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01/06/2015

Les vrais durs meurent aussi, de Maurice Gouiran

vrais-durs_gouiran.jpgUne chronique de Paul.

Il n'y a pas de raison qu'ils soient épargnés !

 En cette fin de juillet caniculaire, c’est l’hécatombe chez les légionnaires. Quatre décès sont enregistrés chez les képis blancs en retraite, mais le soleil n’y est pour rien. Ils ont été retrouvés avec le sourire kabyle et les choses de la vie dans la bouche. Biscottin, l’ami de Clovis l’ancien grand reporter, est inquiet. Son voisin, Le Polack, a disparu après lui avoir remis une reproduction de la Madone à l’enfant de Botticelli, ainsi qu’une boîte à chaussures emplie de documents.

Rapidement le tueur de légionnaires est mis sous les verrous. Il s’agit d’un Algérien, Mourad Boualem, qui aurait agi par vengeance. La police est discrète sur ses motivations mais Clovis apprend que sa mère aurait été violée dans les années cinquante par des soldats. Parmi les documents du Polack, des lettres. Celles qu’il a reçu durant des années de Lé, sa femme, lui donnant des nouvelles de leur fils Marcel, appelé aussi Trunq, et d’autres missives qu’il a rédigées mais jamais envoyées. Clovis est tout content de retrouver Alexandra qui rentre au bercail. Elle exerce un métier qui touche à la finance à Paris et couche avec un avocat, mais pour l’heure elle revient, ce qui n’empêche pas Clovis entre deux galipettes de s’intéresser à cette affaire. Le Polack le contacte. Il pensait que le tueur étant arrêté, il pourrait réapparaître mais les ennuis continuent. Sa maison a été visitée et deux trois trucs le turlupinent.

Rendez-vous est pris le soir près d’un yacht sur les quais. Clovis s’y rend mais il est assommé et il se réveille à l’hôpital. Le bateau a été incendié et une victime a été découverte. Probablement Le Polack, mais Clovis garde l’info pour lui. Même s’il a un contact à l’Evêché il ne désire pas galvauder ses informations. Il décide donc d’aller fouiner du côté de Sainte-Livrade, dans le Lot-et-Garonne. Un camp dans lequel ont été parqués plus de mille ressortissants Vietnamiens, après Diên Biên Phu.

Lé est décédée l’année précédente, mais Marcel y réside toujours. Hans, l’ami du Pollack a été assassiné, et Tham, sa veuve, ne sait pas grand chose. Ses deux garçons, Ai Quôc et Quy, bricolent du côté de Toulouse. Roger, natif du Tonkin, leur explique l’origine du camp et comment ont été, et le sont toujours, traités les ressortissants Vietnamiens qui vivent dans ce village, méprisés par la population locale. Il a été compagnon d’armes du Polack, alias Wilhelm, et de Hans. Il avait assisté en 1955 à une algarade entre deux légionnaires qui voulaient faire avouer où Wilhelm avait caché quelque chose. Quoi, il ne sait pas mais il sait que Klaus, le sergent-chef qui avait défendu l’agressé vit au village de Puyloubier, dans une maison de retraite allouée aux légionnaires. Quant à Trunq il montre un chagrin et une affection à retardement envers son père, qu’il n’avait jamais revu depuis sa naissance, soit plus de cinquante ans auparavant. De retour à Marseille, aidé d’Alexandra, Clovis dépiaute plus en profondeur la boîte qui contient outre les lettres des photos, des documents, une brochure sur l’Autriche, et autres babioles.

 Si le fil conducteur réside en la résurgence du mythe d’un trésor de guerre nazi, enfoui quelque part en Autriche ou autre pays accueillant, le propos principal de Maurice Gouiran tourne autour d’un fait méconnu car honteux.

L’état a longtemps mis sous silence le camp, le ghetto pourrait-on dire, des déracinés Vietnamiens, des Indochinois à l’époque, des femmes qui mariées avec des militaires, ont été parquées avec leur famille, père mère et enfants. Les oubliés, les délaissés de ce conflit qui était entamé la seconde guerre mondiale à peine terminée et qui sera suivi par la guerre d’Algérie.

Ce sont également les tortures, pratiquées par les belligérants des deux côtés, qui sont dénoncées. L’auteur refuse, par l’intermédiaire de ses personnages, d’accepter le principe du œil pour œil, dent pour dent. Et ne se voile pas la face comme le désireraient certains historiens, ou pseudos-historiens, qui rejettent toutes les fautes sur un seul camp. Un roman qui au delà de l’histoire donne à réfléchir.

 Paul (blog : les lectures de l'oncle Paul)