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Mauvaise graisse, de Patrick-K Dewdney
Une chronique de Cassiopée.
Rencontre neigeuse…. Rencontre malheureuse ?
C’est avec une écriture minimaliste, un style sobre mais néanmoins efficace, peu de pages et très peu de personnages que l’auteur de ce huis clos nous enferme dans la tourmente neigeuse avec ses protagonistes.
Autant l’avouer tout de suite (faute avouée…vous connaissez la suite…), ce livre ne me faisait pas envie…
La faute au titre, berk, cette mauvaise graisse qui s’incruste dans la silhouette… (Et même si maintenant, je comprends le titre, je persiste et signe « il ne fait pas envie… »)
La faute à la maison d’éditions que je ne connais pas… Est-ce que ce roman va être un minimum intéressant ?
La faute à la couverture : pas mal mais sans plus… Peut mieux faire…
Et puis, un après-midi sombre et pluvieux (pas neigeux comme dans le récit ouf…), un bon canapé, une théière fumante et je me dis « allez, on va voir ce que ça vaut… »
Le thé a refroidi, j’ai lu d’une traite… avalant les 224 pages sans m’en rendre compte….
Donc un livre de bonne facture qui permet de passer un excellent moment, comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences….
Le personnage principal, François, la cinquantaine, va, dans des circonstances inattendues, se retrouver à faire le point sur sa vie. Escroc à la petite semaine jouant les gros bras, il n’en est pas moins un homme avec ses faiblesses et ses limites. Une rencontre assez improbable et un temps de chien dans la Creuse vont lui donner l’occasion de se « poser » trois jours…. Et lorsqu’on mène une vie moyennement intéressante, arrive un moment où on se pose des questions, surtout lorsqu’on pense être à mi-parcours de son existence ou plus près de la fin que du début …
C’est dans une atmosphère particulière que nous allons accompagner notre « héros » (qui n’en a que le nom, quoique…) Les quelques protagonistes qui évoluent autour de lui, semblent tous avoir une part de mystère et ne le mettent pas à l’aise (et nous, nous avons du mal à les cerner, les trouvant bizarres et troublants). Ajouter à cela une météo déplorable qui le bloque sur place, cela fait beaucoup pour un homme pas au mieux de sa forme et qui n’a qu’une envie : fuir…
Nous aurons peu d’éléments sur le passé des individus qui se côtoient dans ces pages mais en quelques mots, décor, événements et personnalités sont « campés ».
Il n’y a pas une grosse intrigue ni une recherche psychologique approfondie mais ce que nous savons nous suffit pour avoir une « image » de ces instants décalés auxquels se trouve confronté François Martin, obligé de faire des choix, qui est plus est de les faire très vite, sans vraiment avoir le recul nécessaire pour peser les tenants et les aboutissants…
A travers le parcours de François, nous retrouvons quelques unes des interrogations des hommes et des femmes, par rapport au travail, à la vie, à la famille…
Une lecture fluide, assez complète mais aucunement compliquée ni prise de tête, idéale pour des vacances ou un après-midi au temps maussade….
NB : J’ai apprécié les explications sur « Geste Éditions » dans les dernières pages mais pourquoi faire imprimer le livre en Espagne ? Ne vaudrait-il pas mieux trouver des imprimeurs de l’Ouest soucieux de l’environnement ?....
Titre : Mauvaise graisse
Auteur : Patrick-K Dewdney
Éditions: Geste (10 Mars 2013)
Collection : Le Geste Noir
Nombre de pages : 224
ISBN: 978-2-36746-017-8
Quatrième de couverture
François Martin, escroc minable originaire de Marseille, a trouvé refuge dans la Creuse où il s'est laissé enfermer dans une vie de mensonge, ennuyeuse et sans avenir. Cinquantenaire, atteint d'un cancer, il voit ses illusions d'une vie meilleure s'effondrer petit à petit lorsqu'une tempête de neige vient soudainement figer le pays. Coincé dans son petit village creusois, un huis clos de trois jours se met en place.
09/08/2013 | Lien permanent
Le briseur d'âmes, de Sebastian Fitzek
Une chronique de Cassiopée
Enfermés ....
Waouhh !!! Un huis clos qui décoiffe, qui secoue, qui déroute … Une vraie réussite…
Lecture sur deux tableaux :
1) Des étudiants, avec un professeur, consultent le dossier d’un patient après avoir signé une « décharge » d’un genre particulier.
2) Le dossier du patient nous raconte une courte période dans une clinique psychiatrique où les personnes présentes se retrouvent bloquées sur place par la neige. (et subtilité amusante, lorsqu’on arrive page 89 du dossier du patient, on est page 89 dans le roman….).
Toute se mêle astucieusement, et on se laisse aller à penser « où est la vérité ? ». Nous passons de l’un à l’autre.
De temps en temps (pas souvent mais un peu), les étudiants ou leur professeur s’expriment et on revient dans le présent. Un présent presqu’aussi angoissant que le récit que l’on découvre par l’intermédiaire du suivi d’un malade, le tout décortiqué dans un horaire précis, avec un passage avant la Peur (avec une majuscule) et un après …
C’est très très bien pensé. L’auteur réussit à nous manipuler, comme le sont ses personnages. Aucune conviction, aucune certitude ne peuvent nous habiter … seuls les doutes, le flou, les questions sont présents en nous. Le tout accompagné d’une ambiance terrifiante, la tension montant en force au fil des pages, parallèlement à la terreur qui s’installe dans la clinique …
« On prétend que l’homme ne révèle sa véritable nature que dans des situations extrêmes. »
Les hommes et les femmes enfermés dans la clinique sont dans ce cas. Jusqu’où peuvent-ils aller ? Qui croire ? Comment agir pour s’en sortir ? A travers une situation qui évolue sans cesse, nous sommes comme eux, confrontés sans arrêt à des interrogations sans fin, doutant de tout et de tous …
Caspar, le « patient » est amnésique, son passé semble trouble, il ne sait plus qu’il est, il a été retrouvé sans papier d’identité. Parfois des « échos » (alors écrits en italiques) résonnent en lui, à ce moment là, des paroles ou des images s’imposent dans son esprit torturé …. Rêves, cauchemars, souvenirs réels ou déformés ? Il nous entraîne à sa suite, nous laissant entrevoir des pistes pour mieux le comprendre, le connaître … Mais est-il celui que nous croyons ?
Tout n’est-il pas qu’apparence ?
« Méfiez-vous des apparences. Oui, à première vue, on dirait un roman. Mais ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. »
Dit le professeur à ses élèves …. avant même de les laisser lire ….
Petites énigmes pour « décompresser » (mais pas tant que ça … parfois elles rajoutent à l’oppression), réflexion sur le rôle de l’hypnose par rapport à la souffrance, influences des êtres humains sur d’autres lorsqu’ils bouleversent leur mode de pensées, leur réalité, tous ces sujets sont abordés dans ce roman.
L’écriture est acérée, cinglante, économisant le superflu pour ne laisser que les mots qui « frappent », qui envahissent cerveau, esprit, pensées … comme autant de coups de butoir déstabilisant nos piètres certitudes.
Parler des personnages serait déflorer le roman, sachez juste que chacun d’eux est remarquablement décrit, introduit dans l’intrigue à un moment clé, pour ajouter à ce climat alarmant si bien retranscrit ….
La grande force de l’auteur est de réussir avec brio à nous faire passer sans arrêt d’un état à un autre et à retourner régulièrement la situation décrite quand elle semblerait se stabiliser ….
On s’imagine que tout va s’apaiser, que chacun a trouvé sa place et puis … il n’en est rien.
En conclusion, un excellent livre, surprenant, plutôt original dans sa construction et son approche de la personnalité humaine ... donnant parfois froid dans le dos.
Cassiopée
Titre : Le briseur d’âmes
Auteur : Sebastian Fitzek
Éditions l’Archipel (mars 2012)
Nombre de pages : 270
Quatrième de couverture :
Un psychopathe sévit dans les environs de Berlin. Lorsque la police retrouve ses victimes, ces dernières sont vivantes, n'ont subi aucun sévice, mais se trouvent prostrées dans un état végétatif, psychologiquement anéanties, comme privées de conscience...
D'où le surnom que lui a donné la presse : le briseur d'âmes. Quelles tortures mentales a-t-il infligé à ses proies ? Et pourquoi laisse-t-il dans leur main une phrase énigmatique ? Caspar, un amnésique d'une quarantaine d'années interné dans une clinique psychiatrique de luxe, n'aurait jamais imaginé croiser le chemin du psychopathe. Et pourtant, en cette veille de Noël, alors qu'au-dehors une tempête de neige fait rage, lui, le personnel médical et quelques patients se retrouvent enfermés dans la clinique, coupés du monde... avec le briseur d'âmes. Et, cette fois, il tue ! »
15/03/2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Désert barbare, de Maud Tabachnik
Une chronique de Bruno
Sonara. Un nom mélodieux à l’accent latino, gorgé de poésie. Mais derrière ce nom suave et sucré comme un fruit bien mûr, se cache l’enfer des hommes. Un endroit oublié de dieu, où l’individu se déshabille de son humanité pour sombrer dans la folie la plus pure, où la mort est ce que la vie a de plus beau à offrir : une délivrance.
C’est dans cet endroit, où la loi des hommes s’évapore au soleil, où leur destin se plante dans le sable chaud comme un insecte clouté à une planche que nous allons retrouver des personnages récurrents de l’œuvre de Maud Tabachnik.
Sandra Khan, tout d’abord, journaliste au San Francisco Chronicle , qui pour avoir accepté d’aider un riche couple californien à ramener leur fille partie brutalement du giron familial pour voler de ses propres ailes, se retrouve en Arizona sur les traces de la disparue.
Mais sur place l’affaire se corse. Il semblerait en effet que la jeune fille ait trouvé une « Famille » de substitution, sous l’aile protectrice d’un certain Fox, à la fois « Père » et gouroud’un agglomérat de paumés et de drogués qui aliènent leur liberté à la folie dévastatrice d’un homme , et annihilent leur humanité dans le sexe , la défonce et le meurtre. Car dans cette famille, la violence et la perversité ne sont pas les moindres de ses valeurs.
Sandra prendra toute la mesure du mal qui personnifie cette « Famille » quand elle croisera sa route en compagnie de Brad, un banquier qui a vu sa femme et son enfant massacré à l’issue de braquage de sa banque par cette bande de dégénérés.
Sam Goodman lui, est flic à Boston. C’est le meilleur ami de Sandra. Après avoir manqué l’arrestation de Mercadier, un caïd haïtien trafiquant d’enfants, échec qui se traduira par la mort d’un officier de police, celui-ci se voit contraint d’abattre quelques heures plus tard un black qui menaçait de son arme des commerçants asiatiques. L’affaire risquant de prendre une tournure raciale, il est envoyé en Arizona, sur la piste de Mercadier où celui-ci est parti se planquer.
Au déchaînement des hommes va venir se rajouter celui de la nature, dans une tempête de sable qui va prendre tous les protagonistes de ce roman au dépourvu et croiser leurs destins dans une farandole de sang et de démence. Entre les scorpions et les crotales, les balles et les poignards, le désert va prélever son dû, quand l’homme offrira son tribu à la folie. Car si le désert pour guérir du désespoir, on peut aussi y perdre son âme.
Maud Tabachnik aime à enfoncer ses personnages dans une sale histoire. Dans un style sec et sans fioritures, cassant comme un bois mort, elle aime à les tourmenter. C’est un auteur rare qui va au bout de la logique de la violence. Pas de bons sentiments chrétiens pour épargner la veuve et l’orphelin. Mais en même temps, pas de voyeurisme, pas de violence gratuite. Pour elle cette violence n’est pas un spectacle, mais porte en elle un questionnement.
J’ai été surpris de voir que la revue « Elle » la comparait à Michael Connelly. Personnellement je ne vois pas en quoi elle s’en rapproche, et quand on voit la médiocrité des derniers romans de Connelly ce n’est pas forcément le meilleur compliment qu’on pouvait lui faire. Personnellement je rapprocherai davantage Maud Tabachnik d’un Teran Boston par exemple ! D’ailleurs, « Désert Barbare » n’a pas été sans me rappeler « Satan dans le désert », un livre culte pour moi.
J’ai donc pris un vrai plaisir à lire « Désert barbare » , et j’attendrai donc le prochain avec impatience, dont je me suis laisser dire qu’il aurait un lien avec l’Exodus.
Alors si votre été vous semble morose, un poil trop pluvieux, prenez donc la direction du Sonara à la suite de Maud TABACHNIK, un vrai coup chaud vous y attend ! Mais je vous aurai prévenu.
Le blog de Bruno : http://passion-polar.over-blog.com/
A lire également :
- Une chronique de Jacques sur le même roman.
- Un entretien de Un Polar avec Maud Tabachnik.
Désert barbare
Maud Tabachnik
Albin-Michel
19,80 €
11/09/2011 | Lien permanent | Commentaires (1)
La Reine et l’Assassin, de David Morrell
Une chronique de Cassiopée.
Londres : 1842 et 1855. Les événements que nous découvrons en 1855 sont éclairés par ceux du passé….Qui est ce mystérieux Vengeur qui veut semer (et sème) la terreur jusqu’à vouloir attenter à la vie de la Reine elle-même ? Pourquoi en arrive –t-il à de telles extrémités, qu’a-t-il vécu de si terrible ?
C’est dans un roman foisonnant, intéressant et très bien documenté que nous le découvrons. L’auteur mêle habilement faits réels et imaginaires. Disons qu’il place son intrigue dans un contexte ayant existé et qu’il a soigneusement étudié. Comme il l’indique lui- même dans les dernières pages, il a librement « utilisé » les éléments qu’il a recueillis (une tempête de neige par exemple). Les renseignements que l’auteur a rassemblés sont insérés avec intelligence au cœur des événements présentés et on croirait presque lire un roman « totalement historique ». David Morrell évoque notamment le mouvement « Young England » et m’a donné l’envie d’en savoir plus sur cette action. J’ai trouvé l’ambiance de l’époque très bien retranscrite, les lieux, les événements ont la saveur et le vocabulaire du passé. On s’y croirait tant les personnages évoluent dans une atmosphère victorienne, avec les « accessoires » de cette période. Ce qui est parfaitement habile, c’est le fait que les situations s’intègrent dans le contexte sans qu’on le sente. On aurait pu croire que l’auteur allait planter un décor « historique » basé sur ce qu’il a glané et qu’il allait petit à petit insérer des faits dans ce qu’il présentait. Mais pas du tout, on ne peut pas démêler ce qui est de la fiction, du réel. Et c’est très fort car cela donne un ton très juste, très vrai, très ancré dans l’époque victorienne. Je crois que ce doit être un gros travail d’écriture pour que tout cela reste « lisible » sans devenir rébarbatif.
Les personnages sont « en haut en couleurs », Thomas De Quincey, « l’opium man » est très présent dans les pages. Il apporte un regard plus fantaisiste sur ce qu’il observe. En complément, on a également accès au journal intime d’Emily, sa fille, qui, elle, offre un regard exacerbé sur ce qu’elle voit. Ils vont s’allier et aider d’autres protagonistes, tout faire, ensemble, pour coincer le tueur et empêcher le plus possible de meurtres. C’est une course conte la montre qui s’engage. Il est intéressant de décomposer les raisonnements de Thomas De Quincey. Son esprit, qui pourrait être embrumé par la drogue, est relativement vif et ses déductions valent le détour. Avec lui, les faits s’enchaînent en suivant une logique qui lui est propre et qui paraît évidente lorsqu’il la présente.
C’est un roman qui m’a agréablement surprise. J’ai trouvé l’écriture complète et raffinée, le style de qualité et le contenu très complet. Le traducteur a soigneusement choisi les mots permettant de garder l’ambiance mise en place par l’auteur et le tout est une réussite !
La Reine et l’Assassin
Auteur : David Morrell
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Frédéric Grellier
Éditions : Marabout (Mars 2016)
Collection : Thriller
Nombre de pages : 320
ISBN : 978-2501103787
Quatrième de couverture
Londres, 1855.
La guerre de Crimée fait rage. L’incompétence de l’état major britannique provoque la chute du gouvernement en place. L’empire vacille. C’est dans ce contexte troublé que le sulfureux opiomane Thomas de Quincey et son «équipe» (sa fille et leurs deux acolytes de Scotland Yard) affrontent un tueur d’un genre bien particulier. Ses victimes, toutes des membres de l’aristocratie, sont autant de jalons vers un objectif ultime : l’assassinat de la reine Victoria elle-même. Alors que de Quincey et sa fille se démènent pour protéger la reine, ils mettent au jour les secrets tragiques du passé d’un homme rongé par sa soif de vengeance.
13/04/2016 | Lien permanent
L'accident de l'A35, de Graeme Macrae Burnet (The Accident on the A35)
Une chronique de Cassiopée
Bertrand Barthelme est un notaire réputé. Depuis qu’il est marié, tous les mardis soir, il va manger avec son club : c’est-à-dire trois amis et lui à l’auberge du Rhin. Dans ce groupe on trouve : son collègue et associé de cabinet, un agent immobilier et un propriétaire d’une usine pas loin de la ville de Saint-Louis, en Alsace où se déroule ce récit.
On est mardi, et la voiture de ce brave homme vient de s’encastrer dans un arbre. Il est mort sur le coup et il faut prévenir son épouse. C’est l’inspecteur Georges Gorski qui doit annoncer la nouvelle et c’est peut-être la seule chose qui sorte de l’ordinaire qu’il fera dans la semaine. Il prend son rôle très au sérieux et va sonner à la porte. La gouvernante ouvre, Madame le reçoit au lit et ne semble pas bouleversée par le décès de son mari. Elle lui demande de prévenir leur fils qui est dans sa chambre (c’est un lycéen de 16 ans). Elle fait quand même remarquer qu’il s’avère étonnant que le véhicule ait été trouvé sur l’A35 alors que ce n’est pas l’itinéraire pour revenir du restaurant où les quatre compères dînaient toutes les semaines, depuis des années….
Notre inspecteur, tombé sous le charme de la jeune veuve (en plus il a bien vu qu’elle faisait chambre à part !), se propose de creuser un peu l’affaire afin de comprendre ce que Bertrand Barthelme faisait sur l’A35 dans ce sens… Il va donc mener l’enquête, discrètement, et s’aperçoit très vite que le souper n’était qu’un alibi et n’existait pas …. Il n’est pas le seul à vouloir connaître un peu plus le notaire. Le fils, Raymond, bien que peu touché par cette disparition, entreprend également quelques démarches, en cachette de sa mère, bien entendu
Nous allons suivre leurs investigations respectives et c’est un régal. Il y a une atmosphère délicieusement surannée. On est encore au temps des cabines téléphoniques, des gens qui fument dans les cafés, des carnets pour prendre des notes, des empreintes sur les verres … Exit internet, le traçage des téléphones, l’ADN … Un petit bout de papier oublié dans un tiroir suffit à déclencher une tempête…
La femme et la fille de Georges Gorski l’ont quitté, il boit trop et ne s’occupe pas assez de sa famille alors, bien sûr, cette enquête qui n’en est pas une, va l’intriguer au plus au point et lui permettre, peut-être, de faire remonter sa cote. On plonge dans ses pensées, ses raisonnements, on le suit de près, on sent presque l’odeur d’alcool lorsqu’il se laisse aller. On découvre à sa suite, les petites villes un peu étriquées, où tout se sait ou presque. Les mensonges, les faux semblants, les peurs du « qu'en-dira-t-on », l’hypocrisie pour répondre aux conventions et faire comme si … Et l’inspecteur creuse encore et encore. Est-ce parce qu’il est attiré par Lucette (Madame Barthelme), ou parce qu’il a besoin de comprendre ce que cachait le notaire et qui il était vraiment?
L’écriture de l’auteur (bien traduite), assortie d’un faux rythme, assez lent, est réjouissante. Il ausculte les habitudes, les choix de chacun, les travers des uns et des autres. Il traque le moindre détail pouvant le mener sur une piste afin de cerner ce qui lui échappe. Le style est truculent parce que l’air de rien, par petites touches, des portraits se dessinent sous nos yeux, de plus en plus précis et c’est amusant de constater que notre opinion évolue au fil des pages. Il est également très intéressant de voir combien ce décès qui n’a pas semblé bouleversé la femme et le fils, a en réalité, complètement chamboulé le quotidien du jeune lycéen, faisant ressortir ce qu’il avait étouffé jusque-là.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, ce phrasé original, la manière dont les événements sont abordés, réfléchis par l’enquêteur et j’ai hâte de relire cet auteur atypique.
Traduit de l’anglais pas Julie Sibony
Éditions : Sonatine (19 Septembre 2019)
340 pages
Quatrième de couverture
Avocat respectable dans une petite ville alsacienne, Bertrand Barthelme, trouve la mort une nuit dans un accident de voiture. Lorsque l’inspecteur Georges Gorski vient annoncer la triste nouvelle à sa femme, celle-ci lui apparaît peu affectée. Une seule question semble l’intriguer : que faisait son mari sur cette route au milieu de la nuit ? Question banale...
23/09/2019 | Lien permanent
Dans les brumes de la baie, de Guillaume Lefebvre
Une chronique de Cassiopée
Ancien capitaine de navire, Guillaume Lefebvre place souvent ses intrigues sur des bateaux avec un personnage récurrent : Armand Verrotier. Cette fois-ci, c’est à terre que se déroule l’essentiel de l’histoire mais pas loin des plages, près de Cayeux sur Mer et de Saint-Malo, région qu’il aime. Sans doute pour ne pas faire mentir l’adage : on ne parle bien que de ce qu’on connaît.
Hatice est une jeune femme hébergée chez Armand Verrotier pendant qu’il est en mer. Lé décor est donc familier pour ceux qui suivent l’auteur mais pour un nouveau lecteur, il n’y a rien de gênant. Un jour où elle prend des photos d’oiseaux sur la plage, Hatice aperçoit une femme dans l’eau alors que le chenal va s’élargir. Qu’elle soit une adepte de la pêche à pied ou autre chose, une chose est sûre : cette personne n’a plus la force d’avancer et il faut lui porter secours. Hatice n’a pas le choix et elle va l’aider à ses risques et périls. Elle la sauve de justesse. L’inconnue est hospitalisée dans un état critique puis elle finit par disparaître. Hatice, veut comprendre et parallèlement aux policiers chargés des investigations, elle va mener sa petite enquête. Elle fait le lien entre cette femme dont personne ne retrouve la trace et l’épouse d’un armateur disparue en mer alors qu’elle était sortie seule avec son embarcation. Elle ne se doute pas qu’elle va rapidement se mettre en danger, qu’elle sera suivie et surveillée, alors qu’elle est dans cette ville pour se faire oublier…..
On pourrait penser qu’Hatice est trop curieuse (un défaut bien féminin ?) mais je ne pense pas que ce soit ça. Elle a sauvé une femme et se sent presque un peu responsable d’elle d’où ce besoin de la retrouver après qu’elle a quitté l’hôpital (forcée ou de son plein gré ?) Ce qu’elle ignore par contre, c’est que cette quête l’entraînera très loin, beaucoup plus que ce qu’elle imagine. J’ai apprécié le personnage d’Hatice, une femme opiniâtre, vive (parfois un peu trop), elle observe, elle réfléchit et réalise vite qu’elle est manipulée par certains. Elle doit alors être vigilante et se méfier de tous. Les enquêteurs, eux, ne sont pas toujours rapides, peut-être noyés sous la paperasse et les coups de fil. Il arrive qu’Hatice les dérange car elle va plus vite qu’eux et pourtant ils ont intérêt à se rapprocher d’elle pour utiliser les informations qu’elle découvre.
L’intrigue est travaillée et est intéressante. On s’interroge sans cesse sur qui est coupable et pourquoi. Les personnages autant principaux que secondaires ont de l’étoffe et on ne sait pas forcément si on peut les croire, leur faire confiance. Le contexte est bien décrit et on est tellement imprégné de l’atmosphère du récit qu’on regarde par-dessus son épaule pour voir s’il n’y a pas quelqu’un qui nous épie. Il y a quelques situations qui interrogent et qu’on ne sait pas forcément comment interpréter. Ce qu’on imagine être des indices en sont-ils vraiment ?
Avec ce nouveau titre, Guillaume Lefebvre est monté en puissance. L’écriture, toujours fluide est plus affirmée, ne ménageant pas le lecteur. L’histoire est complète, réfléchie et parfaitement « orchestrée » pour que tout s’explique à la fin. Ce roman m’a accrochée dès les premières pages et j’ai pris du plaisir à le lire, essayant de cerner ce qui était caché.
Je suis contente que l’éditeur Aubane ait repris la série des polars en Nord, cela m’a permis de lire le nouveau roman d’un auteur que j’apprécie.
Éditions : Aubane (6 Mai 2021)
ISBN : 978-2492738142
254 pages
Quatrième de couverture
Par une nuit de tempête, le voilier de Diane Le Querec fait naufrage au large de Saint-Malo.
Quelques semaines plus tard, Hatice, une jeune ornithologue, aperçoit une femme en difficulté au milieu de la baie de Somme. Après un sauvetage délicat, la victime est transportée à l’hôpital d’où elle disparaît sans laisser de traces. Plusieurs centaines de kilomètres, plusieurs mois séparent le naufrage et ce sauvetage inattendu, pourtant Hatice, curieuse et déterminée, établit un lien entre eux. Dans l’apparente quiétude hivernale, de sombres desseins se dévoilent alors.
03/07/2021 | Lien permanent
Mort à vie, de Cédric Cham
Une chronique de Cassiopée
Il y a quelques heures que j’ai terminé ce roman et j’ai encore froid… Un froid insidieux qui m’a mis le cœur à vif. Noirceur et désespérance sont les maîtres mots de ce récit d’un réalisme troublant. Un choc, une claque ou comment des hommes peuvent être broyés parce qu’ils ont fait un choix. Je ne parle pas de mauvais choix, parce que Cédric Cham nous démontre bien que parfois il n’y a pas d’autres solutions que celle choisie et c’est ce qui est terrible. Ensuite, les circonstances, l’engrenage se mettent en place et détruisent …
Lukas vit en couple avec Camille, ils ont une petite fille, tout va bien. Jusqu’à ce jour où il est interpellé, mis en garde à vue pour un homicide. C’était sa voiture mais son frère conduisait… Ce dernier a déjà eu maille à partir avec la justice, alors Lukas ne pense qu’à une chose : protéger son frangin surtout qu’il a une « dette » envers lui. Et il se laisse embarquer lorsqu’on vient l’arrêter au boulot. Il découvre le monde de la prison, un microcosme avec ses lois, ses codes auxquels il faut se soumettre pour avoir une place. Un endroit où : « L’espoir rallonge le temps et grignote les nerfs. L’acceptation permet de trouver un semblant de paix. »
Quand on est emprisonné, il est nécessaire d’avoir une carapace, d’être fort pour s’en sortir. A l’intérieur, le temps se fige. Mais à l’extérieur, le monde continue d’avancer, votre famille, vos amis suivent le cours de leur vie….sans vous… On ne peut pas être assuré de retrouver ceux qu’on aime avec les mêmes liens lorsqu’on sort. Le temps aura fait son œuvre et que restera-t-il de Camille et Léana le jour où Lukas reviendra à la maison ? Il le sait, il le sent, plus rien ne sera pareil. Déjà les parloirs ne sont pas comme il le pensait. Alors, lutter ? Se laisser aller ? S’enfoncer ou relever la tête ? Garder une lueur d’espoir ou pour être plus solide, se l’interdire ? Est-il déjà un peu mort au-dedans de lui donc indifférent à tout ?
Pendant ce temps, Eddy, le frangin, retombe dans ses travers, argent facile, nanas etc… Le lecteur se sent impuissant, il voudrait lui hurler : arrête, regarde ce que tu deviens, pense à Lukas a pris ta place ! Mais ça, Eddy le sait, il le met dans un coin de son cerveau et il repart …. Camille, elle, ne comprend pas le « sacrifice » de son conjoint. Tout cela est évoqué avec doigté, intelligence.
Cédric Cham nous plonge dans le monde carcéral où la violence, la solidarité, les clans sont très présents. Il faut créer des liens mais les bons, ne pas se laisser bouffer, ne pas devenir victime, ni bourreau, l’équilibre entre tout cela est délicat. Si le moral n’est pas au top, on peut sombrer d’un côté comme de l’autre.
Avec son écriture sèche, brute, l’auteur nous prend aux tripes. Pas de verbiage inutile, des mots qui frappent comme autant de coups de poing, des phrases courtes qui rythment un texte où il est difficile de reprendre son souffle. Ça pulse, ça tempête, ça envoie du lourd, du très lourd….
La couverture est magnifique, en lien avec les sujets évoqués, Lukas n’est-il pas prisonnier de lui-même ? De sa volonté d’être quelqu’un avant de devenir un autre parce que le destin l’a entraîné sur une autre route ?
Noir ? Oui, très noir mais excellent ….
Éditions : Jigal (15 Septembre 2020)
ISBN : 978-2377221103
322 pages
Quatrième de couverture
Lukas coule une vie tranquille aux côtés de Camille et de leur fille Léana. Jusqu’au jour où tout vole en éclats : il est interpellé, et dans la foulée mis en garde à vue pour homicide involontaire... Voulant protéger son frère Eddy, Lukas va endosser une lourde faute qui n’est pas la sienne. Un choix terrible ! Pris dans cette spirale infernale, il se retrouve placé en détention provisoire. Fiché, numéroté. Écrou 52641. Ici, il va tenter de survivre.
25/10/2020 | Lien permanent
Le 100 è singe, de Stéphane Lanos
Une chronique de Cassiopée
« L’impossible, nous ne l’atteignons pas mais il nous sert de lanterne. »
Ce roman qui se définit comme un thriller politique dans sa présentation est également un cri d’alerte.
Dans les premières pages, on suit diverses personnes à des dates précises : 1979, 1986, 1995 etc… Il faut bien les repérer car après on va tous les retrouver et découvrir ce qu’ils sont devenus. C’est intéressant de voir ce qui a pu influencer leur personnalité. Même si c’est assez bref, on voit ce qui les a construits, ce qui les motive.
Ce pourrait être demain…. C’est même parfois, déjà, aujourd’hui…. Et ce qu’on lit, interpelle, questionne, angoisse également… Ne nous laissons pas endormir, ouvrons les yeux….
Dans ce récit, le réchauffement climatique a fait des dégâts énormes et devant le comportement un tantinet attentiste de l’état, certains se décident à agir. Des comités de vigilance se mettent en place, l’idée serait bonne mais ça dérape, et ce sont plutôt des milices avec toutes les dérives possibles qui agissent. Certains les soutiennent, d’autres en ont peur et aimeraient se révolter. Les individus que l’on a appris à connaître se positionnent, hésitent, parlent, se taisent, se mettent en avant, se font oublier, comprennent ce qui se trame ou font comme s’il ne se passait rien …. C’est leur cheminement que nous suivons sur plusieurs mois, voire années.
L’auteur montre que la frontière entre le bien et le mal est parfois floue et que l’interprétation des faits peut prêter à confusion suivant celui ou celle qui observe, qui analyse.
« Le prof a dit comme toi, que le mal et le bien étaient en nous, côte à côte, et qu’ils n’arrêtaient pas de se faire la guerre au fond de notre tête, que c’était même ça notre liberté, choisir entre les deux et que c’était un combat de tous les jours. »
Il présente des situations et des événements où le (la) protagoniste doit se décider rapidement et quelques fois, pour la vie ou la mort. Qu’est-ce qui pousse un homme ou une femme à de telles extrémités ? Au nom de quoi, pour qui, dans quel but ? Stéphane Lanos nous parle de la place des médias, de leur rôle, de la manipulation d’un fait pour en donner une image qui correspond à ce que décident les gouvernants par exemple…. De nombreux chapitres sont consacrés à « Madame », qui n’est pas sans rappeler…chut, je ne dis rien….
Ce livre est rédigé sur un bon rythme, surtout une fois le « décor » planté. Le style est vif et l’écriture nerveuse. L’atmosphère est retranscrite avec doigté, on sent le malaise grandissant, l’emprise qu’ont certains sur les autres, soit parce qu’ils sont de beaux parleurs (menteurs ?), soit parce qu’ils savent apposer leur autorité pour rallier de plus en plus de monde à leur cause.
Il y a des passages qui m’ont noué le ventre. J’aurais voulu que ce soit différent mais, comme dans la vraie vie, on ne maîtrise pas tout, ni la maladie, ni la bêtise des hommes…. C’est sans doute ça qui fait la force de cet opus, il est ancré dans la réalité, celle dont on doit se méfier si on ne veut pas qu’elle devienne notre quotidien….
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Elle m’a secouée, elle m’a fait serrer les poings mais elle m’a laissé une lueur d’espoir. Il y aura toujours des hommes et des femmes pour dire stop et garder en tête ce que doivent être les vraies valeurs humaines de partage, tolérance et respect.
Éditions : de la Lanterne (3 février 2022)
ISBN : 978-2-9566386-6-7
552 pages
Quatrième de couverture
1er octobre 2019. Une tempête sans précédent frappe le sud-est de la France. Des villes majeures comme Toulon, Carcassonne ou Montpellier sont noyées sous les eaux. En réponse à l’incurie de l’État pour faire face à la catastrophe, des comités de vigilance se créent un peu partout sur le territoire.
30 juin 2023, 5h du matin. Le réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Cruas n’est plus refroidi. Entre ces deux événements, les tensions se nouent.
18/02/2022 | Lien permanent
Matrices, de Céline Denjean
Une chronique de Cassiopée
C’est l’hiver, la météo n’est pas clémente et il fait nuit. Un orage terrible avec vents, pluie et éclairs sévit sur cette petite route de campagne dans les Pyrénées. Paul Delormes se concentre, il distingue à peine la route et tout à coup, c’est le choc. A-t-il heurté un animal, une grosse branche tombée sur le bitume ou pire… un être humain ? Il sort de sa voiture en grommelant et là, c’est l’horreur, une jeune femme, enceinte, d’origine africaine, est couchée sur le sol. Il ne sait pas quoi faire, il est perdu quand tout à coup arrive une voiture avec un médecin qui prend les choses en mains. Malheureusement la blessée décède.
C’est à un duo féminin de gendarmes, Louise Caumont et Violaine Menou, qu’est confiée l’enquête. Que faisait cette demoiselle, inconnue du voisinage, à cette heure, sur la départementale sans tenue appropriée ? Que signifient les quelques mots prononcés en anglais où elle dit s’être échappée d’un véhicule et demande à ce que les autres soient sauvées ? Quelles autres ? De quoi parle-t-elle ? L’homme impliqué dans l’accident est-il aussi innocent qu’il veut le faire croire, n’y-a-t-il pas des zones d’ombre dans son emploi du temps ? Pourquoi cette femme sur le point d’accoucher n’était-elle connue d’aucun service de santé à proximité ?
Louise a cinquante ans, ce n’est pas la première affaire qu’elle doit résoudre mais celle-ci va la remuer au plus profond, l’emmener vers la résilience, la contraindre à laisser tomber les barrières qu’elle a soigneusement érigées autour d’elle. Parce qu’elle est comme ça, Louise, elle n’aime pas s’apitoyer, se monter « nue », dévoiler ses sentiments. Elle a besoin de maîtriser, de se protéger en permanence. Sa collègue, Violaine, qui, au fil du temps, est devenue une amie, le sait, et parfois elle lui enjoint de lâcher prise. Mais que c’est difficile ! Cet aspect du roman est intéressant car il donne une bonne part d’humanité aux personnages et on comprend également en quoi les investigations bouleversent Louise et pourquoi elle ne baissera pas les bras.
Une fois encore, Céline Denjean gratte où ça fait mal. Elle aborde de nombreux thèmes dans ce récit, et elle est parfaitement documentée. Je n’avais, par exemple, jamais entendu parler de « Supreme Eiye Confraternity » et ce que j’ai appris m’a révoltée. Les sujets qu’elle évoque sont traités avec intelligence, ses protagonistes n’en rajoutent pas dans le jugement, ils restent dans les faits et le ressenti en lien avec leur histoire personnelle.
J’ai particulièrement apprécié le cheminement de Louise, son abnégation pour faire avancer les choses, son ouverture d’esprit. Elle a aussi un sens inné de la déduction, elle observe, déduit, essaie d’analyser en finesse. Et quand les pièces du puzzle s’emboîtent, on se dit que nous aussi, on aurait pu comprendre, car l’auteur nous a glissé des indices. Ce qui est bien, c’est qu’ils sont placés çà et là, discrètement, et le texte ne s’appesantit pas dessus. Ce n’est que bien plus tard qu’on se dit « mais bien sûr ».
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé le style vif et l’écriture accrocheuse de Céline Denjean. Elle m’oblige à affronter de vrais problématiques de notre société. Cela interpelle, on se sent souvent démunie mais on ne peut pas rester indifférent. Aucun temps mort dans cette lecture et aucune longueur, un auteur à ne pas perdre de vue !
Éditions : Marabooks (2 mars 2022)
ISBN : 978-2501160803
370 pages
Quatrième de couverture
En plein mois de décembre, une terrible tempête se déchaîne sur les Pyrénées. Sous la pluie battante, une jeune femme enceinte qui court à perdre haleine est percutée par une camionnette. Avant de mourir, elle murmure quelques mots en anglais : « Save the others. » Qui est cette femme sans identité ? Que cherchait-elle à fuir ? Que signifie la marque étrange sur son épaule ? Et qui sont ces autres qu’il faudrait sauver ? Les gendarmes Louise Caumont et Violaine Menou se lancent alors dans une enquête hors-norme.
01/03/2022 | Lien permanent
Le palais des mille vents - Tome 2 : Les nuits de Saint-Petersbourg, de Kate McAlistair
Une chronique de Cassiopée
Pouvant être lu indépendamment du tome un, cette lecture a été pour moi un pur bonheur. Dépaysement garanti ! L’écriture très visuelle de l’auteur nous entraîne en Russie où l’on suit les personnages sur une dizaine d’années à partir de 1848. Le contexte historique est richement exploité (on sent que Kate McAlistair s’est bien renseignée), les traditions sont bien expliquées (notamment en termes d’héritage, de quotidien des riches et de leurs moujiks), la nature, la famille, la vie tout simplement ont une place extraordinaire dans ce roman. Le récit mêle habilement espionnage, aventure, amour, drame, secrets de famille, magouilles politiques, conflits de pouvoirs autour d’individus intéressants, dont la princesse Iéléna principalement attachante dans ses forces et ses faiblesses.
Dans une belle demeure, Iéléna et son mari, Vassili, vivent heureux. Elle vient de mettre au monde des jumeaux, deux beaux garçons : Viktor et Alekseï. Mais, peu de temps après la naissance, un des deux chérubins est retrouvé mort dans son berceau. La jeune mère sombre, entre folie et désespoir, plus rien ne la tient debout. Elle part avec son cheval, pour hurler sa douleur jusqu’à ne plus sentir sa voix, pour évacuer sa peine et l’horreur de cette absence qu’elle ne supporte pas. Lors de sa fuite, elle tombe sur une troïka accidentée où le cocher ainsi que le jeune couple qu’il transportait, ont été sauvagement assassinés. Dans les couvertures, un bébé épargné car les malfrats ne l’ont pas vu. Et si c’était un signe du ciel pense aussitôt Iéléna ? Elle ramène le tout petit dans son foyer, met son époux dans la confidence. Ce petit être va prendre la place de celui qui est parti trop tôt. Tous les moujiks, fidèles à ces deus amoureux qui les considèrent non pas comme des esclaves, mais bien des personnes à part entière, tous jurent qu’ils garderont le secret. Leurs maîtres sont des personnes exceptionnelles et ils entendent bien prouver leur fidélité en respectant ce pacte. Parmi eux Pavel et son fils Nicolaï qu’il élève seul depuis le décès de sa femme. Pavel qui donnerait sa vie pour ses maîtres. Son fils sera plus particulièrement destiné à accompagner les jumeaux, à grandir avec eux.
Mais qui est ce bambin qui fait irruption dans leur vie ? Il s’avère qu’il est l’enfant de ceux qui ont été tués. Puisqu’il a échappé au crime et qu’il est, semble-t-il, sans famille autant prendre soin de lui malgré ses origines anglaises comme le montrent des papiers officiels retrouvés dans le véhicule abandonné. Il vaut mieux que rien ne se sache, d’autant plus qu’à l’époque les relations sont plus que tendues entre la Russie et l’Angleterre (elles donneront lieu à la guerre de Crimée).
Est-ce que les jours vont continuer de s’écouler heureux ? Ce serait sans compter sur le frère de Vassili, d’une jalousie maladive et prêt à toutes les fourberies pour obtenir la moitié du domaine.
Cette histoire m’a enthousiasmée, on rentre immédiatement dedans (même sans avoir lu le tome précédent), on prend fait et cause pour la princesse, on veut qu’elle soit heureuse et on est révolté lorsqu’elle est malheureuse, on serre les poings ou on sourit avec elle. De plus, les paysages, les scènes sont magnifiquement décrits, je voudrais bien une série inspirée du palais des mille vents. Le vocabulaire est adapté avec quelques mots en russe, ce qui apporte une touche exotique. J’ai apprécié tout ce qui est présenté autour de l’élevage des barzoïs, là aussi, Kate McAlistair a dû se documenter. L’écriture et le style sont prenants, fluides, plaisants et surtout captivants. Il y a du rythme, c’est passionnant ! Je n’arrivais pas à me détacher du livre !
NB pour l’auteur : j’ai suivi votre conseil (page 161), je suis allée admirer une lezginka !
Éditions : L’Archipel (20 octobre 2022)
ISBN : 978-2809844634
418 pages
Quatrième de couverture
1848. John et Maura, jeune couple de scientifiques, sont à la recherche, près de Saint-Pétersbourg, d'une relique de grande valeur ayant appartenu à Gengis Khan. Le père de Maura, un officier irlandais, poursuit le même but. Celui-ci n'a jamais accepté que sa fille se marie avec un Anglais sans son consentement. Désireux de se débarrasser de son gendre, il le dénonce au tsar comme espion. John est contraint de fuir avec sa femme et leur fils nouveau-né alors que s'annonce une violente tempête de neige.
20/11/2022 | Lien permanent