15/08/2011
Cul-de-sac, de Douglas Kennedy
Une chronique de Christine
Au royaume de Mad Max, les kangourous sont rois…
Pendant les vacances, on peut tenter de faire diminuer la fameuse « pile à lire », en piochant dans les nouveautés qui commencent à n’en être plus vraiment.
Ou en reprenant quelques bons classiques injustement oubliés dans une autre pile, cachée par la précédente.
C’est à faire, absolument !
Sans avoir quelques bases à étayer autant que possible, comment apprécier les œuvres plus récentes ?
Une petite pause, en plein désert, sous un soleil accablant, et en bonne compagnie... cela vous tente ?
Nick Hawthorne. 38 ans. Un pur produit du Maine profond. 38 ans, et 10 ans de galère comme pigiste itinérant pour des feuilles de chou de province. Pas vraiment d’ambition, aucune attache sentimentale, aucun avenir radieux à l’horizon. Puis un jour en fouinant dans un stock de vieilles cartes routières chez un bouquiniste, la révélation !
L’ Australie ! Voilà un endroit où il doit faire bon vivre et rêver.
Aussitôt pensé, presque aussitôt fait.
Et voilà mon Nick sur le sol australien. Pas vraiment ce qu’il imaginait. Chaleur accablante, hôtels miteux, de la terre rouge à perte de vue. De l’alcool et de la crasse. Mais il s’entête et achète un vieux combi VW. Direction encore plus loin, chaque bled étant distant d’un autre de 600 à 1000 km. Puis lors d’une étape à Kununurra, sur le trottoir juste en face de lui : Angie.
Angie. 21 ans, un physique de Walkyrie option surf, une délicatesse de bûcheron, un appétit sexuel féroce. En avant pour quelques jours de route, de beuveries, de parties de bête à deux dos à la limite du combat de catch. C’est agréable, surprenant, et épuisant. Il pense lui dire « Merci, c’était sympa, au-revoir » à l’étape suivante.
Mais Angie a d’autres projets pour lui…
Comme l’emmener chez elle, à Wollanup.
Un petit patelin ignoré des cartes, une famille qui sera ravie de le rencontrer, un boulot assuré, bière à volonté. Et elle, bien sûr, douce et aimante, à ses côtés.
Le Paradis sur terre !
Sauf que le Paradis va avoir un sacré arrière-goût de gueule de bois et de traquenard.
Le Paradis est en vérité un enfer.
Et il va bien falloir trouver un moyen de s’en sortir…
Wollanup c’est gé-nial. Une ancienne ville minière, et rien autour. Que du désert. Cinquante-trois habitants, et les plus proches voisins à sept cents bornes…
Le premier roman de Douglas Kennedy a tout pour plaire. C’est un petit livre, bien rythmé, bien ficelé, avec des dialogues savoureux et des personnages hauts en couleurs. Kennedy ne fait ni dans la dentelle, ni dans le superflu et notre héros se retrouve piégé dans un cauchemar invraisemblable en moins de temps qu’il n’en faut pour vider une bière.
C’est tellement bien raconté qu’on ne peut s’empêcher de sourire aux malheurs de ce pauvre Nick, alors qu’il est dans un de ces pétrins… Aïe mes aïeux ! Je ne le souhaiterais pas au pire de mes ennemis ! (à une exception près, mais ceci est une autre histoire)
Je n'ai pas trop envie d'entrer dans les détails, et vous laisse le plaisir de découvrir, sursauter, frissonner, par vous-même !
Ce cul-de sac est celui dans lequel se retrouve un homme qui pensait faire un autre choix de vie. Il s’avère que ce qu’il va trouver au bout de son chemin sera bien pire que la réalité qu’il fuyait.
Un piège totalement déjanté. Certes.
Des personnages dont vous penserez obligatoirement à un moment ou un autre : "Mais bon sang, quelle bande de malades !"
Mais également tout un contexte social à la dérive épinglé par l’auteur.
Wollanup, autrefois cité minière prospère, a été fermée pour de sombres raisons d’intérêts économiques. Laissant des dizaines de famille sur le bord de la route. Sans rien.
Et quand on se retrouve sans rien, on est prêt à tout.
À chacun son cul-de sac, à chacun sa manière de s’en sortir…
Bref : c’est une lecture divertissante, plus profonde qu’il n’y paraît, avec un suspense qui va croissant. Entre périodes de découragement et sursauts de volonté, Nick est un personnage attachant qu’on a beaucoup de plaisir à suivre jusqu’au bout de ses péripéties.
Réussira ? Réussira pas à s’en sortir ?
Un livre très plaisant, avec du punch, qui allie humour et angoisse de manière bougrement efficace.
Lecture vivement conseillée !
Christine, (Blog : Bibliofractale )
Cul-de-sac
Douglas KENNEDY
Folio (policier)
291 pages
Avertissement : ce roman a également été publié en France aux éditions Belfond sous le titre : piège nuptial, sous une nouvelle traduction.
Présentation de l'éditeur
" Remarquable ! " ; " Drôle et terrifiant " ; " Impeccablement construit, j'ai adoré. "... Autant de propos de lecteurs entendus après la découverte de ce premier roman ou comment réussir du premier coup un véritable exploit et devenir du jour au lendemain le créateur de l'un des meilleurs romans noirs de l'histoire du genre. Ni plus, ni moins. Ce récit d'un voyage au paradis des grands espaces australiens qui vire au cauchemar éveillé est un petit bijou. Nick, héros bien malgré lui de ce thriller féroce, n'avait rien contre ce pays avant d'écraser un kangourou par une nuit sans lune. Sa rencontre avec la jeune et robuste Angie va le mener en plein cœur du bush. Au milieu de nulle part. Au sein d'un clan d'allumés coupés du monde, sans aucune route pour quitter ce traquenard. Nick, désormais, n'aura qu'une seule obsession : comprendre ce qu'il fait là et sauver sa peau. Fuir alors que toute la communauté le surveille...
06:16 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |