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27/05/2019

Les Sept morts d'Evelyn Hardcastle, de Stuart Turton (The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle)

9782355847264ORI.jpgUne chronique de Cassiopée

Surprenant !

Stuart Turton offre avec son premier roman un récit atypique, addictif et qui vaut le détour ! Je ne sais pas comment il fera pour se renouveler lorsqu’il voudra écrire un autre livre car c’est toujours difficile lorsque le premier écrit sort de l’ordinaire et est réussi.

Avant de parler du contenu de «Les Sept morts d'Evelyn Hardcastle », il me semble important de dire quelques mots sur l’auteur. On peut écrire que lui aussi est atypique et vaut le détour ! Après l’université, il est parti voyager et lorsque ses parents lui demandaient quand il allait rentrer, il répondait « la semaine prochaine » et cela a duré cinq ans…  Il a étudié l’anglais, la philosophie, a travaillé pour un magazine et est devenu journaliste… Ici ou là, je pense qu’il suivait son instinct, son envie du moment…. Trois années ont été nécessaires pour rédiger ce recueil.

Si vous aimiez Agatha Christie, le jeu de Cluedo ou plus récemment les escape-game, plongez vite au cœur de cette histoire ! Tout se déroule dans un seul lieu (on a un plan dans les premières pages), une propriété anglaise, Blackheath House, où la famille Hardcastle (Peter et Helena pour les parents, Michael et Evelyn pour les enfants) a invité de nombreuses personnes à un bal masqué. On retrouve donc des gens de la bonne société : avocat, banquier, médecin etc et des employés de maison : soubrettes, valets, cuisinière, majordome, etc

On va très rapidement comprendre le principe. Aiden Bishop se réveille dans un corps qui n’est pas le sien et il doit empêcher l’assassinat d’Evelyn. Il a une seule journée pour résoudre cette énigme sinon le lendemain, il est dans un autre corps et recommence à zéro les mêmes vingt quatre heures. Au début, c’est le flou complet, il ne comprend rien du tout et le lecteur se sent aussi perdu que lui. Plus on avance, plus les choses se précisent, il découvre des faits identiques avec un autre angle de vue, il recroise des informations, il se sert de ce qu’il apprend sur les uns et les autres. C’est absolument génial ! Stuart Turton a dû faire un travail de réflexion énorme pour que tout soit cohérent et se tienne. Chaque personnage, dans lequel Aiden va être accueilli, a ses travers, une face cachée. Dans ce contexte, à qui faire confiance ? Mensonges, trahisons, roublardises, rebondissements sont au programme.

On fait corps  ;- ) avec Aiden, une solution semble apparaître, enfin jusqu’aux prochaines révélations qui déstabilise la dernière théorie. Tout est parfaitement emboîté, harmonieux, c’est stupéfiant. J’ai été très étonnée des perspectives sur le caractère d’Aiden qui se mélange avec celui des corps où il s’installe. C’est judicieux ! Parfois il est en colère contre ses « hôtes », parce qu’il se trouve trop gros, trop faible, pas assez vif d’esprit etc… Il voudrait les « dominer », garder la tête froide mais…..

« J’avais supposé que ma personnalité était transposée dans chaque nouvel hôte  [….] Se pourrait-il que je me plie à leur volonté, et non l’inverse ? »

Je ne sais pas comment l’auteur s’y est pris pour ce tour de force et de magie mais je suis admirative ! La construction est admirable de cohérence, d’originalité, de rigueur discrète.
L’atmosphère est retranscrite à la perfection et les relations humaines entre les différents protagonistes en phase avec ce qu’ils sont réellement. L’écriture et le style sont un régal et la traduction de Fabrice Pointeau une fois encore excellente.

J’ai trouvé ce recueil fabuleux, addictif, magique et totalement époustouflant !

« On peut supposer que la personne que je serai demain est déjà en train de se réveiller. J’ai même déjà pu la rencontrer. Et pas simplement demain, mais aussi l’homme que je serai après-demain. Qu’est-ce que ça fait de moi ? Ou d’eux ? Sommes-nous les éclats d’une même personne ou des personnes totalement différentes ? »

 

Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (16 Mai 2019)
600 pages

Quatrième de couverture

Ce soir à 11 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée. Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ? Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l’identité de l’assassin et empêcher le meurtre. Tant qu’il n’est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée.