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25/06/2017

Que Dieu me pardonne, de Philippe Hauret

que_dieu_me_pardonne.jpgUne chronique de Cassiopée

Cabossés par la vie…

Qu’ils soient pauvres ou nantis, désœuvrés ou travailleurs, les personnages de ce roman ont tous été à un moment ou un autre cabossés par la vie. Ils n’ont pas tous réagis de la même façon, certains luttent pour essayer de s’en sortir à l’image de la belle Mélissa, d’autres vivent « à la petite semaine » de trafics, de vols, de magouilles, comme Kader, d’autres encore profitent de leurs rentes et s’offrent la belle vie, comme Rayan Martel, le bourgeois ….  Au milieu de tout cela, les flics, Franck Mattis et son collègue Dan, qui n’ont pas la même approche des faits, ni des hommes. Le premier a encore un semblant d’espérance, le second, blasé,  a baissé les bras et ne pense qu’à exterminer la racaille, à nettoyer la gangrène des cités….

Philippe Hauret a une belle écriture, il glisse ça et là des références musicales, des mots de haut niveau. On sent un humaniste cultivé qui se penche sur la vie, qui espère que les regards changent, que les bons ou les mauvais se peaufinent, les uns pour se pencher sur les plus « petits », les autres pour se donner les moyens (ou les accepter) de s’en sortir. Si chacun avance d’un pas, même minuscule, sa nouvelle approche modifiera sa perception de l’autre ….

C’est tout cela qui transparaît dans ce livre prenant, poignant, que j’ai lu en une nuit tant il m’a captivée. Pourquoi ces individus m’ont-ils tellement intéressée ? Tout simplement parce qu’ils « sonnaient »  vrais. Des personnalités ni toutes blanches, ni toutes noires, des gens qui parfois se laissent attirer par la facilité même si pour ça ils renient leurs principes, et qui, à d’autres moments s’accrochent et essaient de redresser la barre. Des protagonistes qui vivent avec leur passé, comme ils peuvent quand il est lourd et douloureux, avec l’environnement du moment qui n’est pas toujours celui qu’ils espéraient, avec les hommes et les femmes qu’ils croisent et qu’ils ne regardent pas forcément comme ils le devraient…. Mais malgré tout, ils avancent, plus ou moins portés par la vie, ils n’ont pas le choix, il faut continuer, accepter ou s’accommoder de ce qu’ils ont ……

C’est si difficile de trouver le chemin lorsqu’on s’est égarée sur des voies de traverse, c’est si difficile de croire en soi quand aucun projet n’aboutit, c’est si difficile de parler d’espoir quand tout semble vouer à l’échec…. Et pourtant, par petites touches, au milieu de ces destins malheureux, égarés, l’auteur met de la couleur, de la lumière, de celle qui brille dans les yeux quand on a compris qu’il faut de temps à autre, si peu de choses, pour que la main se tende vers celui qui en a besoin…. On sent en filigrane que Philippe Hauret croit en l’homme….

Et si c’était ça, le cadeau de cet écrivain ? Un recueil sombre, des vies fracassées mais toujours (comme disait mon poète préféré Paul Eluard) au bout du chagrin  une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée [….]des yeux attentifs, une vie : la vie à se partager ?

 

Que Dieu me pardonne
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (Mai 2017)
Collection : Polar
ISBN :  978-2-37722-008-3
210 pages

 

Quatrième de couverture

Ici, une banlieue tranquille, un quartier résidentiel et ses somptueuses maisons dans lesquelles le gratin de la ville coule des jours paisibles… À quelques encablures, une petite cité, grise et crasseuse. Avec sa bande de jeunes désœuvrés qui végètent du matin au soir. Deux univers qui se frôlent sans jamais se toucher.

 D’un côté, il y a Kader, le roi de la glande et des petits trafics, Mélissa, la belle plante qui rêve d’une vie meilleure… De l’autre, Rayan, le bourgeois fortuné mais un peu détraqué… Et au milieu, Mattis, le flic ténébreux, toujours en quête de rédemption.

 Une cohorte d’âmes égarées qui n’auraient jamais dû se croiser… Des destins qui s’emmêlent, des illusions perdues, des espoirs envolés… Et puis, cette petite mécanique qui se met en place comme une marche funèbre… implacable !

 

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