31/05/2011
Le tableau volé, de Pieter Aspe
Une chronique de Cassiopée
Unis à la ville comme au travail ….
C’est avec un couple phare, le commissaire Van In et sa belle épouse Hannelore Martens, juge d’instruction que Pieter Aspe va nous emmener de Bruges à Bruxelles, dans cette Belgique flamande que chantait si bien Brel « Ay Marieke, Marieke Je t'aimais tant. Entre les tours. De Bruges et Gand Ay Marieke, Marieke. Il y a longtemps. Entre les tours ... »
Couple découvert et installé depuis plusieurs romans et dont l’histoire personnelle évolue au fil du temps.
Lui, un peu hâbleur, un peu dragueur (sans que cela soit incompatible avec le fait d’être amoureux de sa femme et de lui être fidèle), têtu mais aussi tenace, fumeur et buveur à ses heures malgré les recommandations de son médecin et les mises en garde régulières d’Hannelore, père veillant sur ses jumeaux mais refusant de montrer ses failles (sa peur du vertige ou l’amour qu’il porte à ses enfants, etc ….), roi de l’improvisation, que ce soit avec sa chère et tendre ou son collègue … S’amusant face à de potentiels suspects en « jouant » la comédie (comme si son épouse était une parfaite étrangère ou faisant passer son collègue pour un autre) pour mieux les « coincer ». Maniant l’humour avec finesse, j’en veux pour preuve l’échange suivant :
« L’amour, c’est faire la vaisselle quand votre femme a cuisiné », lut Van In à voix haute.
……Il gribouilla au verso : « L’amour est aveugle. A ce soir, ma chérie » avant de le glisser sous sa tasse à café qu’il n’avait même pas rincée.
Lui, c’est Van In, pas de prénom (on le connaît mais il est peu utilisé) seulement un nom, même sa « moitié » l’appelle ainsi.
Sans doute, une façon « d’asseoir » l’homme, de montrer qu’il est « quelqu’un ».
Elle, c’est Hannelore, plus jeune que lui, belle, n’hésitant pas à jouer de sa plastique (mais juste ce qu’il faut, on est bien d’accord, on reste dans un livre « soft »), jalouse mais sans trop le montrer (dosant ce qui est nécessaire pour maintenir « la pression » sur son homme, le sien et uniquement le sien), perspicace, capable d’analyser pour compenser le fait que Van In fonce parfois trop vite.
Elle, c’est donc plus un prénom, une douceur, une féminité, une tête … (mais aussi de belles jambes messieurs, soyez rassurés !)
Le travail les rapproche et ils vont être confrontés à des situations qui se mêlent et s’entremêlent entraînant les uns et les autres dans des ramifications insoupçonnées.
Nous voyagerons ainsi entre Bruges et Bruxelles, surtout dans la première ville, remarquablement décrite, allant dans les musées, nous promenant dans les parcs, le long des canaux ; observant avec acuité les différents milieux qui nous sont présentés (université, communauté homosexuelle, marchands d’art etc …).
Les personnages secondaires, qu’ils soient proches de notre couple ou recherchés par eux, se déclinent avec des caractéristiques humaines qui leur sont propres. Les réactions de chacun sont décrites avec justesse et parfois, les pensées des uns et des autres écrites en italiques, apportent un autre éclairage pour nous lecteurs, sur certaines situations.
Tout reste parfaitement crédible malgré les rebondissements.
Les références culturelles (je n’emploie pas, à dessein, le mot « historiques ») sont assez nombreuses (le passage sur la Chapelle Saint Basile (basilique du Saint Sang à Bruges) est très intéressant) mais si bien intégrées au récit que jamais elles ne prennent trop de place et ne semblent « lourdes ». Elles sont même, quelquefois, nécessaires à la compréhension de l’intrigue.
L’écriture est vive, agréable, ponctuée par les dialogues. C’est un roman qui se lit « bien », facilement, le rythme est équilibré, ni trop rapide, ni trop lent. Les personnages sont humains, bien ficelés, « normaux » … On pourrait se croire installés devant un téléfilm de qualité, mais on a simplement, entre les mains, un bon livre, qui nous permet de nous évader …
Titre : Le tableau volé
Auteur : Pieter Aspe
Une enquête du commissaire Van In
Editions : Albin Michel (juin 2011)
Nombre de pages : 288
Quatrième de couverture :
Qu’y a-t-il de commun entre un voleur de tableaux célèbres et un terroriste de l’ETA ? Ou plutôt, entre deux meurtres, celui du vigile d’un grand musée prêt à accueillir le Guernica de Picasso lors de l’expo Hispanique Bruges, et celui d’un Espagnol au moment même où son gouvernement est en visite officielle ? Cette nouvelle enquête donne du fil à retordre à Van In et sa fidèle complice (et mère de ses enfants) Hannelore. Et comme l’on vient aussi de voler Le Jugement dernier de Jérôme Bosch, ils ne savent plus où donner de la tête ! Van In se retrouve une fois de plus dans le feu de l’action, ne pouvant se fier qu’à son intuition pour éviter une grave tragédie européenne… Après La Mort à marée basse, 7e roman paru en France de la série du commissaire Van In, toujours un immense succès en pays flamands, l’attachant Pieter Aspe livre une nouvelle enquête sur Bruges sous l’angle du marché de l’art mondialisé… et des attaques terroristes indépendantistes.
20:59 Publié dans 04. autres polars | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |