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01/03/2022

Matrices, de Céline Denjean

Matrices.jpgUne chronique de Cassiopée

C’est l’hiver, la météo n’est pas clémente et il fait nuit. Un orage terrible avec vents, pluie et éclairs sévit sur cette petite route de campagne dans les Pyrénées. Paul Delormes se concentre, il distingue à peine la route et tout à coup, c’est le choc. A-t-il heurté un animal, une grosse branche tombée sur le bitume ou pire… un être humain ? Il sort de sa voiture en grommelant et là, c’est l’horreur, une jeune femme, enceinte, d’origine africaine, est couchée sur le sol. Il ne sait pas quoi faire, il est perdu quand tout à coup arrive une voiture avec un médecin qui prend les choses en mains. Malheureusement la blessée décède.

C’est à un duo féminin de gendarmes, Louise Caumont et Violaine Menou, qu’est confiée l’enquête. Que faisait cette demoiselle, inconnue du voisinage, à cette heure, sur la départementale sans tenue appropriée ? Que signifient les quelques mots prononcés en anglais où elle dit s’être échappée d’un véhicule et demande à ce que les autres soient sauvées ? Quelles autres ? De quoi parle-t-elle ? L’homme impliqué dans l’accident est-il aussi innocent qu’il veut le faire croire, n’y-a-t-il pas des zones d’ombre dans son emploi du temps ? Pourquoi cette femme sur le point d’accoucher n’était-elle connue d’aucun service de santé à proximité ?

Louise a cinquante ans, ce n’est pas la première affaire qu’elle doit résoudre mais celle-ci va la remuer au plus profond, l’emmener vers la résilience, la contraindre à laisser tomber les barrières qu’elle a soigneusement érigées autour d’elle. Parce qu’elle est comme ça, Louise, elle n’aime pas s’apitoyer, se monter « nue », dévoiler ses sentiments. Elle a besoin de maîtriser, de se protéger en permanence. Sa collègue, Violaine, qui, au fil du temps, est devenue une amie, le sait, et parfois elle lui enjoint de lâcher prise. Mais que c’est difficile ! Cet aspect du roman est intéressant car il donne une bonne part d’humanité aux personnages et on comprend également en quoi les investigations bouleversent Louise et pourquoi elle ne baissera pas les bras.

Une fois encore, Céline Denjean gratte où ça fait mal. Elle aborde de nombreux thèmes dans ce récit, et elle est parfaitement documentée. Je n’avais, par exemple, jamais entendu parler de « Supreme Eiye Confraternity » et ce que j’ai appris m’a révoltée. Les sujets qu’elle évoque sont traités avec intelligence, ses protagonistes n’en rajoutent pas dans le jugement, ils restent dans les faits et le ressenti en lien avec leur histoire personnelle.

J’ai particulièrement apprécié le cheminement de Louise, son abnégation pour faire avancer les choses, son ouverture d’esprit. Elle a aussi un sens inné de la déduction, elle observe, déduit, essaie d’analyser en finesse. Et quand les pièces du puzzle s’emboîtent, on se dit que nous aussi, on aurait pu comprendre, car l’auteur nous a glissé des indices. Ce qui est bien, c’est qu’ils sont placés çà et là, discrètement, et le texte ne s’appesantit pas dessus. Ce n’est que bien plus tard qu’on se dit « mais bien sûr ».

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé le style vif et l’écriture accrocheuse de Céline Denjean. Elle m’oblige à affronter de vrais problématiques de notre société. Cela interpelle, on se sent souvent démunie mais on ne peut pas rester indifférent. Aucun temps mort dans cette lecture et aucune longueur, un auteur à ne pas perdre de vue !

Éditions : Marabooks (2 mars 2022)
ISBN : 978-2501160803
370 pages

Quatrième de couverture

En plein mois de décembre, une terrible tempête se déchaîne sur les Pyrénées. Sous la pluie battante, une jeune femme enceinte qui court à perdre haleine est percutée par une camionnette. Avant de mourir, elle murmure quelques mots en anglais : « Save the others. » Qui est cette femme sans identité ? Que cherchait-elle à fuir ? Que signifie la marque étrange sur son épaule ? Et qui sont ces autres qu’il faudrait sauver ? Les gendarmes Louise Caumont et Violaine Menou se lancent alors dans une enquête hors-norme.

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