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29/05/2012

Le testament des abeilles, de Natacha Calestrémé (chronique 3)

le_testament_des_abeilles.jpgUne chronique de Christine.


Vouloir trouver une solution rapide à nos petits soucis quotidiens, quoi de plus tentant ? Une mauvaise herbe envahit la terrasse de quinze mètres carrés ? Zou, un pschittt de «Kitutou», et l’affaire est réglée.

Pas de temps perdu à désherber à la main, pas de lumbago, tout va bien.

Tant pis pour la petite coccinelle d’à côté, elle rejoindra ses ancêtres un peu plus tôt que prévu.

Tant pis pour l’ouvrière zélée qui n’a plus rien à butiner, elle n’a qu’à aller ailleurs.

La Nature, c’est bien joli, mais ce n’est pas elle qui commande, non mais.

Pourtant…

  «Le jour où l’abeille disparaîtra du globe, les hommes n’auront plus que quatre ans à vivre».

Les catastrophes naturelles n’existent pas. C’est notre ingérence dans la nature qui est une catastrophe. L’homme aime l’ordre et la rigueur des monocultures, la vie aime la générosité du chaos et l’équilibre qui en découle. Nous sommes responsables d’un désastre…

Nous sommes en 2008 et une série de meurtres survient dans la capitale. Ce sont tout d’abord trois victimes, puis treize, puis vingt-huit. La psychose monte et le major Yoann Clivel de la PJ cherche, avec son équipe, un mobile, un point commun, n’importe quel détail pouvant se révéler être un indice essentiel.

Cela devient d’autant plus difficile que l’affaire étant finalement confiée à la crim’, il doit enquêter de manière plus ou moins officieuse… mais avec toutefois l’accord de son supérieur.

Apparemment, un seul élément semble être toujours présent sur les lieux du crime : un lotus, ou un dessin de lotus. Puis en recoupant les informations à partir de morts suspectes plus anciennes et non élucidées, un second élément apparait : parmi les victimes figure toujours un enfant de six ans. Un enfant surdoué.

Yoann Clivel va mener l’enquête dans le milieu des amoureux de la nature, des défenseurs de l’environnement, qu’ils soient des plus officiels ou des plus incongrus. Du chercheur au sourcier, du pharmacognoste au gourou de secte. Il va suivre la piste d’une prophétie faite par « le Moine des abeilles », qui semble prise très au sérieux par nombre de personnes plus ou moins bien intentionnées.

Et si la prophétie était à l’origine, chez l’une d’entre elles, de cette folie meurtrière ?

Aujourd’hui il est, semble-t-il, plus valorisant de gérer un problème que d’agir avant que le problème n’apparaisse…

Le pari était osé de mêler enquête policière et écologie, de parler d’environnement à préserver et des dérives de l’agroalimentaire, d’entrecroiser meurtres et liens de l’homme avec la nature.

Cela aurait pu virer rapidement au brouet indigeste, au pamphlet virulent, ou au réquisitoire New-Age.
 Et bien, pas du tout ! C’est tout le contraire.

Le style est plaisant dès le début, fluide, jamais pesant, avec des détails saupoudrés juste comme il faut tout au long de l’histoire pour maintenir l’intérêt de bout en bout.

L’intrigue est complexe à souhait, bien construite, le suspense est savamment entretenu jusqu'aux toutes dernières pages et bien malin celui qui trouvera rapidement le coupable. Seul petit regret, une fin qui arrive trop vite ! J’en aurais bien pris pour une ou deux dizaines de pages supplémentaires. Ou plus.

La documentation est intelligente et bien dosée, sans jamais verser dans le prosélytisme tout en faisant réfléchir. Car à moins d’être passionné par le sujet, il y a quelques éléments dont on ne parle jamais dans les médias spécialisés en vente d’espaces publicitaires pour cerveaux ramollis. Et d’autres que j’ai découverts.

Car l’auteur, passionnée par la nature, a un talent certain pour parler de ce qu’elle aime et pour transmettre les informations dont elle dispose.

C’est bien fait, intéressant, et toujours agréable à lire.

Les personnages ont une belle épaisseur, une vie que l’on découvre peu à peu, ils sont vivants, attachants dans leur complexité et avec leurs failles, et réussis.
 

Pour résumer : une intrigue prenante, bien construite, alliant le plaisir du roman policier avec celui d’une sensibilisation bien faite au problème très actuel de l’environnement, c’est un excellent premier livre à découvrir sans hésiter.

  Christine, (Blog : Bibliofractale )

L'entretien avec Natacha Calestrémé sur "un polar-collectif"

Chronique de Cassiopée 

Chronique de Jacques

Le testament des abeilles
Natacha Calestrémé
Albin Michel ( 2 novembre 2011)
19 €