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07/04/2011

Jazz, cool et morts subites, de Michael Draper

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Une chronique de Richard

Un tueur à gages qui connaît la musique

Réal Beauregard est un tueur à gages. Quand il ne se consacre pas à son activité principale, il joue de la contrebasse dans un orchestre de jazz.

Ses clients sont des mafieux; ses victimes, des criminels, des assassins, des pourris, des déchets de cette société sans aucune morale. Ses victimes ressemblent beaucoup à ses clients, c’est une question de perspective: de quel côté du canon on se trouve ou qui met la main dans son porte-feuille pour régler (!!) un problème. Une prescription à laquelle notre concierge de la mort tient: jamais il ne tue de femmes. Pas nécessairement par principe mais juste parce qu’il s’en sent incapable.

Cependant, pendant un automne ennuyeux et pluvieux, il transgresse cette règle et accepte un contrat sur la tête d’une associée du grand patron, qui s’est fait la malle en emportant la caisse. Péché ... mortel chez nos sympathiques amis entrepreneurs ... !

Il part donc pour Cancun, exécuter un contrat qui semble facile. Jusqu’au moment où il aperçoit «l’objet» de son contrat. Rosalie Columbo (même dans le choix des noms, l’auteur fait preuve d’audace !) est une femme superbe ! Il entre en contact avec elle pour découvrir où elle cache l’argent avant de la tuer. Tout ce qu’il découvre, c’est qu’il est amoureux fou de cette femme.

Et voilà ! Il vient de signer son arrêt de mort. Il sait pertinemment que dans ce milieu, on passe très rapidement du statut d’exécuteur à celui de cible pour quelqu’un d’autre.

Et là, commence une course folle, une fuite autour du monde pour éviter les sbires armés de la Mafia montréalaise en colère ... Réal Beauregard et sa belle Rosalie ébaucheront un plan machiavélique pour enfin pouvoir s’aimer en toute quiétude, ouvrir leur propre restaurant. Réal pourra enfin y jouer de la contrebasse.

Ce roman est la première oeuvre de Michael Draper. Suite à une carrière d’enseignant en sciences du comportement et en psychiatrie sociale dans plusieurs universités, il a travaillé en développement international; ce qui lui a permis de voyager aux quatre coins du monde (comme ses personnages ...). Michael Draper se consacre maintenant à son autre passion, l’écriture.

«Jazz cool et morts subites» est un très bon roman. Cependant, le choix du titre est un peu étrange ... notre héros jouant très peu de son instrument (la contrebasse ... pas le pistolet de calibre .22LR à canon court !!!) et les morts sont loin d’être subites mais longuement planifiées.

Trêve de plaisanteries, j’ai beaucoup aimé ce roman. L’auteur nous concocte un savant mélange d’intrigues, d’amour, de violence et de voyage: on suit en alternance, les scènes d’amour et les moments de violence, en parfaite harmonie avec le milieu qu’il dépeint. Très bien écrit, dans un style épuré mais efficace, où l’intrigue est soutenue, le lecteur prend plaisir à suivre nos deux amoureux dans leur combat pour retrouver la sérénité d’une vie sans crime.

Rosalie et Réal font partie du monde de la Mafia, ils ont tué; cependant, ils sont d’aimables criminels en opposition à plus pourris, plus vénals qu’eux. L’auteur réussit à nous les rendre tellement sympathiques. La preuve ... feriez-vous plus confiance à un certain Big Joey plutôt qu’à un Réal Beauregard ?

On tire avec eux sur la gâchette parce qu’on les aime ... Qu’ils se retirent, peinards, avec l’argent de leur crime ... on leur souhaite ! Et voilà le tour de force de Michael Draper. D’ailleurs, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec Lawrence Block (cité dans le roman) et tous les autres romanciers qui nous font aimer des héros à la conscience très large ... On aime bien, je crois, vivre cette ambiguïté !

«Jazz cool et morts subites» vous fera passer un bon moment de lecture ... Et selon ce qui est écrit sur le site de l’auteur, nous devrions retrouver ce couple bien singulier dans un prochain roman.

En attendant, voici quelques extraits qui, je l’espère, vous dépeindront un peu le style de l’auteur et le ton de ce premier roman:

La première phrase du roman: «Il n’y a pas de profession plus simple que celle de tueurs à gages, à condition de savoir où on met les pieds.»

«Au terme d’une nuit qui ne m’avait guère porté conseil ...»

« ... pour des motifs qui me semblaient parfaitement défendables, mes cachets de tireur d’élite n’étaient pas déclarés au fisc.»



Au plaisir de la découverte.
Bonne lecture !

Richard, Polar Noir et blanc : http://lecturederichard.over-blog.com/

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