16/06/2018
Je suis un guépard, de Philippe Hauret
Une chronique de Cassiopée
Voici un excellent roman noir sociétal avec des personnages comme on peut en croiser au détour d’une rue. On rencontre, en tout premier lieu, Lino, un homme simple. Il vit de peu et rêve en secret de devenir écrivain. Il est assez solitaire et ceux qui le côtoient le connaissent peu mais ne le trouvent pas désagréable pour autant. Dison qu’il s’accommodent les uns des autres. Sa vie suit un long fleuve tranquille, morne et sans fantaisie jusqu’au jour où une jeune femme sans domicile fixe se réfugie dans son immeuble, qui plus est, sur son palier ! « Chacun chez soi » et « Chacun ses choix » se dit Lino qui ne veut pas être dérangé dans sa routine, fut-elle maussade. Mais cette fille sur le paillasson d’â côté, ça le titille et il finit par lui parler et alors, n’écoutant que son cœur, il lui ouvre sa porte. S’en suit alors une relation tour à tour porteuse d’espérance, perturbatrice, déstabilisante, heureuse mais pas vraiment stable et le cours du fleuve devient tumultueux .…. Ces deux-là sont-ils faits pour s’entendre, se comprendre, s’écouter, s’accompagner, s’aimer ? Sont-ils prêts à abandonner une part de leurs rêves pour se lancer dans une aventure commune ? Quel poids, quelle influence le passé de chacun peut-il en avoir sur leur avenir commun ?
Jessica, elle, vit de rien ou de presque rien. Elle s’est parfois trompée en ne donnant pas sa confiance aux bonnes personnes … Mais elle avance cahin caha, de ci, de là (comme dans la chanson), surtout sans contrainte, parce que ça, elle n’en veut pas… Est-elle en mesure de se poser, de s’investir dans un travail fixe et de vivre « rangée des voitures » ? C’est toute cette ambivalence que nous présente l’auteur. L’envie de vivre dans la normalité et en parallèle, ce besoin de liberté qui vous colle à la peau malgré les risques encourus. L’argent facile à gagner pour ceux qui réussissent et si dur à accumuler (pour un mini plaisir) pour les autres…. Comment ne pas souffrir devant ce qui peut ressembler à de l’injustice ? Comment ne pas être révoltés ?
Avec une écriture affinée, parfois poétique lors des descriptions physiques ou morales de certains protagonistes, l’auteur nous fait pénétrer l’air de rien, dans le monde des petites gens, de ceux que l’on aurait tendance à oublier, tant ils peuvent paraître transparents … jusqu’au jour où ….par le biais d’une coïncidence, d’une rencontre, leur quotidien change, prend un virage, bascule ….. Parfois, ils le maîtrisent mais bien souvent, ils leur échappent et ces hommes et femmes s’inscrivent alors dans le schéma d’une vie cabossée par les événements où tout peut arriver… le meilleur comme le pire….
Ce livre se lit comme on regarde un reportage sur notre société, il est vivant, profond, abordable et parle autant à la tête qu’au cœur…..
NB : Régulièrement, au fil des pages, des titres musicaux sont évoqués…. N’hésitez pas, ils donnent corps au livre…. (Ah Arthur H…) Et il y a des films également …..
Je suis un guépard
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (Mai 2018)
ISBN 978-2-37722-037-3
216 pages
Quatrième de couverture
Le jour, Lino, employé anonyme d’une grosse boîte, trime sans passion au 37e étage d’une tour parisienne. La nuit, dans son studio miteux, il cogite, désespère, noircit des pages blanches et se rêve écrivain… Un peu plus loin, Jessica arpente les rues, fait la manche et lutte chaque jour pour survivre. Deux âmes perdues qui ne vont pas tarder à se télescoper et tenter de s’apprivoiser, entre désir, scrupule, débrouille et désillusion…
06:03 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : je suis un guépard, philippe hauret | Facebook | |