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20/01/2012

Le testament des abeilles, de Natacha Calestrémé (chronique 2)

le_testament_des_abeilles.jpgUne chronique de Cassiopée.

Umberto Eco a utilisé le pendule de Foucault, Dan Brown, la Cène, Natacha Calestrémé, elle, se sert de Terminator … Quoi ? Un film de science fiction dans un roman policier ?
Non, Terminator, l’autre ….
Les technologies, surnommées « terminator », sont des technologies utilisées pour restreindre la réutilisation de plantes génétiquement modifiées, en rendant les graines de seconde génération stériles.

A partir de cette donnée scientifique, elle va construire une intrigue haletante oscillant entre enquête policière et plaidoyer pour la planète, assortis de quelques excellentes réflexions sur le rapport de l’homme à la nature.

Bien documentée, elle sait nous intriguer et nous attirer dans la toile de son histoire, nous poussant tour à tour à nous intéresser aux personnages, aux abeilles, aux plantes, à la nature, aux prophéties, à l’Homme … obligeant les curieuses, comme moi à aller plus loin pour essayer de se renseigner à leur tour, pour voir si, finalement, ce qui est évoqué ne contient pas une part de vérité, même toute petite ….

Le récit est varié, alternant les passages où le personnage principal (un enquêteur : Clivel) s’exprime en s’adressant de temps à autre aux lecteurs (« à vous, je peux le dire … ») avec ceux, plus rares qui sont en mode narratif à la troisième personne. Les apports scientifiques sont très astucieusement intégrés à l’intrigue sans que jamais cela ne passe pour une démonstration ou un savoir que l’on veut absolument glisser dans le texte.
La personnalité des protagonistes est fouillée, recherchée. Les indices permettant de mieux les appréhender, distillés petit à petit. L’auteur ne s’appesantit pas sur tel ou tel trait de caractère mais fournit une étude de chacun approfondie, assez complète et intéressante nous permettant de comprendre non seulement le comportement des personnages mais aussi leur évolution dans la vie.

L’écriture est de qualité, d’autant plus travaillée que, dans le roman, c’est un homme qui s’exprime et que l’intrigue est écrite par une femme. Natacha Calestrémé a su faire face à cette difficulté avec brio et s’est parfaitement glissée dans la peau de Clivel.
Les phrases sont bien construites, certaines, très courtes, soient dépourvues de verbes, le plus souvent pour insister sur une vérité biologique.
« Chacune des branches avait son propre génome. Un être pluriel. »
Les descriptions sont très visuelles et bien menées, nous permettant d’imaginer sans peine les scènes évoquées.
Le vocabulaire plus scientifique ne fait jamais dans l’étalage et de ce fait le propos reste captivant sans lasser.

Un des personnages principaux de ce livre est donc Clivel. Un policier très humain, pas du tout irréprochable (chez certains, c’est l’appel de la chair …. chez lui, c’est celui du grain de peau …), tenace, prêt à tricher un peu pour obtenir de quoi avancer dans ses recherches (en prenant des risques), n’ayant, malheureusement pas réglé ses comptes avec un passé qui lui semble lourd à porter, ne sachant pas toujours ce qu’il veut vraiment. Un homme qui se cherche, qui cherche … Un homme attachant, tant il pourrait être un de nos familiers …

Il y a aussi cet homme de l’ombre qui apparaît peu, communiquant avec un thérapeute consultant par internet. Cet individu est un mystère, il se dévoile à peine un peu plus à chaque entretien « en ligne » nous laissant sur notre « faim » et faisant planer un sentiment de malaise … J’aurais souhaité que ces « causeries » soient plus nombreuses mais peut-être était-ce suffisant pour maintenir mon esprit en alerte à chacune des interviews ? Qui sait, trop m’aurait peut-être lassée ?

Il ne faut pas que le côté « sciences et nature » vous rebute et que vous ne tentiez pas l’expérience de lire cet opus. Au contraire, c’est une réelle découverte. Tout est dosé avec habileté pour que les amateurs de romans policiers restent « pris » dans les tenailles de l’intrigue et que ceux qui auraient été intrigués par le titre s’y retrouvent aussi …..

Cassiopée

A lire : une chronique de Jacques sur le même roman.

Le testament des abeilles
Natacha Calestrémé
Albin Michel ( 2 novembre 2011)
19 €
 
 Présentation de l'éditeur
 
Brusquement pris de démence, un homme sans histoire massacre sa famille avant de se suicider ; les habitants d’un petit immeuble du XIIIe sont décimés par un mal inexplicable… En quelques jours, une véritable hécatombe s’est abattue sur Paris et 26 adultes et 15 enfants ont trouvé la mort. Aucun lien apparent entre ces drames, sauf peut-être le dessin d’une fleur de lotus (symbole de pureté), retrouvé chaque fois à proximité des lieux. Secte, terrorisme, sadique, rien ne semble coller… jusqu’à ce que le major Yoann Clivel découvre un texte prophétique, écrit quatre ans plus tôt par un certain « Moine aux abeilles » et annonçant l’arrivée d’un élu : « L’année 1 du deuxième millénaire, l’enfant éclairé de réponses croisera l’ombre, en une folie meurtrière… ». Ce «testament» énigmatique servirait-il de fil conducteur à un hypothétique assassin ?

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