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Rechercher : tempête blanche

Carrières noires, de Elena Piacentini (chronique 2)

carrieres_noires.jpgUne chronique de Thierry.

«Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces, après les derniers sacrements, quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses, moisir parmi les ossements.» (Baudelaire).
Les Editions Au-delà du raisonnable sont toutes, toutes jeunes.
Deux ans à peine.
Et déjà toutes ses dents pour croquer ferme dans le polar.
Est-ce bien raisonnable ?
«J’ai créé Au-delà du raisonnable pour ajouter au plaisir de lire celui de donner naissance aux livres, pour travailler avec de grands raconteurs d’histoires.» nous dit Véronique Ducros, la fondatrice des Editions Au-delà du raisonnable.
Oui, oui, cher lecteur déraisonnable, j’insiste, je ne peux que vous inviter à découvrir cette nouvelle humeur.
Une nouvelle ration de lectures, ça fait chaud au cœur !
Elena Piacentini est la «mama» du flic corse Pierre-Arsène Leoni.
Elle nous guide dans les Carrières noires, une quatrième enquête du commandant corse et son équipe de la PJ de Lille.
Justine Maes, une ancienne sénatrice (presque) toute puissante est retrouvée morte.
Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ?
Elle est (aussi et surtout) la tante, très très perfide, d’un futur candidat à la présidentielle, Norbert Fauvarque, député-maire, pas très, pas très catholique.
Ici, en haut, tout n’est que luxe, corruption et méchanceté.
Un monde hautain qui peut mettre à bas, plus bas que terre.
Et comme notre cher Leoni (tendance Arsène Lupin), en disponibilité, traîne ses basques (oui parce que «traîner ses corses» ça se dit pas, alors on dit «traîner ses basques») par là...et que Mémé Angèle le (re)pousse dans les orties...et bien Leoni est de retour.
Et nous voilà enfoncés (engagés de force) dans les carrières souterraines de Lezennes.
Galeries de craie blanche.
Lille la noire, pas loin.
Lampe frontale fortement recommandée pendant la lecture.
Ici bas tout n’est que silence, mystère et solitude.
«Ce que tu as pu me faire saigner ls oreilles avec tes silences..."
Mais qui se cache dans ce monde d’en-bas ?
Mais quel est ce nouveau monde baptisé «Invictus» ?
Intrigant, intrigant vous avez dit intrigant ?
Chers lecteurs, veillez à ne pas vous perdre, restez patients, réfléchissez de temps en temps (ça ne peut que vous faire du bien vous verrez...) mais n’ayez crainte, ne prenez pas vos jambes à votre cou, suivez l’auteure, suivez le fil d’Elena, elle connait la sortie.
Respirez, y’a tout à voir !
Une histoire de mondes parallèles...bien réels.
En récompense, un exit sur un final surprenant !
Les personnages de Piacentini sont plus vrais que vrais, ça se dit ça ?
Ah les parlotes irrésistibles des trois tatas flingueuses...
Trio inénarrable. S’il fallait l’inventer, Piacentini l’aurait fait.
Dans la famille Piacentini, je demande :
René Laforge la fouine fidèle, l’animal des basses oeuvres et, et surtout Joséphine, Chantal et Marie-Claude, donc, le gang des trois nanas, bonnes à tout faire...
Gang de toutes les crises : amoureuse, financière, voire informatique...
Elles, je les adore !
Je voudrais trop passer un week-end avec elles dans leur maison de La Panne.
Elles, celles de la dernière rangée, les larguées de la première heure.
Joséphine Flament, Chantal Delbecq, Marie-Claude Morel.
Retenez bien ces noms. Non, pas la peine de les retenir, vous n’êtes pas près de les oublier...
Et que dire d’Eliane Ducatel, médecin légiste aux décolettés vertigineux qui fait du grain corsé à notre corse.
Un polar très recommandable !
Un polar ?
Un roman d’amour. Un roman d’espoir. Un roman d’amitiés.
Tendre comme de la craie.
Qui laisse des traces d’humanité sur le dur tableau noir de l'inhumanité.
« (…) mais elle avait parfaitement compris que j’étais un monstre, un homme incapable de l’aimer (…) c’est sa présence qui m’était odieuse, insupportable. Je voulais qu’elle disparaisse. « La paix », je voulais ça; je voulais rester seul dans mon sous-sol. « La vie vivante », par manque d’habitude, elle m’avait écrasé tellement que j’avais du mal à respirer. » écrit Fédor Dostoïevski dans «Les carnets du sous-sol

Thierry Cousteix

Carrières noires
Elena Piacentini
Éditions Au-delà du raisonnable
2012
363 pages

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23/10/2012 | Lien permanent

Mma RAMOTSWE détective, d'Alexander McCall Smith

 madame_ramotswe.jpgUne chronique d’Astrid

Mma RAMOTSWE détective n’est pas un roman policier comme les autres. Ne vous attendez pas à une œuvre crépusculaire, mais découvrez au contraire sous la plume sensible d’Alexander McCall Smith une réflexion charnelle sur le Botswana et plus largement l’Afrique incarnée avec malice et bon sens par Precious RAMOTSWE, détective au charme délicieusement rétro.

Precious RAMOTSWE n’a rien de la vamp vintage largement croquée dans le roman noir. Son corps généreux symbolise une femme africaine voluptueuse dont les deux pieds sont bien ancrés sur cette terre sèche et brune si difficile à rendre féconde. Fille d’un père aimant dont elle chérit les enseignements, Precious est une femme instruite. Elle compte vite et possède depuis son enfance un sens de l’observation hors norme. Comme il faut bien que jeunesse passe, elle décide de quitter ce père bienveillant pour un homme à l’allure de Dandy, un musicien à la descente aussi  leste que la main qui la renverra à ce qu’elle ne veut pas devenir : une femme africaine soumise.

Désillusionnée mais la tête haute, Precious rejoindra finalement son père qui réchauffera de sa bonté son cœur aussi meurtri que déterminé à s’émanciper. A sa mort, elle lui rendra hommage en créant à Gaborone - capitale du Botswana -  la première agence de femmes détectives d’Afrique. Pari osé et risqué qu’elle relèvera haut la main en pourchassant de son flair les vandales, adorateurs du Vaudou, ou autres maris inconstants. Pour l’aider dans sa croisade, Precious s’entourera de quatre fidèles alliés : une tasse fumante de thé rouge, une fourgonnette blanche, sa dactylographe Mma Makutsi et enfin Monsieur Matekoni, garagiste aux mains nobles capable de remettre en état une vieille carrosserie comme un cœur brisé.

Auteur britannique né et élevé au Botswana, Alexander McCall Smith est un amoureux de l’Afrique. Pas de misérabilisme tendance BBC dans ses descriptions, mais au contraire un immense cri d’amour : celui d’un enfant bercé par la nonchalance de ce continent où rugissent encore les grands fauves. 

Avec ses bourrelets, sa bonne humeur, son sixième sens ou encore son refus des profilages à l’américaine, Precious RAMOTSWE est une détective à l’ancienne, une version XXL de Miss MARPLE dont elle partage le gout pour le thé et la capacité à lire entre les lignes. Pas de psychopathes, de pédophiles sordides sous la plume inspirée d’Alexander McCall SMITH, mais un hommage aux intrigues bien ficelées dans la tradition de Lady Agatha Christie.  Bien que considéré parfois comme vieillot, le style de cet auteur atypique m’a au contraire profondément émue et je recommande chaudement ce livre qui se savoure tel un chant humaniste. Un chant humaniste nimbé des lumières profondes d’une Afrique à laquelle nous devons tant et dont la main se tend vers la nôtre : «  Madame Ramotswe ne voulait pas que l’Afrique change. Elle ne voulait pas voir son peuple devenir comme les autres, sans âme, égoïste, oublieux de ce que signifiait être africain, ou pis encore honteux de l’Afrique. Elle-même ne serait rien d’autre qu’Africaine, jamais, même si un jour quelqu’un venait la voir en disant : « Tiens, voici une pilule, une invention révolutionnaire. Avale-la et tu deviendras américaine. Elle refuserait. Jamais Non, merci. »

MMA RAMOTSWE détective a fait l’objet d’une adaptation télévisée, réalisée par Anthony Minghella, célèbre réalisateur du « Patient Anglais ». La chaîne Arte en a assuré la diffusion du 4 au 25 août 2011. Cette série a séduit des millions de spectateurs notamment en Afrique.

Astrid Manfredi

Titre : Mma RAMOTSWE détective
Auteur : Alexander McCall Smith
Nombre de pages : 250
Traduit de l’anglais par : Elisabeth Kern
Editeur : Editions 10/18, Département d’univers poche, 2003, pour la traduction française

 Présentation de l’éditeur :
Divorcée d’un mari trompettiste porté sur la bouteille, Precious Ramotswe a choisi de refaire sa vie avec un gentleman garagiste nommé J.L.B. Maketoni. Mais ce batifolage ne comble pas le désir d’aventure de cette bouillonnante Lady. Un beau jour, l’inénarrable « Mma » se jette à l’eau et ouvre à Gaborone, capitale du Botswana, un bureau d’un nouveau genre : la première agence de détectives strictement au féminin. En compagnie de son assistante, Mma Makutsi, Precious Ramotswe déclare la guerre aux belles filles têtues, aux maris en fuite et aux escrocs sans vergogne.

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Actualité du polar, 16 mars 2011

1.     Quelques uns des polars que nous chroniquerons  bientôt :

L’ironie du short, de Max Obione  éditions Krakoen

lironiedushort.jpgDans le mille ! 18 impacts ! 18 nouvelles atteignant toutes le cœur de la cible noire… Décidément Max Obione n'y va pas de main morte. Main alerte au demeurant pour vous trousser une histoire en quelques pages d'une noirceur étincelante. Maniant tour à tour grand style et écriture canaille, ce conteur sulfureux est un dangereux récidiviste. Il a déjà commis Balistique du désir ayant fait de nombreuses victimes. Tour à tour, cocasses, féroces, tendres, crues, nostalgiques, déjantées…, les histoires de Max Obione vous entraînent entre autres sur les traces d'un flic planqué dans la tête d'un assassin, d'un rat qui parle, d’un short blanc, de Blanche Neige et ses 10 nains, du bobo de tante Misty…, etc.  Plaisir de lecture noire, chauffé à blanc ! Mortel ! 

(Présentation de l’éditeur)

Meurtre pour de bonnes raisons, d’Olivier Kourilsky éditions Glyphe

meurtrespourdebonnesraisons.jpgAgnès Bourdin cache une blessure profonde. Elle n'a jamais connu son père, mort pendant la guerre d"Algérie.
Dans le service de chirurgie très réputé où elle vient de décrocher un poste, une série d’évènements bizarres trouble le quotidien de l’hôpital. Tandis que chacun suspecte tous les autres, Agnès se penche sur le passé de son père. Quel homme était-il en réalité ? Que s’est-il passé en Algérie ?

D’autres événements secouent le quartier. Un tueur en série, plusieurs peut-être, rôde près de Barbès. Le commissaire Maupas mène les deux enquêtes de front, avec l’aide discrète de son collègue Machefer.

Dans cette intrigue palpitante et humaniste, on retrouve avec plaisir plusieurs protagonistes des deux premiers romans d’Olivier Kourilsky, Meurtre à la morgue et Meurtre avec prémédication.
(Présentation de l’éditeur)

 

Coup de Foehn, de Franck Membribe éditions Krakoen

coupdefoehn.jpgSarah se sent comme un têtard au fond d'un bocal. De regarder le monde à travers une paroi de verre, elle n'en peut plus ! Sa mère l'étouffe. Un séjour linguistique dans le canton de Zurich lui offre une délivrance. La voici propulsée au sein de la toute puissante famille Gründlich. En fait de bouffée d'oxygène, elle respire le fœhn, ce vent helvétique qui rend fou et qui viendra déloger le fantôme de son aïeul disparu en 1943. Aidée de Johann, journaliste local à la jambe raide, dont elle s'éprend furieusement, elle lèvera le voile sur l'un des épisodes des plus sinistres de l'histoire suisse : la neutralité bienveillante et lucrative envers les Nazis. Après l'exploration littéraire de la branche espagnole de son arbre généalogique, Franck Membribe puise ici dans ses origines helvétiques la matière dont il nourrit ses romans.

(Présentation de l’éditeur)

 

2.     Concours du polar régional : Sang pour 100

Les éditions Ravet-Anceau lancent un concours de romans policiers. Le vainqueur verra son manuscrit publié sous le numéro 100 dans la collection Polars en Nord.

Les lecteurs intéressés trouveront  le règlement du concours ici .

  

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16/03/2011 | Lien permanent

Je ne suis pas un serial killer, de Dan Wells

jenesuispasunserialkiller.jpgUne chronique d'Eric

Vers le démon

 Curieux personnage que ce John Wayne Cleaver qui est persuadé à 15 ans d’être prédestiné à devenir un  jour un serial killer et qui se débat contre tous ses démons pour ne pas en devenir un. Notez bien que l’environnement autour de lui n’est pas des plus propices pour une bonne santé mentale : Aider sa mère et sa tante à embaumer les morts dans un funérarium, les éviscérer puis les laver pour qu’ils soient présentables ne prédispose pas à une certaine sérénité existentielle.

.Son obsession pour les tueurs en série, sa connaissance des rituels inhérents aux meurtriers les plus sadiques inquiètent son entourage si bien qu’il est confié à un psychiatre, le Dr Neblin  chargé de relativiser ces étonnantes pulsions. l’humour noir affleure toujours pour évoquer ses sujets de prédilections et sa crainte de passer à l’acte :

-mon père (confie t-il au Dr Neblin) s’appelle Sam, ce qui fait de moi le fils de Sam : un serial killer new-yorkais qui racontait que c’était son chien qui lui ordonnait de tuer ; d’autre part mon nom de famille est Cleaver- couperet-. Combien connaissez-vous de personnes qui portent le nom d’un tueur en série et d’une arme blanche ?

 

Dans le bourg où il habite des crimes en série vont être perpétrés sur des hommes vidés de leurs entrailles ou dépossédés d’un de leurs organes.

Le thriller ici  bascule vers le fantastique voire le surnaturel ; « si le fantastique est une hésitation sur la réalité telle que nous nous la représentons » suivant la définition de Tzedan Todorov nous sommes projetés ici dans une autre dimension ; l’auteur est imprégné par la culture télévisuelle- Dr House, Buffy- et cinématographique du moment-on pense également à Twilight-L’irrationalité des crimes vient contrecarrer en quelque sorte les explications trop logiques de notre jeune détective si bien placé pour mener l’enquête et pour se mettre dans la tête du meurtrier. On peut être dévarié par ce brusque surgissement du surnaturel dans un récit jusque là réaliste ; cette intrusion peut également constituer une interrogation sur notre relation au réel : notre rationalité suffit-elle pour interroger un monde un proie au sordide et à l’horreur ? Il me semble que toute une génération de jeunes auteurs bascule vers la recherche d’une création qui puisse prendre en compte l’absurdité d’un monde menaçant.

Eric Furter

Présentation de l'éditeur

John Wayne Cleaver est un jeune homme potentiellement dangereux. Très dangereux, même. Jugez-en plutôt : garçon renfermé, pour ne pas dire sociopathe, il vit au milieu des cadavres à la morgue locale, où travaillent sa mère et sa tante, il a une certaine tendance à tuer les animaux et depuis son plus jeune âge il éprouve une véritable passion pour les tueurs en série. Ainsi, son destin semble tout tracé. Mais, conscient de son cas et pas spécialement excité à l'idée de devenir un serial killer, John, qui s'est ouvert à un psy, a décidé de respecter quelques règles très précises : ne nourrir que des pensées positives à l'égard de ses contemporains ; ne pas s'approcher des animaux ; éviter les scènes de crime. Ce dernier commandement va néanmoins devenir très difficile à suivre lorsqu'on retrouve dans les environs un corps atrocement mutilé. Puis un second. Y aurait-il dans cette petite ville tranquille plus dangereux encore que John ? Aurait-il enfin trouvé un adversaire à sa taille ? Avec une intrigue qui surprend en permanence le lecteur, Dan Wells nous tient éveillés jusqu'au bout de la nuit - ce qui reste encore la meilleure façon d'éviter les cauchemars.


Je ne suis pas un sérial killer
Dan Wells
Broché: 269 pages
Editeur : Sonatine (14 avril 2011)
Langue : Français

 

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07/06/2011 | Lien permanent

L'ironie du short, de Max Obione

lironiedushort.jpgUne chronique de Jacques

 Tous les polardeux connaissent Max Obione. Auteur de six romans et de plusieurs recueils de nouvelles, il est aussi le responsable de   Krakoen, une maison d’édition qui s’est  taillée en quelques années une belle place dans le monde du polar francophone.

Collectif d’auteurs organisés en coopérative de productions, Krakoen a publié en quelques années une vingtaine d’auteurs de styles  divers  (dont Hervé Sard, Jeanne Desaubry, Franck Membribe, Elisa Vix) et compte plus de 40 titres à son catalogue. Le succès de la "maison" est tel que le collectif a décidé de ne plus publier de nouveaux auteurs afin de mieux promouvoir les talents aindi révélés. Belle aventure, donc.  

Max Obione, qui  parvient (mais dans quel état ?) à tenir le coup entre son travail d’éditeur et celui d’auteur, ce qui  en soi est déjà un exploit, nous propose ici un nouveau recueil de 18 nouvelles : L’ironie du short.

Certaines d’entre elles ont déjà été publiées dans des recueils collectifs ou sur des sites Internet. Cette diversité des lieux et des objectifs de publication  a pour conséquence  une grande variété des thèmes abordés, qui vont de l’histoire d’un tueur fou de jalousie  massacrant toutes les femmes qu’il croise, jusqu’à la rencontre imaginaire entre Walt Disney et un de ses scénaristes souhaitant ajouter  trois nains ( Flemmard, Branleur et Tapette) dans le scénario de Blanche-Neige,  en passant par  la rivalité de deux  anciennes copines d’école, devenues flic pour l’une d’entre elles et truande pour l’autre,  ou encore la vie tragique d’un peintre américain psychotique recherchant le « secret de l’œil » auprès d’un peintre impressionniste réputé.

Comme souvent chez les bons auteurs de nouvelles,  l’absence d’homogénéité  des thèmes n’est pas un obstacle pour le lecteur, car une autre homogénéité est ici présente, plus forte et plus  déterminante  : celle du style, du langage, du ton. Et c’est là que Max Obione donne toute la mesure de son talent.

 Il est capable de raconter la pire histoire de tueur en série avec une allégresse joyeuse et hilarante. C’est le cas de la première nouvelles, qui est aussi la plus longue : Marcel Bovary.

« L’heure passant, les sens assouvis, elle le renvoyait sans un mot. Tandis qu’alanguie, nue, elle  regardait ses longues mains manucurées de rouge sang, aussi rouge que le cuir de ses escarpins, Marcel ramassait ses habits et ses chaussures et quittait la chambre du manoir, les oreilles bourdonnantes, les genoux tremblants et la tête dans un étau, envahi du  souvenir des figures extravagantes dessinées dans les spasmes. »  

Dans tout le recueil, transpire le plaisir qu’a eu Max Obione de raconter une histoire, de décrire ses personnages avec concision et efficacité, de créer en quelques mots bien sentis un univers fait de dérision, d’humour et de sentiments si humains. Chacune des histoires nous montre un univers radicalement original,  chacune va jusqu’au bout d’une situation extrême, de rapports conflictuels, d’accidents stupides, comme si Max Obione se lançait chaque fois un défi.

Celui de la nouvelle « les micochonnes » pourrait être : je vais scotcher le lecteur en lui racontant une histoire basée sur un mot, mal interprété par un ado banalement obsédé par le cul (Max Obione jeune, peut être ?).  Ainsi que vous pourrez le vérifier (je me garderai de vous donner la clé de l’énigme),  ça marche !

 Ce recueil sera une référence pour tous ceux qui se piquent d’écrire des nouvelles et  une bible pour les ateliers d’écriture : comment  bâtir une histoire qui se tient à partir d’un événement infime ; comment mettre en place des personnages forts,  truculents et vrais ; comment enfin lâcher son écriture, tout en lui gardant son efficacité,  pour parvenir à des pages que ne renierait pas un San Antonio (qui donnerait dans le noir) dans ses meilleurs jours…vous en aurez une idée en lisant ces nouvelles.

nouvelles noires

collection "Court-lettrages"


254 pages

Prix TTC : 15 €

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28/03/2011 | Lien permanent

Le complexe du prisme, de Fabrice Pichon

complexe_du_prisme.jpgUne chronique de Jacques.

Voici un polar que l’auteur a solidement inscrit dans sa région, la Franche-Comté, mais qui n’est pas pour autant un polar « régionaliste », même si cette expression n’a rien de péjoratif par ailleurs.

En effet, d’une part le thème central de son roman est universel et d’autre part l’histoire, si elle prend ses racines en Franche-Comté, va nous entrainer aussi en Provence, en donnant ainsi au récit une autre dimension.

Je dis « le thème », mais en fait il y en a deux, qui sont entrelacés. Le premier – le plus important – concerne le rapport que certains établissent avec leur enfance et le passé de leurs parents. Le deuxième, plus anecdotique, porte sur les sectes et leurs dérives, parfois terribles, en particulier quand il s’agit de leur emprise sur de tout jeunes enfants.

Fabrice Pichon a choisi comme héroïne de son histoire une femme, Marianne Bracq, en parfaite adéquation avec son époque. Cette femme, nous pourrions l’avoir croisée souvent dans notre vie de tous les jours. Femme divorcée, mère de deux jeunes enfants, professionnellement active, dynamique, impliquée dans son travail, elle est par ailleurs commissaire de police, et ma foi, ça tombe plutôt bien, puisque nous sommes dans un polar ! Venant de Bergerac, elle arrive à Besançon où elle est nommée chef de l’un des groupes du SRPJ. Et elle est aussitôt confrontée à un tueur en série qui semble exécuter sans raison des personnes n’ayant aucun lien apparent entre elles. Mais voilà que la jeune femme croit repérer des indices qui lui laissent penser qu’elle n’est pas étrangère à l’action du meurtrier ! Son enquête va l’amener à s’intéresser de près à de vieilles affaires, et la mettra sur la piste d’une secte, l’amenant dans des zones dangereuses dans lesquelles son propre passé ainsi que celui de sa famille va croiser le parcours du tueur.

 L’enquête est très habilement menée, pas seulement par l’enquêtrice, mais aussi (et surtout) par l’auteur, qui réussit à parsemer le roman de fausses pistes et à nous nous mener en bateau, quasiment jusqu’au bout. Un mystérieux pendentif en forme de prisme lié aux assassinats et dont elle possède aussi un exemplaire, des messages codés peu à peu décodés par l’équipe et qui amènent sur de nouvelles pistes, la vie privée, mais aussi familiale de la commissaire qui interfère avec son enquête, tous ces éléments sont quelques-uns des ingrédients qui font que ce livre, une fois commencé, ne se lâche pas facilement.

 L’écriture de Fabrice Pichon est aussi sobre qu’efficace, et bien que l’histoire soir relativement complexe, la construction de son polar est parfaitement agencée, alternant avec habileté les points de vue narratifs afin d’éviter une certaine monotonie de lecture. De plus, l’auteur a particulièrement réussi la fin de l’histoire, en s’éloignant des clichés convenus et des fins trop attendues, déjà lues cent fois, ici où là.

 Un petit mot pour terminer, sur cette maison d’édition que je ne connaissais pas. Les éditions du citron bleu, créées en 2009, nous proposent (dans un premier temps, écrivent-ils sur leur site), des histoires dont l’action se déroule en Franche-Comté, et un de leurs objectifs est d’aider de nouveaux auteurs de talents à émerger. Objectif atteint en ce qui concerne Fabrice Pichon, et je souhaite longue vie à cette jeune maison, qui a déjà huit auteurs à son catalogue.

  Jacques, (lectures et chroniques)

 Le complexe du prisme
Fabrice Pichon
Editions du citron bleu
263 pages ; 16 €

 Présentation de l’éditeur.

Besançon. Commissariat central de la Gare d'Eau.Arrivant de Bergerac, la commissaire Marianne Bracq n'a pas le temps de se familiariser avec sa nouvelle équipe : le corps éviscéré d'une clocharde est découvert le jour même. Un tueur rôde dans la ville. Une image, une seule, a déclenché un flot de haine....

« Après avoir enfilé les gants et les surchausses que lui tendait le planton au sommet des marches, elle dévala l'escalier et se mêla aux hommes en blanc. Les projecteurs sur pieds étaient en cours d'installation en arc de cercle autour de la scène, alors qu'un paravent de plastique opaque masquait les lieux. Ils s'allumèrent au moment où l'équipe franchissait le cordon de sécurité. La puissante lumière blanche éclaira deux corps inertes.  

- Mon Dieu ! lâcha Gonsalvès en se signant instinctivement.  

- Quelle horreur ! jugea Magnin.  

Assis adossé à la muraille du quai, un homme les mains jointes en coupe, tenait un coeur ensanglanté. Son regard vitreux semblait s'étendre au-delà, pour se perdre sur l'autre rivage... »

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03/03/2013 | Lien permanent

Le lion des Flandres, de Roger Facon

lion_des_flandres.jpgUne chronique de Cassiopée.

 Il s’appelle Roland Frémont, la trentaine, des dents blanches, une fossette en amande sur le menton (qui fait chavirer les cœurs), une chevelure abondante, rousse et flamboyante qui lui vaut le surnom de « Lion ». Il sait rougir quand il le faut pour charmer les dames, il reste en retrait juste ce qu’il faut pour qu’elles aient envie d’aller vers lui. Travailleur infatigable, dur à la tâche, il sait aussi se montrer tendre et à l’écoute. L’homme idéal ? A vous de voir….Il fume ;-( ….. et plutôt souvent… J’ai rarement vu un roman où les personnages allument sans arrêt des cigarettes et comme on est en 1936 (la loi interdisant le tabac dans les lieux publics est loin d’être passée), ils fument partout et souvent: dans les bureaux de la police, au café etc… J’avais presque l’odeur du tabac dans les narines, le brouillard cotonneux provoqué par les bouffées devant les yeux et je crains un peu….

Heureusement tout cela est resté dans le virtuel et ne m’a pas gêné dans la lecture.

On est donc en 1936, à l’époque du Front Populaire, de l’installation du gouvernement. Le Lion, originaire du Nord, est promu à Paris où on lui confie la tâche délicate d’élucider la mort d’un chauffeur de taxi.

Présenté comme cela, tout paraît assez simple. C’est sans compter les magouilles, le chantage, les vengeances et des protagonistes qui ont des choses à cacher…

On va croiser des noms qui nous rappellent des personnages illustres : Guitry, Martin Du Gard, De Gaulle etc…

On est vraiment dans l’époque et il faut reconnaître que l’atmosphère est parfaitement retranscrite, les individus ayant existé s’intercalant à merveille dans la trame du livre.

Le problème, dans ce cas là, c’est souvent de se poser des questions et de savoir ce qui est vrai ou pas. Non pas sur les rencontres, car on sait ce qu’il en est avec les êtres de papier mais plutôt sur ce qui est dit des hommes ou femmes décrits qui ont existé. Est-ce qu’ils faisaient comme ceci ou est-ce pour les besoins de l’intrigue, est-ce que leur caractère était celui-là etc… L’infatigable curieuse que je suis passe donc beaucoup de temps avec son encyclopédie pour vérifier et contrôler ce qu’elle lit. Pas du tout pour juger ce qu’évoque l’auteur mais surtout pour ma gouverne personnelle parce que « j’aime bien savoir »….

Je peux donc confirmer que la vie de Roger Salengro, telle qu’elle est présentée, colle assez bien à la réalité.

Des chapitres courts, parfois trop car les situations sont, de fait, survolées et pas assez creusées composent cet opus. De plus, on passe ainsi, très rapidement, d’un endroit à l’autre, d’un groupe de personnages à un autre. J’ai trouvé qu’au lieu de donner du rythme, cela le « cassait » car il était difficile de se fixer dans un contexte pour se retrouver dans un autre deux ou trois pages après. Cela peut donner l’impression d’une pléthore de premiers et seconds rôles, pas très fouillés sur leur côté psychologique, manquant d’étoffe et de profondeur et en parallèle embrouiller le lecteur qui a besoin d’une trame plus linéaire.

Malgré ce bémol; c’est un livre qui se lit bien car l’écriture est fluide, simple à aborder avec de nombreux dialogues qui apportent de la légèreté.

 

Cassiopée

 

Titre: Le lion des Flandres
Auteur: Roger Facon
Éditions: Archipel (13 Mars 2013)
Collection: Suspense
Nombre de pages: 300 ; prix : 18 €
ISBN: 78-2809810301

 

Quatrième de couverture

Juin 1936. L'inspecteur Frémont, dit le Lion, quitte ses terres du Nord. Il vient d'être promu aux «affaires réservées» par Roger Salengro, le nouveau ministre de l'Intérieur.

Très vite, il est chargé d'un dossier délicat : le taxi Fernand Lemoine, un ancien flic, a été abattu d'une balle dans la nuque en plein Paris, au volant de sa Citroën. L'homme rentrait d'Allemagne et était membre du Souvenir Jaurès, une organisation secrète liée au nouveau pouvoir socialiste...

La piste du Lion le conduit à un certain Mangin, journaliste à scandale dont le passé fait l'objet d'un chantage par un agent nazi : il s'agit de fabriquer de toutes pièces un dossier calomnieux contre Salengro à destination de la presse de droite... mais aussi des journaux communistes du Nord.

Lemoine avait-il eu vent de cette opération d'intoxication ? Léon Blum lui-même est-il à l'abri d'une machination visant à dynamiter le Front populaire ? Plus l'enquête avance, plus il apparaît que les ficelles sont tirées de fort loin, à Berlin et Moscou...

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26/04/2013 | Lien permanent

Au-dessus des lois, de Justin Peacock

au-dessus des lois,justin peacockAvec Justin Peacock, une plongée dans le monde de ceux qui se croient « Au-dessus des lois »

Une chronique de Jacques

Après le talentueux Lewis Shiner, les éditions Sonatine nous permettent de découvrir Justin Peacock, un autre grand auteur américain dont elles ont déjà publié le premier roman : Verdict.

Un jeune avocat plutôt idéaliste qui décide de prendre la défense des pauvres contre les puissants, une plongée dans les mécanismes parfois paradoxaux de la justice américaine, voilà qui peut nous rappeler les meilleurs romans de John Grisham. Et en effet, il y a bien du Grisham chez Peacock, mais un Grisham qui aurait une vision et une analyse de la société américaine plus ample, plus fouillée, plus subtile aussi.

Ce deuxième livre explore le monde de la justice, de l’immobilier new-yorkais et du journalisme. De la première à la dernière page, l’auteur explore les rapports entre ces différents mondes, évalue leurs contradictions et leurs liens potentiellement explosifs à travers une intrigue dont le canevas impeccable nous permet de découvrir les méandres de la vie sociale et politique de New York.

Cette thématique trouve son prolongement dans les principaux personnages du roman. Duncan Riley, jeune et ambitieux avocat d’affaires dans un des plus grands cabinets de New York, se trouve placé de par son origine familiale et sociale, au cœur de certaines des contradictions fortes de la société américaine. Fils d’un syndicaliste noir et d’une assistante sociale blanche, les hasards de la génétique font que ceux qui le côtoient le prennent pour un blanc. Quant aux hasards liés à son métier d’avocat, ils l’amènent à défendre les plus riches hommes d’affaires de la ville (le cœur de son métier), mais aussi – assistance juridique oblige – à fréquenter et défendre un jeune portoricain issu, tout comme lui, d’un milieu pauvre.

Le cabinet dans lequel il travaille défend les intérêts de la société Roth Properties. La famille Roth (avec le père Simon, la fille Leah et le fils Jeremy), qui a acquis une immense fortune dans l’immobilier, souhaite achever la construction de la tour Aurora, trente-six étages d’appartements luxueux au cœur de Soho, ainsi qu’une vaste rénovation d’un quartier pauvre, la cité Jacob Riis.

Une journaliste enquête sur des malversations perpétrées par la société de Simon Roth. La journaliste et l’avocat vont être confrontés à une vaste affaire criminelle de détournement de fonds ayant provoqué un accident mortel sur un chantier. Leurs objectifs sont opposés, Candace Snow cherchant à prouver la corruption et le crime pendant que Duncan Riley défend les intérêts des Roth. Leurs intérêts vont pourtant se rejoindre quand Riley, chargé également de la défense pro bono du jeune portoricain accusé de meurtre, comprend que le vrai meurtrier est lié à la famille Roth. Défendre ses clients dans une affaire et montrer qu’ils sont coupables dans l’autre, le conflit d’intérêts est total. Comment le jeune avocat va-t-il le résoudre ? Pris entre son ambition et des principes de justice auxquels il croit encore, embarqué dans ce conflit d’intérêt qui masque un conflit de classe, comment va-t-il réagir ?

Ce livre, à l’écriture puissante et dense, est d’une étonnante richesse thématique. Au fil des chapitres, nous passons du fonctionnement d’un cabinet d’avocats new-yorkais au monde opaque et corrompu de l’immobilier haut de gamme, de la politique publique du logement au fonctionnement interne d’un grand journal soumis aux pressions financières des puissances économiques... Justin Peacok possède une connaissance en profondeur de la société américaine et nous la transmet avec une intelligence et un savoir-faire impressionnants. Cet auteur, dont le roman va bien au-delà des polars ou des romans à suspense traditionnels, mérite vraiment le détour !

 Le blog de Jacques : Lectures et chroniques

Au-dessus des lois
Justin Peacock (auteur)
Editions Sonatine (4 novembre 2015)
661 pages

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05/11/2015 | Lien permanent

La nuit du nouveau monde, de Yves Corver

nuit_nouveau_monde.jpgUne chronique de Cassiopée.

 Résiste, prouve que tu existes…

 Nous sommes en 2028, les conflits inter religieux sont violents, les pays cloisonnés, les peuples conditionnés et sous surveillance.

Le pouvoir appartient à l’élite et celle-ci fuit pour s’installer au soleil, dans des résidences hyper sécurisées tout en surveillant à distance ceux qui sont restés sur place, histoire de mieux les manipuler.

Visionnaire, Yves Corver ? Qui vivra, verra… Mais il est sûr qu’il pointe du doigt des attitudes, des faits et des actes qui sont bien de notre époque et qui, si on manque de vigilance, risqueront de devenir de grosses dérives.

Que ce soit les informations déformées (la parole est muselée dans le journalisme d’investigation), l’instrumentalisation, les écrans de fumée qui sont parfois installés par ceux qui dirigent les états pour détourner l’attention, les rivalités qui peuvent être créées de toutes pièces en introduisant des  renseignements erronés que l’on présente comme vrais, la montée et le danger des extrémistes, les campagnes médiatiques pour instiller des tendances, l’évasion fiscale pour les nouveaux riches,  le fait de tirer profit des progrès de la génétique pour créer de  jeunes adultes comme ils les souhaitent…. tout cela a des accents de vérité….et ne semble pas si loin à bien réfléchir….

 C’est dans cette atmosphère « survoltée » que sont installés les personnages de ce roman. Pour ceux qui ont lu « Genèse de l’enfer » du même auteur, ils retrouveront Estelle de Jong et Stéphane Larieux ainsi que quelques seconds rôles qui ont leur importance. Stéphane a été précédemment rattrapé par son passé et son approche de la vie s’en est trouvée transformée. Il n’a plus les mêmes priorités et il souhaite protéger ceux qu’il aime. Mais rien n’est simple même lorsqu’on appartient à la crème…

 Les vagues de violence communautaires sont légion, et les grands de ce monde mettent en scène certains événements pour mieux influencer les hommes et les « monter » encore plus les uns contre les autres. Nous sommes « témoins » impuissants de cette manipulation collective…. Alors, est-ce que ce nouvel opus de Yves Corver a pour but de nous obliger à ouvrir les yeux ? Veut-il nous faire agir, résister de peur qu’un jour on se dise « trop tard » ?

 Dans ce roman d’anticipation, l’auteur dénonce par l’intermédiaire de son récit, tous les excès politiques, industrielles, économiques, humains (avec le danger d’un gouvernement européen autoritariste, etc…. ) Les hommes « ordinaires » n’ont plus de « vie », ce sont ceux de l’élite qui détiennent la « toute puissance ». Facile alors de ne donner que le minimum alimentaire, de droguer l’eau à la source pour planifier le futur comme on le veut…

 Heureusement, dans l’ombre, la révolte gronde… Certains ont décidé de ne pas baisser les bras, de garder leur libre-arbitre quels que soient les risques associés. Les ramifications de ce petit groupe dans les pays d’Europe sont là mais attention le jour où les dirigeants décident de « suspendre » toutes les formes de communication modernes (internet, téléphone …, comment vont-ils s’en sortir ?  Et là, on se prend à frissonner dans notre canapé…. Et si ça arrivait ? Est-ce qu’ « ils » pourraient faire ça ? Comment pourrais-je vivre sans mon mobile et sans mon ordinateur ??

 Le sujet est grave mais on reste dans un roman alors parfois on se sent bêtement soulagé… L’écriture est fluide, le rythme rapide avec des actions bien décrites, sans temps mort. Le texte est hautement addictif, les individus bien campés même s’il y a une petite tendance manichéenne. On peut, éventuellement regretter, que les sujets traités ne soient pas plus approfondis mais on est dans le domaine du roman, du loisir et le message de l’auteur est suffisamment explicite….

  La nuit du nouveau monde
Auteur : Yves Corver
Éditions :  City Editions, Grainville (21 Août 2013)
503 pages
ISBN : 9782824603339

 Quatrième de couverture

Un trader assassiné en direct à la télévision. Un massacre à l'arme blanche en public à Londres. Une école coranique détruite par un attentat dans le quartier musulman de Créteil... En 2028, en pleine crise économique et sociale, les actes sanglants se multiplient. La cohabitation de la population avec les "élites" semble devenue impossible. Le commissaire Portal et Estelle De Jong, d'Europol, soupçonnent que les apparences sont trompeuses. Et si ces actes violents n'étaient qu'une opération de manipulation ? L'objectif des terroristes semble être de préparer les populations d'Europe à l'arrivée d'un gouvernement central autoritaire. Une véritable révolution dont l'issue pourrait être terrible. A glacer le sang.

 

 

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14/11/2015 | Lien permanent

Que Dieu me pardonne, de Philippe Hauret

que_dieu_me_pardonne.jpgUne chronique de Cassiopée

Cabossés par la vie…

Qu’ils soient pauvres ou nantis, désœuvrés ou travailleurs, les personnages de ce roman ont tous été à un moment ou un autre cabossés par la vie. Ils n’ont pas tous réagis de la même façon, certains luttent pour essayer de s’en sortir à l’image de la belle Mélissa, d’autres vivent « à la petite semaine » de trafics, de vols, de magouilles, comme Kader, d’autres encore profitent de leurs rentes et s’offrent la belle vie, comme Rayan Martel, le bourgeois ….  Au milieu de tout cela, les flics, Franck Mattis et son collègue Dan, qui n’ont pas la même approche des faits, ni des hommes. Le premier a encore un semblant d’espérance, le second, blasé,  a baissé les bras et ne pense qu’à exterminer la racaille, à nettoyer la gangrène des cités….

Philippe Hauret a une belle écriture, il glisse ça et là des références musicales, des mots de haut niveau. On sent un humaniste cultivé qui se penche sur la vie, qui espère que les regards changent, que les bons ou les mauvais se peaufinent, les uns pour se pencher sur les plus « petits », les autres pour se donner les moyens (ou les accepter) de s’en sortir. Si chacun avance d’un pas, même minuscule, sa nouvelle approche modifiera sa perception de l’autre ….

C’est tout cela qui transparaît dans ce livre prenant, poignant, que j’ai lu en une nuit tant il m’a captivée. Pourquoi ces individus m’ont-ils tellement intéressée ? Tout simplement parce qu’ils « sonnaient »  vrais. Des personnalités ni toutes blanches, ni toutes noires, des gens qui parfois se laissent attirer par la facilité même si pour ça ils renient leurs principes, et qui, à d’autres moments s’accrochent et essaient de redresser la barre. Des protagonistes qui vivent avec leur passé, comme ils peuvent quand il est lourd et douloureux, avec l’environnement du moment qui n’est pas toujours celui qu’ils espéraient, avec les hommes et les femmes qu’ils croisent et qu’ils ne regardent pas forcément comme ils le devraient…. Mais malgré tout, ils avancent, plus ou moins portés par la vie, ils n’ont pas le choix, il faut continuer, accepter ou s’accommoder de ce qu’ils ont ……

C’est si difficile de trouver le chemin lorsqu’on s’est égarée sur des voies de traverse, c’est si difficile de croire en soi quand aucun projet n’aboutit, c’est si difficile de parler d’espoir quand tout semble vouer à l’échec…. Et pourtant, par petites touches, au milieu de ces destins malheureux, égarés, l’auteur met de la couleur, de la lumière, de celle qui brille dans les yeux quand on a compris qu’il faut de temps à autre, si peu de choses, pour que la main se tende vers celui qui en a besoin…. On sent en filigrane que Philippe Hauret croit en l’homme….

Et si c’était ça, le cadeau de cet écrivain ? Un recueil sombre, des vies fracassées mais toujours (comme disait mon poète préféré Paul Eluard) au bout du chagrin  une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée [….]des yeux attentifs, une vie : la vie à se partager ?

 

Que Dieu me pardonne
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (Mai 2017)
Collection : Polar
ISBN :  978-2-37722-008-3
210 pages

 

Quatrième de couverture

Ici, une banlieue tranquille, un quartier résidentiel et ses somptueuses maisons dans lesquelles le gratin de la ville coule des jours paisibles… À quelques encablures, une petite cité, grise et crasseuse. Avec sa bande de jeunes désœuvrés qui végètent du matin au soir. Deux univers qui se frôlent sans jamais se toucher.

 D’un côté, il y a Kader, le roi de la glande et des petits trafics, Mélissa, la belle plante qui rêve d’une vie meilleure… De l’autre, Rayan, le bourgeois fortuné mais un peu détraqué… Et au milieu, Mattis, le flic ténébreux, toujours en quête de rédemption.

 Une cohorte d’âmes égarées qui n’auraient jamais dû se croiser… Des destins qui s’emmêlent, des illusions perdues, des espoirs envolés… Et puis, cette petite mécanique qui se met en place comme une marche funèbre… implacable !

 

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25/06/2017 | Lien permanent

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