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17/06/2012

Parjures, de Gilles Vincent (chronique 2)

parjures.jpgUne chronique de Christine.

S’il y a bien une chose que l’on apprend à ne plus accepter d’emblée sans méfiance c’est le « promis, juré », le « croix de bois, croix de fer », le « mais si, je t’assure » qu’on nous assène, la main sur le cœur et les yeux implorant la confiance.

Non, non, mes p’tits loups, ne tentez pas de me persuader du contraire. Faites le compte des beaux serments ayant débouché sur le vide total, le néant absolu, ou l’exact opposé de ce que vous attendiez.
Alors ?
Qu’est-ce que je vous disais !
Promis, sur la tête de mon Murphy préféré, je ne le répèterai à personne…
 
"Elle aimait cet instant où l’heure était au bilan de la journée. Griller clope sur clope en griffonnant les mots clés, coucher sur le papier l’ombre encore floue des indices, enchaîner les tasses jusqu’au trait de lumière, même ténu, qui viendrait relier les mots et les images d’un infime lien de vérité".

   À Marseille, à un mois d’intervalle, on découvre les cadavres de deux hommes exécutés selon un simulacre de peine capitale. Deux détenus ayant bénéficié d’une libération avant terme de leur longue peine d’emprisonnement. La commissaire Aïcha Sadia est chargée du dossier et s’intéresse alors au prochain détenu devant être libéré avant l’heure. C’est Abdel Charif.
Libéré la veille.
Victime d’une tentative d’enlèvement le matin même.

Et il est là, au commissariat, demandant aide et protection. Ayant le toupet, en plus, de mettre entre les mains d’Aïcha le marché suivant : elle l’aide à prouver son innocence, car il a été victime d’une erreur judiciaire, en échange il coopère sur l’enquête actuelle et… lui apporte également les informations dont il dispose sur la disparition de Sébastien Touraine.

Impossible pour Aïcha de refuser. Sébastien Touraine ! Le meilleur enquêteur du commissariat, mais également son compagnon. Disparu en mer cinq mois auparavant alors qu’il était parti nager.
Suicide, accident ? Et si sa disparition n’était pas purement accidentelle ?
L’espoir renaît. Aïcha reprend l’enquête sur le meurtre dont était accusé Abdel.
Mais cela va s’avérer bien plus complexe que prévu…

"Le témoignage humain, Charif, c’est une des rares choses qui me passionnent encore. Que les Belloni vous aient reconnu formellement le jour du meurtre, c’est une chose. Mais que trois ans plus tard, ils révisent totalement leur version des faits, là, ça devient intrigant".

Partant d’une trame de roman policier classique, un meurtre-une enquête, l’auteur s’est amusé à en superposer plusieurs. Vous pensiez avoir résolu une partie de l’intrigue ? Et bien non ! La construction en forme de poupées russes révèle un rebondissement supplémentaire à chaque matriochka ôtée. Beaucoup de rythme, donc, et guère le temps de souffler.

Mais cela ne se fait pas au détriment des personnages car quelques belles pages, humaines et sensibles, fouillant leur personnalité ou leur histoire, leur sont consacrées.

Un roman qui parle de vengeance, d’appât du gain, de mensonges, des circonstances ou des sentiments qui vous font basculer du bon ou du mauvais coté.

Peu de répit, beaucoup de retournements de situation, un final en forme de course contre la montre et un épilogue où l’auteur prend le temps de décortiquer tous les rouages qui ont amené à la conclusion finale, pour lever les zones d’ombre que le lecteur, emporté par les pages qui se tournent à vive allure, n’aurait pas réussi à éclairer.

Car bien malin celui qui aura pu se dire en cours de lecture : ça y est, je sais !

 Je ne peux m’empêcher de faire deux remarques en soulignant le problème de la toxicité du ciment, et celui des foudres probables du ministère de la Santé pour les nombreuses cigarettes parsemant les pages.

Mais ce ne sont que deux clins d’œil amicaux, et uniquement parce que cela m'amuse, de temps de temps, de jouer les avocats du Diable.

  Car c’est un roman policier vivant, très rythmé, et ses nombreuses intrigues superposées mêlant manipulations et suspense vous feront passer un bon moment.

Christine, (Blog : Bibliofractale )

Chronique de Jacques sur Parjures

 

Parjures
Gilles VINCENT
Jigal (Polar)
207 pages ; 16,50 euros