Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/11/2014

Un corbeau à l'heure allemande, de Jacques Mondolini

 un_corbeau.pngUne chronique d'oncle Paul.

 - Ami entends-tu le vol noir des corbeaux...?

- Non, mais je lis leurs messages...

 Marcoussis, petit village de la Seine et Oise, département aujourd'hui scindé en trois parties dont l'Essonne, mille-cinq cents âmes environ en 1941. Moins ceux qui ont été déportés dans le camp d'Aincourt, village de l'actuel Val d'Oise, parqués dans un ancien sanatorium. C'est dans le bâtiment des hommes, le Pavillon Adrien Bonnefoy-Sibour, qu'étaient parqués les militants communistes, ou anciens militants, ou sympathisants, ou supposés tels.

Depuis des années, et même avant guerre, le Parti Communiste Français ayant été interdit par Daladier en 1939, les adhérents à ce parti de Gauche étaient traqués d'abord à cause du Pacte germano-soviétique puis par Pétain et ses sbires encouragés par les Allemands lorsque ce pacte fut dénoncé. Mais rendons-nous dans ce petit coin de la grande banlieue parisienne qui avait avant tout une vocation agricole.

Bien entendu, ces maraîchers allaient vendre leur production se rendant à Limours ou plus loin à bord de leur carrioles, mais bon nombre de Parisiens effectuaient leur approvisionnement sur place, sous l'œil bienveillant du maire malgré le risque d'être arrêtés pour Marché Noir.

L'atmosphère était délétère, à Marcoussis comme ailleurs. Les messages anonymes, conçus le plus souvent à l'aide de lettres découpées dans des journaux, pullulaient. Des dénonciations, des délations, qui prenaient leur conception dans la jalousie, la haine, le fanatisme ou l'ostracisme aveugle.

 Tous les prétextes sont bons pour accuser un voisin, un ami, un membre de sa famille et même sa femme ou son mari, histoire de se venger, de capter un héritage, d'échapper à des frais de divorce. Et le maire demande chaque matin à sa secrétaire s'il y a du courrier spécial. Les lettres émanant de correspondants anonymes ou de déclarants, les mouchards, en général des notables. Il est vrai que ses collègues ont parfois de meilleurs résultats que lui en ce qui concerne les interpellations, et le préfet ne manque pas de le rappeler à l'ordre. Il faut du chiffre !

 C'est pour décrire cette ambiance que Jacques Mondololoni jette son projecteur sur une petite commune rurale de la grande banlieue francilienne, et raconte comment et pourquoi deux ou trois personnes vont se retrouver déportées. Un docu-roman qui prend sa source dans un épisode réel de cette période trouble de la Seconde Guerre Mondiale.

 Ce texte est complété par la retranscription de quelques lettres de dénonciation, ceci pour votre édification personnelle et non pour que vous vous en inspiriez. Enfin un entretien entre l'éditeur et l'auteur permet de mieux connaître cet épisode grâce aux recherches effectuées par Jacques Mondoloni, de mieux l'appréhender, de mieux comprendre les tenants et aboutissants. Un pan d'histoire honteux mais qui n'a pas servi de leçon puisque la police n'hésite pas, contre rétribution, à demander à la population de dénoncer untel ou untel, ce qui peut amener à toutes dérives et suspicions dont il est difficile pour un coupable présumé de s'extraire des rets dans lesquels il s'empêtre.

Paul (Les lectures de l'oncle Paul)

 Un corbeau à l'heure allemande
 Jacques MONDOLONI
Editions Osaka.
Collection Les Romans de la Colère.
Parution le 28 août 2014.
104 pages. 10,00€.

Commentaires

Le 3 JANVIER 2015 ,
MEME SI VOUS N'ETES UN AMI OU UN COPAIN (C'est vous qui me l'avez dit) votre livre semble passionnant .
Christophe THOMAS .

Écrit par : THOMAS | 03/01/2015

Les commentaires sont fermés.