant la vérité, en la révélant à nos deux flics, aura été au coeur de ce  déchainement de haines, elle qui a aimé son frère d’un amour partagé et intense, et qui en mourra. Très joli polar, qui se lit d’une traite, et qui nous interroge sur les effets retards de la grande et de la petite histoire. 

 Albertine, Marseille le 7 juin 2013.

  Djebel
Gilles Vincent
Éditions Jigal (21 mai 2013)
Collection polar
256 pages ; 8,80 €