12/03/2022
L'argent du diable, de Jean-Michel Leboulanger
Une chronique de Cassiopée
Alan Ortiz, commandant de police à Deauville, est en couple avec Hadija Belkhayat qui travaille avec lui. Précédemment, il a eu une relation compliquée avec Nadia. Cette dernière a disparu depuis cinq ans et il n’a plus jamais eu de nouvelles. Son quotidien n’est pas toujours facile, de vieux démons se rappellent à lui et il flirte alors dangereusement avec la divine bouteille. Sa compagne essaie de l’aider à combattre cette addiction, mais ce n’est pas aisé. Alan est parfois secret, il parle peu de son passé et Hadija se pose des questions mais ils avancent ensemble.
Ce fragile équilibre est bouleversé par un appel des collègues de Honfleur. Un corps a été découvert et tout semble prouver que c’est celui de Nadia. Le passé remonte à la surface et beaucoup de choses vont être remises en question dans la vie d’Alan, et pas seulement en ce qui concerne son couple. Rapidement c’est l’horreur. En effet, il s’avère qu’il n’y a pas que Nadia à avoir été enterrée sauvagement, d’autres victimes, féminines également, ont été cachées au même endroit. Les hommes de Honfleur sont un peu débordés et l’équipe d’Alan récupère l’enquête. Pour éviter toute confusion, c’est Hadija qui sera responsable des investigations, son compagnon agira en sous-main.
Est-ce qu’un tueur en série a sévi dans le coin ? Est-ce que les jeunes femmes mortes étaient liées par une même histoire ? Il est très difficile de faire des recherches cinq ans après les faits, les indices ont disparu et les pistes sont peu nombreuses. Un adjoint d’Hadija, Francis, autiste asperger, va apporter son regard différent et ses raisonnements carrés pour faire avancer l’affaire. Il y a aussi Daniel, un autre collègue qui a un rôle ambigu et le chef, sous influence des hommes politiques au pouvoir, qui ne sait pas trop comment procéder.
On sent dès le départ que certains ne sont pas nets, que cette histoire dérange et que la partie sera tout sauf facile. A trop creuser pour comprendre, les fins limiers dérangent et on voudra les faire taire ou les envoyer ailleurs. C’est sans compter sur l’opiniâtreté des uns et des autres. Parce qu’en avançant dans ses expertises, Hadija connaît et comprend mieux celui qu’elle aime. Alors elle ne lâche rien.
L’écriture de l’auteur est vive, assortie de nombreux dialogues qui donnent du rythme à ce récit. La personnalité d’Alan, que je ne connaissais pas, est vraiment travaillée. Des retours en arrière, écrits dans une autre police de caractères, donc facilement repérables, interviennent régulièrement. Ils permettent d’éclairer le présent, de cerner les non-dits, d’avoir quelques éléments pour cerner la position, les choix, le cheminement de chacun….Des pointes d’humour (ou des jeux avec les noms des uns ou des autres) apportent le sourire. C’est un polar bien construit qui nous emmène plus loin qu’on le pense en lisant les premières pages. Les sujets abordés ne sont pas anodins et rappellent une fois encore l’influence de ceux qui ont le pouvoir et qui pensent avoir le droit de mépriser les autres et de les commander….
Cette lecture, sans temps mort, a été très agréable.
NB : petite précision : je n’ai pas lu les romans précédents et cela ne m’a pas gênée.
Éditions : du Loir (11 Mars 2022)
ISBN : 979-1094543801
450 pages
Quatrième de couverture
Le retour attendu du commandant Alan Ortiz dans sa Normandie natale s'annonce sous les meilleurs auspices. Mais la découverte dans un petit bois de Honfleur des corps de quatre jeunes femmes, disparues cinq ans plus tôt, va brutalement changer la donne. Étrangement, la perspective de résoudre cette affaire ne semble réjouir personne. Surtout en haut lieu où les pressions sont fortes pour la classer sans suite.
23:06 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |