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26/03/2012

Lily en eaux troubles, de Zolma (chronique 3)

 lilyeneauxtroubles.jpgUne chronique d'oncle Paul.

Malgré les conclusions des gendarmes, Cécile Vuillet ne peut et veut pas croire que son mari Thierry s’est suicidé par pendaison. Tout allait bien, il avait fondé son laboratoire d’analyse avec un ami, une entreprise en plein développement, leur mariage ne connaissait pas de heurts et ils avaient une petite fille. Un bonheur professionnel et familial qui ne justifiait en rien son acte. Et s’il ne s’agit pas d’un suicide, il ne reste qu’une autre présomption : le meurtre.

Comme elle se rend compte que les gendarmes campent sur leur position, Cécile décide de s’adresser à un détective privé. Pas question d’adresser dans une officine de la région avignonnaise mais plutôt à quelqu’un qui n’est pas de la région. C’est ainsi qu’elle contacte Lily Verdine, et que notre détective préférée (voir les épisodes précédents) est amenée à prendre le train. Puis le taureau par les cornes, lorsque son jugement sera établi. Au début Lily abonde dans le sens des représentants de la maréchaussée. Surtout quand l’adjudant Poirier de la brigade de Bollène, où Thierry a été retrouvé la tête dans un nœud coulant attaché à la poutre maitresse d’un cabanon délabré, quand l’adjudant disais-je révèle que sur le fauteuil passager de la voiture du défunt avait été retrouvées des photos compromettantes représentant le chef d’entreprise en compagnie d’une prostituée de luxe, ainsi qu’une lettre anonyme réclamant une forte somme d’argent. Sans oublier que Thierry avait souscrit peu de temps auparavant une assurance-vie. Or le suicide rendant caduc l’assurance contractée, pour le gendarme il ne fait guère de doute que si Cécile s’entête dans sa version du crime, c’est bien pour toucher le pactole.

Thierry avait créé son laboratoire d’analyse avec un ami, Werner Ruiz ancien condisciple et collègue. Touts deux étaient chimistes de formation mais depuis, si Werner s’occupait de la paperasserie, de la comptabilité et de la recherche de clients, Thierry avait gardé son rôle de chimiste. La société avait prospéré et s’avérait viable, avec des espérances d’extension. Lily commence toutefois à douter de ce suicide qui ne lui parait plus aussi catholique qu’il y parait.

La péripatéticienne de luxe, Marina, qui avait été entendue dans les locaux de la gendarmerie a disparu et Lily enquête auprès de Ludmilla, une prostituée qui officie au bord de la route dans un camion aménagé en chambre d’amour, amie de Marina et en provenance elle aussi d’un pays balte. Mais la relation entre Marina et Thierry n’aurait été que fortuite. Ce qui n’est pas fortuit, c’est la découverte peu après du corps de Ludmilla dans le Rhône, à la pointe d’une île. Lily, qui prend son travail à cœur, embauche ses deux amis, Phil ancien repris de justice reconverti comme cafetier, et Victor toubib à la retraite qui de temps à autre soigne des filles de joie atteintes de maladies du travail. Les deux hommes ne se font pas prier ne sachant pas quels tourments les attendent, surtout Victor. Lily continuant son exploration du passé de Thierry va rencontrer des personnages qu’elle puisera dans son filet : une stagiaire repartie chez elle à Montpellier car Werner ne pouvait, selon lui la garder alors que Thierry entrevoyait pour elle d’autres possibilités ; le vieux vagabond qui a découvert le corps de Ludmilla dans son chalut, vivant dans une cahutte rafistolée de toute place et le visage couvert de bubons. Comme il ne mange que du poisson pêché dans le fleuve, peut-être est-il atteint d’allergie.

Lily, bêtement ou non, le reste de l’histoire nous le dira, est attirée par Werner, lequel n’est pas insensible non plus à ses charmes. Mais je ne m’étendrai pas plus sur le sujet, la vie privée de Lily ne nous regardant pas. Quoique…

L’intérêt de ce roman ne réside pas dans l’intrigue et la recherche du coupable, ou présumé tel, car le lecteur habitué aux romans policiers se fera bien avant l’épilogue sa propre opinion sur l’identité du meurtrier de Thierry Vuillet. Car il ne fait plus aucun doute que meurtre il y a eu. Non, l’intérêt réside dans les à-côtés, dans la description des personnages, dans leurs relations et surtout dans l’élément déclencheur. Certes tout le monde sait que le Rhône est pollué, que les poissons sont inconsommables recelant toutes sortes de produits chimiques dans leurs entrailles et dans leur chair. L’élément prépondérant de ce roman réside dans l’écriture de Zolma, dans la verve, dans l’humour sous-jacent, dans le support même de l’intrigue qui nous entraîne vers des dérives chimiques, mafieuses, dans un univers régit par l’argent et l’appât du gain. Sous des dehors allègres (pas comme l’ancien ministre), enjoués, presque superficiels, c’est bien un problème de société qui est traité avec une certaine pudeur, celle qui cache la révolte, la colère de ceux qui ne peuvent rien contre les déviations mais ne sont pas pour autant bâillonnés.

Paul (Les lectures de l'oncle Paul)

Deux autres chroniques ont été publiées sur ce roman :
- celle de Christine
- celle de Jacques

Lily en eaux troubles.
ZOLMA
Polar Jigal. Editions Jigal.
216 pages.
16€.

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