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16/06/2015

Nid de vipères, d’Edyr Augusto

 nid_de_vipères.jpgUne chronique de Bruno (BMR).

 Pour celles et ceux qui aiment les polars qui décoiffent.

 La putain du gouverneur.

On avait été violemment secoué par l'épisode précédent du brésilien Edyr Augusto, qui nous avait emmené à Belém dans ce mystérieux état du nord du Brésil qu'est le Pará, à l'embouchure de l'Amazone.
Avec la hâte de voyager de nouveau avec cet auteur au style original, et dans le même temps, l'appréhension de retrouver les ambiances dures et violentes qu'il décrit sans concessions.
Voici donc Nid de vipères.
Pour une fois on ne regrettera pas d'avoir épinglé le coup de cœur sur Belém, notre première lecture.
Bien sûr on retrouve ici le mystère exotique de cette région méconnue, bien sûr on est de nouveau secoué par la violence décrite, la dureté du regard de l'auteur et le cynisme avec lequel il décrit son pays : il n'est certainement pas sponsorisé par l'office du tourisme de Belém.
Mais ce petit bouqin (160 pages seulement) n'a pas la puissance du précédent.
Reste que Edyr Augusto manie la plume sans défaut et que cette histoire menée tambour battant se lit à vive allure, pressé que l'on est de sortir (si possible indemne) de ce nid de vipères.
Ça commence par un massacre (un soir de feu d'artifice !), ça se finira de même quelques jours plus tard et l'on devra remonter pas mal d'années en arrière pour une autre scène peut-être encore plus violente même si c'est dans un autre registre. On peut pas se plaindre, Augusto nous en donne bien plus que pour notre argent (quelques euros en ebook).

« [...] Quand ils reprendront leur voiture, emmène-les faire un tour et fais-les disparaître. Disparaître. Je veux qu’il ne reste plus rien. Plus rien de la voiture, plus rien d’eux, entendu ? Prends avec toi des gens discrets, des gens de confiance. Tu m’as bien compris ? Appelle-moi quand ce sera fait. »

Une histoire de vengeance pour ce qui s'est passé il y a longtemps : un frère et surtout une soeur vont retrouver les traces de celui qui a brisé leur famille et tout cela va, bien évidemment, très mal finir pour les uns comme pour les autres.

« [...] Une vengeance. Une sacrée vengeance. Et maintenant ? Il y avait largement de quoi bosser. Ce serait sans doute le plus gros sujet de toute sa carrière. Il se demanda si ce n’était pas également la dernière limite à ne pas franchir, s’il ne risquait pas de se mettre sérieusement en danger. À nouveau, il lut et consulta tout. Il réfléchit à la marche à suivre. Un vrai nid de vipères. »

Pour venger les siens, la frangine a trouvé le point faible du malfrat : sans surprise, le sexe et elle n'hésitera pas à faire la pute (désolé, mais chez Augusto on ne s'embarrasse pas de périphrases et on appelle une chatte, une chatte) pour être 'conviée' aux partouzes (un thème déjà évoqué dans Belém) de celui qui devenu le tout puissant gouverneur de l'état du Pará.

« [...] Oui, le gouverneur de l’État. C’est lui qui a commandité le meurtre de ma famille. Oui, le gouverneur. Je t’ai dit que c’était une vieille histoire. 

Jusque là tout irait bien mais on n'a pas du tout accroché à l'histoire du frangin et de sa star de girl friend : ce voletnid_de_vipères_edyr_augusto.jpg là et les péripéties qui vont avec, ne nous ont guère semblé crédibles dans le contexte et viennent un peu gâcher ce qui aurait pu être une vengeance qui tourne mal et qui aurait été menée à cent à l'heure.
Il aurait fallu concentrer cette histoire pourtant déjà guère épaisse et l'on aurait préféré profiter du talent de portraitiste de l'auteur pour s'attarder sur les personnages de la frangine et du journaliste.
Mais surtout que cela ne vous empêche pas de découvrir cet auteur remarquable qui nous apporte un peu d'originalité dans le rayon polars. Peut-être d'ailleurs faudrait-il commencer par cet épisode-ci, plus facile à lire, plus accessible, et enchaîner sur Belém ensuite.

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