05/02/2023
Les Malvenus, d'Audrey Brière
Une chronique de Cassiopée
1917, un village en Bourgogne. Pas loin, un prieuré avec des religieuses. Des Ursulines qui élèvent des orphelins et des orphelines. Beaucoup se sont installés dans la bourgade, près de l’endroit où ils ont grandi donc tous ou presque se connaissent….
Mélanie, mère de Jeanne, découvre un matin, son gendre dit TS, ancien pensionnaire des Ursulines, sauvagement assassiné dans sa cave. Il était détesté de beaucoup, pour ne pas dire de tous (même de Jeanne son épouse) et il était le bras armé du maire, un homme qui fait peur. Même mal aimé, il est important de trouver qui a tué et c’est un copain d’enfance, sans parents lui aussi, à qui est confié l’enquête. Il s’appelle Matthias Lavau et il est aidé d’Esther Louve, une jeune femme à qui il confie quelques tâches car il craint le sang. L’atout principal de l’inspecteur Lavau est une mémoire exceptionnelle, il se souvient de tout ce qu’il lit. Pour se former, il est allé à Paris, a ingurgité des milliers (oui des milliers) de fiches avec les mesures anthropométriques et les descriptions de divers individus et bien entendu, il a tout retenu ! Ce qui l’a beaucoup aidé à se faire une réputation…. Il a également appris à relever des empreintes avec une poudre, à observer etc…et il est très physionomiste et a l’esprit vif. Il a bien l’intention de se servir de tout cela pour trouver le meurtrier.
Par d’habiles retours en arrière, Audrey Brière établit les liens entre les différents protagonistes. Elle distille les indices petit à petit, on ne cerne pas tout d’un coup et il faut avancer dans la lecture pour comprendre la complexité de certains individus. On découvre le rôle des religieuses, ce qu’elles ont soigneusement caché, ce qu’elles taisent encore. On a quelques scènes dans les tranchées qui nous rappellent que l’intrigue se déroule en 1917 (ça ne se sent pas toujours dans la vie quotidienne du village bien qu’il y ait des problèmes de rationnement).
L’atmosphère, mystérieuse, est très bien retranscrite. Le couvent des Ursulines centralise beaucoup plus de choses qu’on le croit. Finalement les sœurs ne sont pas si saintes que ce qu’on veut bien nous faire croire ! Enfin, moi ce que j’en dis….
L’intrigue est bien menée, il y a suffisamment de rebondissements pour maintenir notre intérêt, pour nous donner envie de tourner les pages. Plus d’une personne pouvait avoir des raisons de vouloir se débarrasser de TS. Vengeance, jalousie, il dérangeait …. Mais qui et pourquoi ? Quelles pistes exploiter et comment ? Il faudra toute la sagacité d’Esther et Matthias pour résoudre cette affaire. Eux-mêmes recèlent une part de mystère. Qui sont-ils réellement ? Est-ce que les amitiés que le policier a noué dans son enfance ne vont pas interférer sur ses observations ? Le troubler ? Fausser son jugement ?
C’est un premier roman plutôt abouti et l’écriture d’Audrey Brière est prometteuse. On sent malgré tout qu’elle a une marge de progression, peut-être dans la construction et dans le fait de ne pas mettre trop d’éléments en place, même si cela ne m’a pas dérangée. J’ai beaucoup apprécié de découvrir les débuts « scientifiques » au niveau des investigations. On en est aux balbutiements et c’est très intéressant de voir ce qui se met en place pour aider les enquêteurs. Une lecture plaisante et agréable !
Éditions : Seuil (3 Février 2023)
ISBN : 978-2021513240
356 pages
Quatrième de couverture
1917. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, un homme est retrouvé mort en Bourgogne. Ici, bon nombre des habitants ont grandi sans autre père et mère que les religieuses du majestueux couvent des Ursulines. C’est le cas de l’inspecteur de police Matthias Lavau. La victime aussi est un ancien des Ursulines : Thomas Sorel, bien connu dans les alentours, et presque unanimement détesté… Matthias et son assistante Esther vont devoir démêler les racines du Mal …
21:26 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |