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29/07/2011

La mort muette, de Volker Kutscher

lamortmuette.jpgUne chronique de Liliba

Nous voici de retour dans le Berlin des années 30, que j'avais découvert l'année dernière en lisant Le poisson mouillé, premier roman de l'auteur. Cette fois-ci, c'est dans le milieu du cinéma que se déroule l'enquête qui causera bien des tracas à Géréon Rath, ce commissaire atypique qui a bien du mal à travailler de concert avec son équipe et ne réussit guère à se faire aimer de ses coéquipiers et de ses chefs. Il faut dire qu'il a tendance à suivre son instinct plutôt que la pure logique policière, et qu'il fait souvent cavalier seul...

Nous sommes à l'avènement du cinéma parlant, qui vient de faire son entrée dans les salles obscures. Considéré comme un progrès technique par certains et comme un art à part entière, il apparaît pour d'autre comme une hérésie, un non sens qui tue le cinéma muet traditionnel. Cette querelle des anciens et des modernes est très intéressante et permet de jeter un oeil sur les dessous de cet art dont on parle relativement peu, sauf à évoquer les stars à l'affiche.

Après la mort d'une actrice sur le tournage de son premier film parlant, le commissaire Rath suspecte de suite un meurtre, plutôt que la théorie de l'accident prônée par ses collègues. Et lorsqu'il retrouve une autre actrice disparue, morte, habillée, maquillée et présentée comme une mise en scène, qu'un producteur lui avait demandé de chercher discrètement en dehors de sa mission de policier, il ne peut s'empêcher de lier les deux affaires. Pas évident pourtant de comprendre à qui peuvent profiter ces deux crimes : à des producteurs qui investissent des sommes colossales dans cet art, aux détracteurs de ces nouvelles techniques, ou à des passionnés un peu fous...

Rath devra se battre contre tous : ses supérieurs et collègues qui veulent lui retirer l'affaire, son père qui toujours le traite comme un subordonné peu capable, mais surtout contre ses démons personnels et ses souffrances, d'autant plus grandes qu'il est seul, mis à part son ami le journaliste qui l'aide dans l'enquête. On peut facilement lire ce deuxième tome sans avoir lu le premier, mais je crois que l'on aurait tout de même du mal à comprendre ce personnage complexe sans connaître un peu de son passé, qui a été dévoilé dans Le poisson mouillé, ou tout du moins de l'excuser d'avoir un caractère si difficile. Il est seul, certes, mais il a le don de faire le vide autour de lui par son sale caractère et ses réactions pour le moins excessives et totalement irrespectueuses envers ses supérieurs !

L'histoire est intéressante, même si l'on découvre le coupable dès la moitié du roman. Il ne nous reste plus qu'à comprendre les tenants et aboutissants de l'intrigue et d'assister aux nombreuses mésaventures de Rath avant que ce coupable soit identifié comme tel par les forces de police. Dommage, j'aime bien les romans policiers qui me font gamberger jusqu'à la fin et élaborer diverses hypothèses... J'ai regretté également le peu de descriptions du contexte historique et politique, qui par contre avait été bien abordé dans le premier roman et m'avait passionnée. On sait que c'est la crise car le chômage augmente, mais on n'a pas cette vision de la montée du nazisme que j'avais trouvée si intéressante.

Au final, une lecture sympathique, mais pas impérissable.

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Présentation de l'éditeur

Berlin. Mars 1930. L’enquête nous conduit dans le milieu du cinéma qui est en train d’opérer sa mutation du muet vers le parlant. Pendant un tournage dans les studios de la UFA à Babelsberg, une actrice meurt. Accident ? Assassinat ? Le commissaire Rath est chargé de l’enquête. Il se retrouve dans une situation délicate quand un producteur concurrent l’engage comme détective privé pour rechercher une autre actrice disparue. Il la retrouve morte. Une actrice d’une troisième maison de  production disparaît. La presse parle d’un meurtrier en série. L’activité parallèle de Rath lui vaut d’être provisoirement mis à pied. Mais il tient une piste et s’y accroche : un individu inquiétant et instable, ardent défenseur du cinéma muet qui veut rendre les vedettes du parlant « immortelles » en les tuant.