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14/12/2015

Pluie des ombres, de Daniel Quirós

Pluie_des_ombres.jpgUne chronique de Cassiopée.

 On dirait qu’il va pleuvoir…..

 Dans le premier roman de Daniel Quirós, il faisait chaud, une de ces chaleurs étouffantes qui accable, fait suffoquer et ralentit les mouvements. Cette fois-ci, la pluie est plus présente et lorsqu’elle n’est pas là, le temps est à l’orage. Dans tous les sens du terme, tant au propre qu’au figuré. L’atmosphère est limite explosive, comme si, d’un moment à l’autre, les éclairs pouvaient zébrer le ciel, illuminant d’une lueur trouble ce qui se développe sous les yeux.

 On retrouve Don Chepe, un ancien guérillero, reconverti en détective à ses heures perdues. C’est un électron libre, très proche du Gato qui lui est officiellement dans la police. Il vit, loin de tout, dans une petite bourgade où il ne se passe pas grand-chose. Mais lorsqu’un événement  inhabituel survient, Don Chepe peut fureter partout, se renseigner quitte à endosser des identités différentes pour rencontrer des personnages peu scrupuleux. On dirait que rien ne l’atteint vraiment et que le seul but recherché est dans cet opus, de comprendre pourquoi un jeune homme est mort, lâchement assassiné. Est-ce parce qu’il connaît la mère de ce Nica ou tout simplement parce qu’il est épris de justice qu’il mène l’enquête ? Je crois que c’est un mélange des deux raisons et également parce qu’il aime aller au fond des choses. Il est comme ça ….  peut-être qu’en tant qu’ex guerrier, il en a tellement vu, subi, que la vie n’a pas la même valeur pour lui et qu’il a l’impression d’avoir déjà beaucoup vécu.

 Toujours est-il que nous allons le suivre dans ses recherches et découvrir un Costa Rica loin des cartes postales des touristes.  Trafic, corruption, magouilles, blanchiment d’argent…rien ne sera épargné au lecteur. Les gens sont pauvres, désabusés pour certains, pourtant tous s’accrochent à la vie avec plus ou mois de ferveur et de réussite mais dans le but de continuer à avancer avec, sans doute, le secret espoir, d’un mieux, un jour…mais quand ?

 En enquêtant pour comprendre le décès de Antonio Rivas, Don Chepe ne savait pas sur quels terrains mouvants il allait s’aventurer et quels dégâts collatéraux il risquait de provoquer. Mais peut-être était-ce aussi un moyen de faire cesser certaines dérives dans un état gangrené par les inégalités sociales et la présence de clandestins qui s’imaginent trouver un eldorado et des jours meilleurs…

 Le climat de ce pays, écartelé entre diverses visions de l’avenir, est très bien exprimé sous la plume de l’auteur (et forcément, cela signifie un excellent travail du traducteur ). Certaines expressions traduites de l’original ont un petit air poétique qui n’est pas pour me déplaire.

« Dehors, la pluie avait cessé, mais il tombait encore des poils de chat sur les champs plongés dans l’obscurité. »

 J’apprécie également, ce que j’appellerai la « philosophie de vie » de Don Chepe, que l’auteur retranscrit à travers des dialogues imagés mais bien parlants. Il a le « parler » d’un « vieux sage », l’humour désenchanté en plus.

- Mais même l’eau de rivières coule vers quelque part.
- Oui, mais on ne contrôle pas le cours des rivières.
- C’est pour ça qu’on est né avec deux bras, parce que, parfois, on n’a pas d’autre choix que de se mettre à nager.

 Ce livre m’a vraiment intéressée tant sur le fond que sur la forme.  Daniel Quirós est un auteur à découvrir, à suivre, à apprécier. Il parle de son pays d’origine (il vit actuellement en Pennsylvanie) avec discernement, avec pudeur mais  également avec une passion qu’il faut découvrir en filigrane de chaque ligne, de chaque paragraphe tant il le fait avec discrétion, présentant des individus qui croient encore en certaines valeurs, telles l’amitié, la justice et l’Homme…..

 

Pluie des ombres
Auteur : Daniel Quirós
Traduit de l’espagnol (Costa Rica) par Roland Faye
Éditions  de l’Aube (Novembre 2015)
Collection : Aube Noire
240 pages
ISBN : 978-2-8159-1244-0

 

Quatrième de couverture

 Costa Rica. Le corps d’un jeune homme est retrouvé, mutilé, au bord d’une route à quelques mètres d’une école. La  police en fait peu de cas car c’est un Nica, un immigré du Nicaragua, et il y a de la drogue dans le ventre du cadavre… Ce devait être encore un narcotrafiquant. Sauf que. Sauf que Don Chepe connaissait le garçon, et qu’il n’était certainement pas un dealer. Épaulé de son fidèle Gato, l’ex-guérillero devenu détective à ses heures se lance à la poursuite des coupables. D’orangeraies à d’immenses complexes touristiques, de la prostitution à la haute société, c’est un véritable panorama du Costa Rica que nous révèle ce livre.