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09/08/2014

Le Retour, de Robert Goddard

le retrour,robert goddardUne chronique de Cassiopée.

 Manipulation….

 Les thèmes chers à Robert Goddard sont, une fois encore, abordés dans ce roman. Et il le fait d’une façon magistrale. Conspiration familiale, non-dits, corruption, trahison, manipulation

Quelques pages sur aujourd’hui, puis nous voici en 1981 « hier »….

Le personnage central est Chris Napier, revenu sur les lieux de son enfance et de sa jeunesse pour assister au mariage de sa nièce. Là, un événement imprévu et bouleversant va l’inciter à repartir sur les traces du passé. De secrets de familles enfouis, en confidences (vraies ou fausses), en passant par des recherches dans de vieux documents et des rencontres avec des témoins de l’époque, nous voici entraînés à sa suite dans une longue quête de la vérité qui l’obligera à remonter l’histoire familiale jusqu’à ses grands-parents.

 L’écriture est dense, fouillée, complexe (la traduction n’a pas dû être aisée et je n’ai pas toujours été à l’aise avec les tournures de phrases). L’auteur passe d’une époque à une autre dans un même chapitre, dans le paragraphe suivant, sans mettre une indication de lieu ou de date en sous-titre. Bien sûr ce qu’on lit, nous permet de situer les faits rapidement mais c’est parfois déconcertant et troublant. D’autant plus que rien n’est vraiment simple. En effet, chaque fois que l’on pense que la situation est enfin claire, une nouvelle ramification ou un rebondissement inédit se mettent en place et nous emmènent sur d’autres voies.

« Mais l’impasse est parfois trompeuse. Un virage dérobé se révèle juste avant que vous n’heurtiez le mur. Ce que j’avais oublié était ce que je venais de commencer à comprendre. Il ne s’agissait que du passé. »

 Le héros est manipulé par des individus dans l’ombre, balloté au gré de ses découvertes qui l’emportent toujours plus loin, vers d’autres possibles, d’autres risques. Lui, qui pourrait sembler un peu nonchalant en début d’ouvrage, prend de la consistance sous nos yeux et gagne une certaine forme de maturité sans que ce soit dans l’excès. Il reste très crédible. Les autres protagonistes sont également très réalistes, la plupart avec une part d’ambivalence que nous discernons petit à petit au fil des pages.

Car comme Chris Napier, le lecteur se fait « avoir », habilement manœuvré par les indices et les révélations au compte-gouttes qui sont glissés au fil des pages.

Une fois de plus, l’importance du passé se révèle cruciale dans un roman. Est-ce que tout finit par se savoir ? Pas forcément, mais à trop cacher, à trop tricher, à trop transformer la vérité, les déséquilibres se creusent et les répercussions sont terribles sur les familles (surtout sur les générations suivantes), les amis, les voisins ….

 L’ambiance est celle des petites contrées de Cornouailles, une atmosphère feutrée, les bords de mer avec le vent, les embruns, une végétation sauvage et le ciel voilé comme seul horizon…. Les gens s’observent, se jalousent, se surveillent, s’apprécient, se détestent, se jugent…parlent ou se taisent ou sont entre les deux…. Les policiers et les juges ne sont pas en premier plan. On aura malgré tout l’occasion de voir qu’il est parfois plus facile de résoudre les enquêtes sans trop fouiller, en se basant sur de vagues convictions, qui permettent de se débarrasser de tous approfondissements alambiqués demandant beaucoup plus d’énergie….

 Ce roman est pour moi une vraie réussite, Robert Goddard a réussi à me surprendre et à me tenir en haleine, je me demandais sans cesse dans quelle direction il allait me guider, ce que j’allais entrevoir,  comment j’allais l’interpréter et ce que seraient mes conclusions et celles de Chris Napier….

 Ce livre date de 1997 (en langue originale) et on peut se demander pourquoi il n’a été traduit qu’en 2014….

A consommer sans modération, cet automne avec une théière bien remplie à portée de mains….

  Titre : Le Retour
Auteur : Robert Goddard
Traduit de l'anglais par Élodie Leplat
Éditions : Sonatine (28 Août 2014)
Première édition en 1997 en langue originale.
Nombre de pages : 430
ISBN : 978-2-35584-280

 

Quatrième de couverture

Il ne faudrait jamais se retourner sur son passé...

Cornouailles, 1981. Chris Napier revient pour la première fois depuis des années à Tredower House, le domaine familial, acquis entre les deux guerres par son grand-oncle Joshua, pour assister au mariage de sa nièce. Au beau milieu de la cérémonie, Nick Lanyon, l'ami d'enfance de Chris, fait irruption et annonce, à la surprise de tous, que son père, Michael Lanyon, exécuté pour avoir commandité le meurtre de Joshua en 1947, était innocent. Il en a la preuve. Le lendemain, on retrouve Nick pendu. Par fidélité envers son ami, et pour dissiper des silences et des zones d'ombre qui depuis trop longtemps hantent sa famille, Chris décide de faire la lumière sur l'assassinat de son grand-oncle. Mais il y a des secrets qu'il est parfois bon de laisser en sommeil et Chris est loin de se douter des dangers qu'il encourt en exposant ainsi la légende familiale à la lumière de la vérité.