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28/12/2013

Puzzle, de Franck Thilliez (chronique 3)

puzzle.jpgUne chronique de Richard

 Manquera-t-il un morceau à ce Puzzle ? 

«Quoi qu’il arrive, rien de ce que vous allez vivre n’est la réalité. Il s’agit d’un jeu»

Époustouflant !
Passionnant !
Dérangeant !
Et affreusement efficace ... même si certains lecteurs pourraient deviner la finale. Et bien, je vous le dis: on s’en fiche !

J’ai beaucoup aimé ce «Puzzle» de Frank Thilliez !

J’ai eu un très bon moment de lecture avec ce thriller, qui a bien répondu aux exigences d’un thriller : une histoire prenante; une tension qui se nourrit au fil des pages; un endroit inhospitalier (insulte suprême pour un ancien hôpital !) et angoissant; des personnages projetés au centre d’un événement extraordinaire ... et un lecteur qui se pose de centaines de questions, tout au long de sa lecture.

Bienvenue dans le monde angoissant du huis-clos. À certains moments, le lecteur fera des rapprochements avec certains romans qui ont utilisé cette technique. On ne peut passer à côté des «Dix petits nègres» de la grande dame anglaise du roman policier ni de l’angoissant «Shining» du maître de l’horreur américain. J’ai même fait un certain parallèle avec le très bon «Criminal Loft» (Armelle Carbonel) dont j’avais fait la critique.

Chloé Sanders, son ex-petite amie, entre en contact avec Ilan Dedisset pour lui annoncer qu’elle a enfin trouvé la porte pour pénétrer dans le jeu «Paranoïa» qui rapportera 300 000 euros au gagnant. Depuis le temps que tous les deux, ils rêvent de ce moment ! Chloé réussira-t-elle à convaincre Ilan de se lancer dans cette aventure?

Ilan est prudent, convaincu qu’il est au centre d’un complot dont l’origine remonte à la recherche que ses parents ont réalisée, juste avant leur mort, dans un accident assez difficile à justifier.

Finalement il accepte et se lance dans cette chasse au trésor.

En route vers leur destinée, Ilan et Chloé rencontrent un personnage inquiétant, menotté, portant une cagoule. lL’individu est transféré dans une prison de la région, accusé du meurtre de 8 personnes dans un chalet isolé, en montagne. Que vient-il faire dans cette histoire déjà assez trouble ?

Finalement, les huit participants sont réunis dans un ancien hôpital psychiatrique, obnubilés par l’appât du gain qui pourrait s’avérer fort dangereux et manipulés par un meneur de jeu diabolique.

Une des premières consignes le confirme: «L’un d’entre vous va mourir.»

Commence alors, cette chasse à l’aveugle où les règles du jeu sont floues, où les attentes sont vagues et où les moyens sont illimités.

Cloitrés, emprisonnés dans ce lugubre endroit, coupés du monde par une tempête de neige, la partie commence dans un concert de «chacun pour soi» ! «Paranoïa» est maintenant en marche ! Le jeu commence ! Mais est-ce réellement un jeu ?

Ces quelques jours de joute, dans un terrain de jeu lugubre où les jouets sont humains et les personnages, des pantins, apporteront leur lot de violence, de morts et de combats physiques et psychologiques. Chaque page, chaque chapitre, entraînera les participants au plus profond d’eux-mêmes; l’humain y montrera, souvent, son visage le plus laid, celui de l’homme qui veut à tout prix gagner, et toujours au détriment de l’autre.

Le jeu est impitoyable, il n’y aura qu’un seul gagnant !

Peut-être !

Tout est mis en place pour exacerber le côté «animal» des huit joueurs: stratégies violentes, exploitation des faiblesses de chacun, endroits lugubres, matériel médical et de torture, épreuves exigeantes, objectifs cruels et ambiance noire. Ils ne peuvent faire autrement, les huit humains en cage se transforment très rapidement en animaux traqués, prêts au pire pour s’en tirer. Avec les 300 000 euros, évidemment !

Voici donc l’atmosphère dans laquelle l’auteur place ses personnages et installe ce climat angoissant pour ses lecteurs. Acceptant de jouer le jeu, comme les huit participants, le lecteur se laisse entraîner dans ce tourbillon, marche avec eux dans ces corridors funestes, entre dans des salles qui résonnent encore des cris des patients que l’on trépane et pour atteindre son objectif, pousse le bouton qui délivrera une charge électrique sur l’autre concurrent. Impuissant, le lecteur assistera aussi à la découverte des corps de ceux qui sont tombés au combat.

Frank Thilliez nous offre donc toute la recette d’un très bon thriller: un style vif, concis où chaque phrase est au service de l’intrigue, de la tension qui monte. Et même si en chemin, on commence à se douter de la résolution finale, rien ne vient altérer cette montée de la pression, ce sentiment de peur qui fait frissonner le lecteur de thriller psychologique.

Évidemment, on aime ou on n’aime pas ! Moi, j’aime bien ces tours de montagnes russes littéraires où parfois, une descente vertigineuse nous procure une drôle de sensation, au creux du ventre. J’apprécie cette anticipation de la frayeur que l’on ressent quand le convoi monte tranquillement cette pente vertigineuse et qu’au plus haut de la structure, le cœur se met à battre à toute vitesse, presqu’incontrôlable. Alors, si pour vous, un roman peut vous apporter ces sensations, alors réalisez ce puzzle et laissez-vous porter par cette très bonne histoire.

Voici quelques extraits:

«De quoi mourait-on dans les hôpitaux psychiatriques ? De maladie ou de tristesse ?»

«Ilan naviguait de choc en choc, d’horreur en horreur et pourtant, il avait l’impression de progresser. De se rapprocher d’une vérité qui s’avérait d’ores et déjà ignoble.»

«On ne peut pas tuer la mort.»

« Le jeune homme sentait une lutte à l’intérieur de sa tête, quelque chose de puissant qui l’empêchait d’accéder à la vérité.»

«Il continua à réfléchir à ce mélange d’invention et de souvenir, ce film improbable qui venait de se dérouler dans sa tête.»

Bonne lecture !

Richard (Polar, noir et blanc)

A lire : les chroniques de Paco et de Christophe sur Puzzle.

Puzzle
Frank Thilliez
Fleuve noir
2013
430 pages